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C'est un article de Varietyqui met les pieds dans le (super) plat : la célèbre gazette hollywoodienne rappelle qu'après Mickey Mouse, plusieurs autres figures majeures de la pop culture américaine seront bientôt libres de tout copyright. Certes, pas avant une dizaine d'années, mais l'enjeu autour de ces propriétés intellectuelles est tel que leurs ayants droit affûtent déjà leurs lames pour les protéger coûte que coûte. En 2034 et 2035, Superman (marque déposée en 1938) et Batman (en 1939) tomberont ainsi respectivement dans le domaine public.
Ils seront suivis en 2036 du Joker et en 2037 de Wonder Woman. En clair : à partir de ces dates, n'importe quel producteur de films et séries, ou tout éditeur de comic book pourra proposer des adaptations de ces super-héros à toutes les sauces, sans demander la permission à leur actuel propriétaire, DC Comics, ni lui reverser un centime. Ou presque…
Comme le rappelle Variety, au début de cette nouvelle ère, tout ne sera quand même pas permis : la loi stipule que seules les versions précoces des justiciers, tels qu'ils sont apparus dans les premières pages de leurs aventures, pourront être reproduites par les chasseurs de bons filons. Comme le rappelle l'auteur de comics et expert de Batman, Chris Sims, cité par nos confrères, il sera possible de décliner Superman mais pas d'évoquer la kryptonite – le minerai provenant de la planète Krypton et dont les radiations terrassent l'homme d'acier, un concept apparu seulement à partir de 1941 dans le feuilleton radiophonique.
Enjeu colossal
De même, dans ses comics d'origine, Superman ne volait pas mais se contentait de sauter par-dessus les gratte-ciel. Son pouvoir d'Icare date aussi des années radio. Quant à Batman, il ne pourra être immédiatement associé à Robin, créé dès 1940. Mais, l'un après l'autre, tous ces verrous finiront par sauter. Pour DC Comics et sa maison mère, le groupe Warner Bros. Entertainment (filiale de la multinationale Warner Bros. Discovery), responsable de tous les blockbusters et séries récents et à venir autour des justiciers de l'écurie DC, l'enjeu est colossal, tant ces licences et leurs produits dérivés sont au cœur de leur chiffre d'affaires. Superman Legacy, prochain long métrage et énième reboot au cinéma du mythique protecteur de la Terre, est notamment attendu pour 2025. Il sera le point de départ d'un renouvellement complet au grand écran des héros DC.
Une parade bien connue des éditeurs de comics pour se prémunir du péril du copyright est ainsi de réactualiser régulièrement leurs créations, repoussant d'aussi longtemps tout risque de plagiat. Un juriste cité par Variety rappelle qu'aux yeux du grand public, c'est le Superman contemporain qui compte et motive le déplacement en salle, pas la version vieillotte des origines à laquelle auront accès les « copistes » en 2034. Un réflexe qui offre encore un certain degré de protection à l'icône, tout comme le fait que les foules pourraient toujours préférer les créations venues de chez l'original Warner/DC à toutes les variations débitées par des concurrents opportunistes, jugées instinctivement de moins bonne qualité.
Une autre contre-attaque pour écarter toute confusion possible entre les originaux et les « contrefaçons » réside dans le dépôt des slogans liés depuis toujours à Superman et Batman, comme « l’Homme d’acier » ou « le Chevalier noir », ainsi que leurs logos respectifs. Autant d’obstacles qui contraindront les nouveaux entrants sur le marché à redoubler d’imagination pour inventer leurs propres versions des superjusticiers DC, mais ils ne seront pas découragés pour autant. La décennie 2030 verra donc s’envoler, sans aucun doute, de nombreuses variations de Superman & Co sur les écrans et dans les pages des comics, dans tous les genres possibles. À moins que, d’ici là, les foules ne soient lassées pour de bon des surhommes en collants.