« Sam » : la série de TF1 change encore d'actrice principale

CE SOIR À LA TÉLÉ. Hélène de Fougerolles remplace Natacha Lindinger dans le rôle-titre de la série dont la saison 7 débute ce 8 janvier. Un pari osé en France, où les changements de casting sont risqués.

Par Katia De la Ballina

Hélène de Fougerolles devient Sam pour TF1 après Mathilde Seigner et Natacha Lindinger. 
Hélène de Fougerolles devient Sam pour TF1 après Mathilde Seigner et Natacha Lindinger.  © TF1

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« Xavier, les gens changent… » Ainsi Sam, la prof de lettres déjantée, interpelle-t-elle son meilleur ami dans la saison 7 de la série éponyme de TF1, qui fait sa rentrée des classes ce lundi 8 janvier après deux ans d'absence. Elle-même n'a d'ailleurs plus du tout la même tête. Et pour cause : après le départ pour d'autres aventures sérielles de Natacha Lindinger, sa brune interprète depuis la saison 2, c'est la blonde Hélène de Fougerolles qui a repris le rôle-titre et enfilé l'iconique blouson en cuir rouge de la volcanique enseignante.

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Ce « recasting », selon le terme consacré, est le deuxième pour la comédie de la Une, dont l'héroïne principale a d'abord été interprétée par Mathilde Seigner (actuellement au théâtre avec sa sœur Emmanuelle) dans les premiers épisodes. Il est d'autant plus remarquable que la pratique, courante aux États-Unis, est plus rare en France. Sans doute parce qu'elle doit répondre à de multiples exigences et peut se révéler un brin risquée, le public n'adhérant pas toujours à ces changements de comédiens. Explications.

Ces personnages qui ont « changé de tête »

Outre-Atlantique, qu'importe l'acteur pourvu qu'on ait le héros, surtout dans Les Feux de l'amour, Santa Barbara et autres soaps. Un comédien souhaite vérifier si l'herbe scénaristique est plus verte ailleurs ? La production veut s'en séparer pour cause de « différends inconciliables » avec ses partenaires ? Pas question pour autant (en tout cas, pas toujours) d'envoyer son personnage ad patres. Il est tout simplement remplacé par un autre acteur. Le changement est alors signalé par une voix off en début d'épisode. Radical mais efficace : les téléspectateurs américains s'accommodent aisément de ces trompeuses apparences, invoquées dans les soaps depuis leur création…

Et si l'on veut ménager le téléspectateur, on peut encore imaginer un rebondissement exigeant une opération de chirurgie esthétique. Comme ce fut le cas pour Steven Carrington dans Dynastie qui, après une terrible explosion sur une plateforme pétrolière, passait sur le billard pour revenir « transformé », passant ainsi d'Al Corley à Jack Coleman.

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Les fans de feuilletons français se laissent, eux, plus difficilement amadouer. Ils ont ainsi même signé une pétition quand, en 2013, Jérôme Bertin a remplacé Franck Semonin dans la peau de Patrick Nebout, le policier de Plus belle la vie (qui reprend ce lundi sur TF1). En 2019, la nouvelle tête de la prof de maths Coralie Blain (d'abord interprétée par Sara Mortensen, partie pour Astrid et Raphaëlle, puis par Coralie Audret), ne les a pas plus convaincus, au point que les scénaristes ont décidé de « tuer » l'héroïne au bout de quelques mois.

Les auteurs y réfléchissent donc à deux fois avant de recourir à ce stratagème : « On préfère se passer de recaster un rôle car il y a toujours un risque vis-à-vis du public, explique Isabelle Regourd, productrice artistique de Demain nous appartient (DNA). Certains interprètes sont en effet plus forts que leurs personnages. » N'empêche ! Nécessité fait loi, surtout dans un feuilleton qui dure depuis des années. « On n'a pas de date de fin, donc il est inévitable que le casting tourne, comme dans une troupe de théâtre, abonde Théophile Clément, le producteur de DNA, à qui revient la tâche de choisir, le cas échéant, des remplaçants chevronnés : Ils ont un double challenge : suivre le rythme de travail d'une quotidienne et faire oublier leurs prédécesseurs. »

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Touche pas à mon héros

Mais les fictions quotidiennes ne sont pas les seules affectées par les désirs d'ailleurs (et les caprices de divas) de leurs stars. Les séries d'access ou de prime time doivent aussi parfois pallier le départ d'un des membres de leur casting et leur trouver de nouvelles incarnations. Aux États-Unis, des années 1980 aux années 2000, les producteurs ont ainsi changé de visage Ellie Ewing dans Dallas (pendant une seule saison, Donna Reed a remplacé Barbara Bel Geddes), Tante Vivian dans Le Prince de Bel air… sans que cela n'impacte réellement les audiences.

Plus récemment, Game of Thrones a même envoyé trois comédiens gravir le personnage de La Montagne et aujourd'hui, c'est The Witcher, précédemment incarné par Henry Cavill, qui s'apprête à se réveiller dans le corps de… Liam Hemsworth dans la prochaine saison de la série de Netflix. Les fans du sorceleur se laisseront-ils ensorceler ? Le recast concernant cette fois le personnage principal, la question mérite d'être posée. Elle est particulièrement épineuse en France, où les sériesphiles se montrent très sévères quand on touche à leur héros. En témoignent quelques échecs cuisants.

Clara Sheller, dont les premières aventures avaient séduit 5,7 millions d'amateurs en 2005, en avait ainsi perdu deux millions lors de son retour en 2008. En cause, des intrigues trop osées mais aussi et surtout le changement total de l'ensemble de la distribution entre les deux saisons, Zoé Félix, Patrick Mille et François Vincentelli ayant remplacé Mélanie Doutey, Frédéric Diefenthal et Thierry Neuvic. Résultat : la série s'est vue annulée. Mêmes audiences en demi-teinte et même sentence pour le nouveau Caïn, campé par Julien Baumgartner, dont la carrière s'est achevée en saison 8, deux ans après le départ de Bruno Debrandt dans le rôle-titre…

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Sam, l'exception française

De quoi refroidir les velléités des chaînes tentées de poursuivre l'aventure malgré la défection de leur star. C'est pourtant le défi qu'ont deux fois relevé les créateurs de Sam. Un pari d'autant plus osé que la fiction porte le nom de son héroïne : « En général, on évite de baptiser une série comme son personnage pour ne pas se retrouver dans une situation impossible si l'acteur ou l'actrice décide de partir », explique Aline Panel, la productrice. Et de poursuivre : « Mais notre touche, c'est d'être character driven. Ce n'est pas une série sur l'école mais sur un personnage, qui se trouve être prof. On s'est donc posé beaucoup de questions quand le problème s'est présenté. On a par exemple réfléchi à créer une collection avec, pour chaque saison, un nouvel enseignant avec d'autres caractéristiques. »

Mais la Une comme la production croient à cette héroïne singulière qui assume ses cinquante ans et sa féminité : « C'est ce personnage qui fait l'originalité de la série. Alors, avec TF1, on a décidé de se faire confiance et de continuer avec la même formule… La première fois, c'était un saut dans le vide. La seconde, c'est plus facile à assumer… » Et d'imposer la série comme une « marque » qui peut accueillir successivement plusieurs interprètes : « Notre référence, c'est James Bond, s'amuse-t-elle. Le rôle prime sur l'actrice. D'ailleurs, on a écrit la saison 7 avant de trouver la remplaçante de Natacha Lindinger. »

La productrice a misé sur Hélène de Fougerolles, au physique diamétralement opposé à celle qui l'a précédée : « J'avais peur de la comparaison et je ne voulais donc pas qu'elles se ressemblent. Hélène m'a convaincue par sa sensibilité, qui complète la couleur de Sam, et par la qualité de son jeu. » Car l'un des critères de choix, c'est la capacité de la comédienne à se glisser dans les chaussures d'une autre. Une tâche loin d'être aisée : « Ce n'était pas évident pour moi de rentrer dans un personnage qui existait déjà, qui avait sa façon d'être, de s'exprimer, de marcher, reconnaît Hélène de Fougerolles, « fière » d'avoir réussi le casting pour décrocher le rôle. J'ai galéré pendant trois semaines. Je ne pensais pas que ce serait si dur. » Le jeu en valait la chandelle : l'actrice se révèle convaincante en prof rebelle et attachante. Reste à savoir si ça suffira…

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