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Comment passer après les monstres sacrés Alain Delon et Maurice Ronet de Plein Soleil ? Ou encore Matt Damon et Jude Law dans Le Talentueux Mr. Ripley ? C'est le défi que s'est donné Steven Zaillian (scénariste de The Irishman et Gangs of New York) en adaptant l'œuvre de Patricia Highsmith en série. Sobrement intitulée Ripley, la saga nous dévoile l'aventure italienne d'un escroc qui va tenter d'usurper la vie d'un homme qu'il envie passionnément.
Nous quittons le soleil noir de la côte amalfitaine pour arriver aux confins des paysages désertiques norvégiens avec Saving the Fucking Planet, une série finaude sur une romance impossible à l'ère du combat climatique. Un monde bien différent s'ouvre à nous avec Ourika : la saga très attendue cocréée par le rappeur Booba. Elle raconte, avec réalisme, le combat entre une famille de dealers d'une banlieue parisienne et un jeune policier ambitieux, cherchant à tous les traquer. Enfin, Family Business aborde le commerce de la drogue en famille sous un prisme humoristique : le fils du boucher, un branquignol notoire (l'hilarant Jonathan Cohen), décide de transformer la boucherie familiale en « beuhcherie ».
« Ripley » : un loup à visage humain
Adaptée des cinq romans de Patricia Highsmith, la série s'attache à dévoiler toutes les facettes de l'imposteur Tom Ripley, personnage déjà magistralement incarné par Alain Delon dans le film Plein Soleil de René Clément. Cette fois-ci, c'est Andrew Scott, la star montante de Fleabag, qui endosse le rôle de cet escroc new-yorkais chargé de ramener chez lui l'héritier d'une famille richissime se prélassant en Italie. Dans un noir et blanc épuré (mais peu justifié), la saga montre l'obsession grimpante de Tom Ripley pour Dickie Greenleaf : ce fils de bonne famille, plus beau, plus riche, plus cultivé que lui, refusant de rentrer à New York et de mener une vie sérieuse.
Se prêtant moyennement au format sériel, cette adaptation a néanmoins le mérite de montrer un profil plus intime du talentueux Mr Ripley (nom donné au film adapté d'Anthony Minghella), qui va s'enliser dans un engrenage de mensonges, de vols et de meurtres…
Ripley, disponible sur Netflix.
« Saving the Fucking Planet » : amour norvégien contrarié
Dans les fjords norvégiens, près de la Laponie, naît une romance inattendue. Elin, jeune fille extravertie et membre des Sami (peuple autochtone qui élève des rennes) s'éprend de Daniel, un garçon ingénieur qui peine à trouver du travail. Le jour où la mine de cuivre de la région rouvre, c'est une aubaine pour Daniel, mais ce dernier ne se doute pas que son amante milite contre cette mine – à l'impact désastreux sur l'environnement. L'amour entre les deux tourtereaux survivra-t-il à ce conflit idéologique ?
Au-delà d'un Roméo et Juliette contemporain qui évite habilement les clichés, la série dresse le portrait d'une jeunesse qui essaye de se frayer un chemin, dans le monde reclus et contraignant du nord de la Norvège. Mention spéciale à l'acteur qui joue le héros Daniel (acteur très juste au nom impossible : Sigurd Kornelius Lakseide), qui, comme son amante, tente de rester fidèle à ses propres convictions. La BO électronique et insolite est surprenante, mais finit par trouver totalement sa place face à la dimension lunaire de ces paysages polaires. Un dépaysement sentimental au royaume du Père Noël.
Saving the Fucking Planet, disponible sur Arte.tv et YouTube.
« Ourika » : le trafic de stupéfiant, un nerf familial
Ourika est le nom d'une vallée marocaine verdoyante, au bord d'une rivière, surplombant l'Atlas. C'est le nom de cette nouvelle série cocréée par un ponte du rap français, Booba, et un ancien flic, Clément Godart. Le pitch ? La famille Jebli règne dans leur cité sur le trafic de cannabis, jusqu'au jour où un jeune membre ambitieux des stups arrête le chef du gang. Son frère (au passé honnête et au parcours brillant) va devoir reprendre les rênes du business contre sa volonté.
Sur fond des émeutes de 2005, ce polar au synopsis peu original est très crédible grâce à des acteurs bien dirigés et une narration bien orchestrée. La mise en détention du boss de la famille, joué par Salim Kechiouche (vu dans Mektoub My Love) permet de suivre avec délectation le management plus consciencieux et l'évolution, semée d'embûches, de son frère (Adam Bessa vu dans les films Harka et Azuro) pourtant promis à un avenir brillant. Booba quant à lui se fond parfaitement dans le décor, incarnant un bandit charismatique surnommé le Métis, au phrasé court et offensif – à l'image du rappeur qu'il est dans la réalité.
Ourika, disponible sur Prime Video.
Séance de rattrapage
« Family Business » : la drogue a de l'humour
Dans un contexte diamétralement opposé à celui d'Ourika, Igor Gotesman (réalisateur de Five et de la série Fiasco disponible sur Netflix le 30 avril) a sorti en 2019 la série déjantée Family Business. L'histoire d'une famille de bouchers se reconvertissant dans le trafic de cannabis. Au casting, de nombreux comiques, incluant Jonathan Cohen, Gérard Darmon, Liliane Rovère (vue dans Dix pour cent), et Raphaël Quenard.
Tout commence avec Joseph Hazan (Jonathan Cohen), un entrepreneur malchanceux, qui découvre, grâce à une source au ministère, que la marijuana va être légalisée. Il persuade alors sa famille de métamorphoser leur boucherie en coffee shop, afin d'être les premiers à produire de la (pastra)weed – on appréciera le jeu de mots… !
Les admirateurs de Jonathan Cohen seront conquis par ses idées perchées et sa couardise légendaire, Raphaël Quenard, quant à lui, endosse le fils détraqué d'une baronne de la drogue. Mais ce dernier n'apparaît que dans la dernière saison. Un bon divertissement familial abordant le thème de la drogue d'une manière totalement décalée.
Family Business, saisons 1 à 3, disponible sur Netflix.