Columbo : l’inspecteur n’a pas pris une ride

Quand il débarque au début des années 1970 dans son imper fripé, au volant de sa vieille Peugeot, personne n’imagine que Columbo marquera l’histoire de la télévision.

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Inspecteur Columbo, ce sont 69 épisodes étalés sur 35 ans.
Inspecteur Columbo, ce sont 69 épisodes étalés sur 35 ans. © Photo12.com - Collection Cinema / Photo12 via AFP

Temps de lecture : 4 min

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Son cigare, son éternel imperméable froissé, sa Peugeot brinquebalante, son chien basset hound neurasthénique, ses sempiternelles répliques (« ma femme me dit toujours… », « j'allais oublier… »), son regard en coin, perplexe, acéré ou rieur, mais aussi son intelligence aiguë, une perspicacité presque irréelle et surtout une incroyable persévérance… Quelques mots, et toute personne ayant allumé au moins une fois la télévision ces cinquante dernières années reconnaît immédiatement l'inspecteur Columbo.
Paradoxe remarquable : celui qui est, encore aujourd'hui, l'un des policiers de fiction les plus célèbres au monde est également l'un de ceux qui ressemblent le moins à la figure traditionnelle du héros enquêteur des forces de l'ordre. Une nouvelle édition intégrale en 22 Blu-ray, établie à partir de masters restaurés, vient de paraître chez l'Atelier d'images, occasion idéale pour redécouvrir ou faire découvrir ce véritable monument.

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Columbo, inspecteur pas comme les autres

Tout au long des 69 épisodes (d'une heure et demie environ), étalés sur 35 ans (de 1968 à 2003), une chose n'a pas changé et distingue Columbo des autres séries policières : l'identité et le mobile du meurtrier ne font aucun doute, à aucun moment. Ils sont révélés dès les premières minutes. Tout le sel sera de voir l'inspecteur Columbo à l'œuvre : comment il aura l'intuition de la vérité, comment il jettera son dévolu sur le coupable, et comment il le contraindra finalement à tomber le masque, en général à l'occasion de duels psychologiques savoureux.

À LIRE AUSSI « A Friend of the Family », « Pamela Rose », « Lawmen : Bass Reeves », « Yellowstone » : quelles séries regarder ce week-end ? Ces criminels, invariablement, ce sont des « puissants », des membres de la haute société de la côte ouest américaine. Stars du cinéma ou de la chanson, dirigeants ou chefs d'entreprise, riches psychiatres ou auteurs à succès, ils se croient rendus intouchables par leur statut et, la plupart du temps, c'est leur excès de confiance qui les conduit à leur perte. Ils sont interprétés par des stars du petit ou du grand écran : Patrick McGoohan (Le Prisonnier), John Cassavetes, Ben Gazzara, Faye Dunaway, Donald Pleasance, Martin Landau, Johnny Cash, William Shatner, Robert Conrad… La liste donne le tournis.

Face à eux, une mouche du coche qui refuse de les laisser en paix. Un inspecteur de la police de Los Angeles, d'apparence modeste, qui surjoue souvent la naïveté, aime le chili con carne plutôt que le champagne et les petits fours, pose des questions a priori idiotes ou évidentes, mais insiste tellement que la vérité se fait jour, accouchée à la manière socratique. Frank Columbo est un quidam, voire un « homme du peuple », propulsé dans l'univers des soaps américains, avec leur lot de crimes passionnels, de vengeances meurtrières, de rivalités sanglantes, et qui n'accepte pas que ces gens puissent s'en tirer à bon compte.

Peter Falk, star parmi les policiers de fiction

Mais Frank Columbo, c'est aussi, et surtout, Peter Falk. Sa silhouette est indissociable du personnage, au point qu'on en oublie que l'inspecteur a été incarné par d'autres acteurs (notamment au théâtre, comme Pascal Brunner ou Martin Lamotte en France). Dire que Peter Falk serait « l'homme d'un seul rôle », cela serait pourtant inexact : il suffit de se rappeler ses performances au cinéma, chez Cassavetes (Husbands, Une femme sous influence) ou Wim Wenders (Les Ailes du désir).

Dès les premiers épisodes de la série, Peter Falk marque d'une empreinte indélébile un personnage qui, sans lui, était conçu comme un second rôle effacé face à un défilé de guest stars prestigieuses. C'est lui qui impose le fameux imperméable, cisèle les répliques et les mimiques qui deviendront l'ADN du policier. Il s'entoure de ses amis acteurs, avec qui il improvise scènes et dialogues, de son épouse, qu'il fait jouer dans plusieurs épisodes. Il en réalise lui-même un, accumule les récompenses, Emmy Awards et Golden Globes… Personne n'imagine Columbo sous d'autres traits ; Peter Falk l'incarnera – avec certes une pause de 1978 à 1989 – jusqu'à ses 76 ans.

À LIRE AUSSI Nos six séries à surveiller de près en décembreEn France, la série est rediffusée pratiquement sans discontinuer, et demeure aussi populaire aujourd'hui qu'il y a trente ans. En termes de succès public et d'inscription dans l'inconscient collectif, Columbo est un cas presque unique. Et si la série le doit à une qualité d'écriture souvent remarquable, ainsi qu'à une production soignée – quelques réalisateurs bien connus y ont fait leurs premières armes, comme Jonathan Demme (Le Silence des agneaux) ou Steven Spielberg –, elle n'aurait certainement pas la même saveur sans son acteur principal d'exception.

Une nouvelle édition physique, intégrale et restaurée

Le coffret édité par L'Atelier d'images, sorti ce 5 décembre, comprend 22 Blu-ray qui reprennent l'intégralité des épisodes de la série, à partir de masters restaurés, en version originale sous-titrée ou en version française (pour retrouver la voix si familière du doubleur Serge Sauvion), mais aussi des bonus. Outre l'indispensable guide des épisodes agrémenté de textes inédits, deux programmes passionnants permettent de parfaire sa culture sériephilique : la genèse et les coulisses racontées avec moult détails et anecdotes par Romain Nigita et Alain Carrazé (aka la mémoire vivante des séries télé), ainsi qu'un focus sur les acteurs récurrents dans la série proposée par l'excellente vidéaste @Meeea.

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Commentaires (6)

  • Alain (Paris)

    @fab183864
    "lieutenant" dans la version doublée pour la France.

    Mais "inspecteur" dans les traductions d'autres pays, en Allemagne par exemple.

    Quant aux versions originales, les deux appellations ont existé selon l'époque, il me semble.

  • fab18384

    ... Pas inspecteur.

  • George2020

    Effectivement, on ne s’en lasse jamais !