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Elles forment l'un des duos les plus attachants du petit écran. Et l'un des plus performants. Car Astrid et Raphaëlle, les héroïnes de la série éponyme de France 2, n'excellent pas seulement à élucider les casse-tête policiers, façon Sherlock Holmes, tricotés par des scénaristes futés. La criminaliste atteinte de troubles autistiques (Sara Mortensen, découverte dans le feuilleton Plus belle la vie bientôt de retour sur TF1), et la flic explosive (Lola Dewaere), liées par une touchante amitié, affichent aussi un taux de réussite insolent quand il s'agit de capturer l'audience d'un public volatile de plus en plus sollicité.
Le quatrième chapitre de leurs enquêtes, qui s'est ouvert le 10 novembre dernier, a ainsi rassemblé plus de 5 millions de fans, sans compter ceux qui rattraperont ce retour événement en replay. Un score qui les place très loin devant la concurrence (3,2 millions pour les NRJ Music Awards sur TF1) et leur vaut d'accrocher une nouvelle médaille à leur palmarès remarquable à plus d'un titre.
Car depuis leur première apparition en 2019 dans un épisode pilote convaincant, les deux enquêtrices n'ont cessé de gagner fidèles et parts de marché, là où les audiences de leurs homologues sériels ont tendance à s'éroder au fil du temps. Diffusée en 2020 en plein confinement, la première saison d'Astrid et Raphaëlle avait diverti quelque 5,2 millions de téléspectateurs. Ils étaient 5,4 millions et 22,7 % PDA devant la seconde, programmée en 2021. Quant à la troisième session, elle a passionné l'an dernier quelque 5,8 millions d'accros (pour 28,7 % de PDA), hissant la fiction à la 6e place du classement des séries françaises les plus regardées dans l'Hexagone.
Un succès qui ne se limite pas à la France. La série a été vendue dans plus de 80 pays, parmi lesquels l'Espagne, le Royaume-Uni, la Russie ou encore le Japon. Et à l'instar de HPI, autre championne hexagonale à l'export, la comédie policière de France 2 devrait avoir droit à la reconnaissance ultime, à savoir une version américaine, les droits de remake ayant été cédés en 2022.
Astrid et Raphaëlle : mystères, humour et boules de gomme
Le secret de cette belle réussite ? Jean-Sébastien Bouilloux, le producteur d'Astrid et Raphaëlle, le résume en deux mots : universalité et originalité. La série s'inscrit en effet dans un genre unanimement apprécié en France comme à l'étranger, le polar. Elle le décline au fil d'intrigues à énigmes (et à tiroirs) très bien ficelées, conçues comme les puzzles logiques que la brillante criminaliste affectionne depuis l'enfance : chaque pièce s'imbrique dans l'autre jusqu'à la résolution… élémentaire ! « Pour rivaliser avec l'intellect d'Astrid, il faut frôler le crime parfait. À chaque épisode, on essaie de trouver un nouveau meurtre apparemment inexplicable », s'amuse Alexandre de Seguins, le créateur et scénariste de la fiction, qui en revendique la dimension ludique.
L'humour est d'ailleurs omniprésent dans cette comédie policière, qui mélange les styles et les univers avec brio. C'est d'ailleurs là que réside sa spécificité. En 4 saisons et 25 épisodes truffés de clins d'œil à la culture populaire, Astrid et Raphaëlle se sont frottés à des vampires, extraterrestres, fantômes (ou presque) lors d'enquêtes sinon surnaturelles, du moins flirtant malicieusement avec le genre fantastique et le « slasher » (un genre centré sur les actes de serial killers).
Certains opus regardent aussi du côté des films d'espionnage tandis que d'autres se déroulent en huis clos, rendant hommage aux fameux mystères de la chambre close imaginés par Agatha Christie ou Gaston Leroux. Tous ménagent une espace à la romance, les amours des héroïnes butant sur leurs doutes et leurs insécurités dans la plus pure tradition des comédies sentimentales. Des références assumées par Alexandre de Seguins : « En s'amusant avec ces codes communs, on a créé une complicité, une connivence avec les téléspectateurs. »
Lesquels peuvent aussi (re)découvrir Paris, où la fiction est majoritairement tournée. Depuis l'enquête dans les arcanes du Muséum d'histoire naturelle en saison 1, « qui a ancré l'esthétique de la série » selon le créateur, jusqu'à celles menées dans les Catacombes, le musée de la Magie ou encore la Maison de la radio, la fiction a visité les sites les plus emblématiques, voire exotiques, de la capitale : « Montrer Paris contribue sans doute à rendre la série populaire à l'international », analyse Jean-Sébastien Bouilloux, à qui revient la lourde tâche de faire rentrer ces tournages onéreux dans le budget d'une fiction de prime time à France Télévisions. « Tout est question d'équilibre. À côté de ces épisodes très chers, on essaie d'imaginer des épisodes qui se déroulent dans un lieu unique », explique-t-il.
Astrid et Raphaëlle : un bel éloge de la différence
Au-delà de cette architecture, la principale qualité de la fiction reste la relation entre ses deux héroïnes, bel éloge de la tolérance. Raphaëlle, rétive aux règles et à l'autorité, ne saurait être plus différente d'Astrid, dont la survie émotionnelle et la santé mentale dépendent du strict respect de rituels. La première fonctionne à l'affectif, tandis que la seconde peine à communiquer, dénuée de tout filtre ou aptitude sociale. Et pourtant, au fil des épisodes, la policière est devenue le « dé à coudre » protecteur de la criminaliste, qui s'est à son tour révélée une « boussole » précieuse pour son amie.
Une histoire qui s'incarne grâce à la complicité de deux interprètes inspirées. Dans la peau de la criminaliste asperger, Sarah Mortensen signe une performance épatante sur un sujet délicat, objet de beaucoup de fantasmes. Quant à Lola Dewaere, très charismatique, elle a trouvé dans son alter ego volcanique un rôle à la mesure de sa générosité. Un tremplin pour la comédienne qui a décroché le rôle-titre dans la prochaine série de TF1, Mademoiselle Holmes. De quoi la pousser à abandonner Astrid et Raphaëlle ? Il paraît difficile de concilier dans un même emploi du temps deux séries aussi chronophages. Une chose est en revanche actée : la série de France 2 aura droit à une cinquième saison, déjà en tournage. Mieux : les fans pourront bientôt apprécier un épisode spécial, dans lequel les deux enquêtrices collaborent avec Alexandra Ehle, l'héroïne de la série policière de France 3 incarnée par Julie Depardieu…
Autant le jeu de Marleau est loud et vulgaire, autant ce duo est fin et remarquable. Ça se regarde avec plaisir,
Sara Mortensen est une excellente actrice et Lola Dewaere tient bien la route. J’espère que ça va perdurer !
@BARONDEDAMAS. Peut-être, mais ce n’est pas le même public. Aucune vulgarité dans Astrid et Raphaëlle. Et des sujets qui font réfléchir tout en distrayant. Pas de pseudo-message lourdement asséné, de leçons bien-pensantes. J’ai dû regarder une fois Marleau, la dame aux tampons usagés, et même pas jusqu’au bout. Une fois de trop.
Beaucoup de plaisir à voir cette série qui a aussi le mérite de relever le niveau par rapport à d’autres, qui de plus en plus, considèrent le spectateur comme dénué de neurones (Marleau, nouvelle version des petits meurtres, la nouvelle série avec Muriel Robin, …)