Une nouvelle armure pour la série « Shogun »

Et aussi : « Pif Gadget », autopsie d’une légende ; une collection pour faire le tour du monde en 80 mots ; « Eureka » : faux western, grand film ; polar : le cocktail explosif de Jérémie Claes…

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Yoshii Toranaga (Hiroyuki Sanada), l'un des héros de Shogun, remis en selle par le remake de la série sur Disney+.
Yoshii Toranaga (Hiroyuki Sanada), l'un des héros de Shogun, remis en selle par le remake de la série sur Disney+.
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Diffusée en France en 1983, la série Shogun avait fait l'effet d'une triple bombe de plaisir, d'exotisme et de culture dans l'imaginaire des petits Français de l'époque. Certains d'entre eux ont grandi mais frissonnent encore en revoyant le générique (musique entraînante de Maurice Jarre), où une lame de sabre reflétait le soleil levant de l'empire du même nom. Dans cette superproduction en dix épisodes tirée du best-seller de James Clavell (le scénariste de La Grande Évasion), Richard Chamberlain, qui portait à merveille, même barbu, le kimono de soie, incarnait le navigateur anglais John Blackthorne, capturé en 1600 sur les côtes du Japon par un Toshiro Mifune impérial dans l'armure du seigneur Toranaga. Sur fond de sanglantes luttes de clans et de domination commerciale exercée avec un cynisme de compétition par les jésuites portugais, Blackthorne nous faisait entrer avec lui, guidé par la troublante interprète Dame Mariko, dans les us, les coutumes et les hautes sphères politiques de ce fascinant pays au sens de l'honneur affûté. Quarante ans après, Shogun revient sur la plateforme Disney+ dans une nouvelle armure magistralement pimpée. Joué en anglais et en japonais, porté par un casting d'exception, ce remake est une réussite. La sensualité des froissements de kimono et les pas prudents sur les tatamis caressent toujours aussi bien l'oreille, les sabres rutilent comme jamais dans des combats parfaitement réglés. Si Cosmo Jarvis n'est pas Richard Chamberlain ni Hiroyuki Sanada (vu dans John Wick) l'acteur fétiche de Kurosawa Toshiro Mifune, ils ne déparent pas dans cette épopée féodale énergique et politique où les samouraïs ne se cachent pas pour mourir § Christophe Ono-Dit-Biot

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« Shogun », sur Disney+.

À lire également : « Shogun », de James Clavell (réédition, Callidor, 656 p., 24 €).

> Beau livre

La légende Pif, suite et fin

C'est un ouvrage colossal, indispensable pour tout nostalgique de la mythique revue. L'Histoire de Pif et son gadget retrace la suite et fin (en 1994) de l'épopée nationale du titre culte édité par L'Humanité. Dans ses grandes heures, au début des années 1970, Pif Gadget s'écoulait à plus de 500 000 exemplaires et révéla à ses jeunes lecteurs les aventures de Rahan, de Docteur Justice ou de Gai-Luron. Abordée en 2003 dans un livre signé Richard Medioni (ex-rédacteur en chef de Pif), cette époque bénie des puristes ne doit pas masquer le bouillonnement permanent que furent les années 1980 et 1990. Ce beau livre saturé de photos (dont celles de 600 gadgets, comme les inoubliables œufs carrés et autres Krapougneux), aborde sans langue de bois les hauts et les bas de la légende. Truffé d'infos et de témoignages, il nous rappelle la créativité graphique de la revue, son impact médiatique (Yannick Noah, Annie Cordy, Stéphane Collaro, Pierre Richard… défilé de stars en couverture) et la galaxie de héros cultes du 9e art qui s'y bousculaient sans cesse § philippe guedj

« L'Histoire de Pif et son gadget. L'aventure des années 1980-1990 », de Sébastien Gérard et Laurent Barraud (Pulse Video, 272 p., 35 €). En vente le 6 mars.

> Le poche

John Fante est de retour

Il s'appelait Arturo, et détestait ce prénom ; il aurait préféré John. Son nom de famille était Bandini : il aurait opté pour Jones. Ses parents étaient italiens, il les aurait voulus américains. Son père était poseur de briques, il l'eût préféré lanceur pour les Chicago Cubs. Ils habitaient Boulder, Colorado ; lui aurait choisi Hollywood, New York… C'était un bandit, Bandini. Un clodo céleste qui incarnait l'Amérique vulgaire de l'après-Grande Dépression. Mégalo, drôle, impulsif, irrésistible, il adorait les chiens, les femmes et la littérature, lisait Nietzsche et London dans les toilettes des hôtels miteux. Expert en banqueroute existentielle, il avait des mots simples d'où giclait la poésie, il s'approchait au plus près de la moelle de la vie. C'était l'alter-héros de John Fante, petit Rital nourri aux spaghettis et aux images pieuses qui voulait devenir quelqu'un au pays des Yankees et qui est devenu un géant dans tous les pays. Il finit alcoolique, aveugle et cul-de-jatte. Il faut lire Rêves de Bunker Hill, que les éditions 10/18 ont le bon goût de rééditer régulièrement, en poche et ebook § marine de tilly

« Rêves de Bunker Hill », de John Fante, traduit de l'anglais (États-Unis) par Brice Matthieussent (10/18, 192 p., 6,90 €, eBook, 9,99 €).

> Cinéma

Faux western, grand film

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« Eureka », une immersion sensorielle dans l’univers des Amérindiens.

Ça commence quelque part dans le Far West, sur une route poussiéreuse, dans un noir et blanc sublime… Murphy (Viggo Mortensen), cow-boy taiseux et as de la gâchette, arrive dans une petite ville boueuse sur laquelle règne sans partage une mystérieuse cavalière, El Coronel (Chiara Mastroianni). On entre dans Eureka – le nouveau film de l'Argentin Lisandro Alonso (Jauja, 2014) – par le western : un western réaliste, dépouillé de tout glamour, mais un western quand même. Bientôt, tout change : nous voici de nos jours, dans la réserve de Pine Ridge (Dakota du Nord) pendant une longue nuit de tempête. Alaina (Alaina Clifford), policière esseulée, et sa nièce Sadie (Sadie Lapointe), coach d'une petite équipe de basket-ball, tentent de survivre à la désolation ambiante, à la misère économique et psychologique qui ronge leur communauté de l'intérieur. Le réalisateur nous guide dans un réseau enchevêtré d'histoires toutes liées à la condition des Amérindiens. On voyage du XIXe siècle à nos jours, du Far West américain aux forêts d'Amazonie. Une épopée poétique, une immersion sensorielle… une grande expérience de cinéma § Florence Colombani

« Eureka ». En salle.

> Collection

Le tour du monde en 80 mots

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Anna Moï.
© ©Philippe MATSAS/opale.photo

Quelle belle idée que cette collection qui pénètre un pays à travers ses mots ! Après l'Inde, l'Afghanistan, la Corée du Sud, le Cambodge et avant la Tunisie à paraître, voici un périple linguistique au Vietnam, où l'on est guidé par l'écrivaine Anna Moï. Son choix éclectique la raconte autant que sa contrée, que l'on découvre par exemple à travers l'adjectif « gauy » (maigre) : « Le terme est péjoratif et entre en résonance avec maladif et pauvre, car la maigreur dénote une insuffisance alimentaire (subie) » ; d'un mot découle ainsi un contexte sociopolitique des plus éclairants. Si elle s'arrête au mot « son mai » (laque), c'est pour faire connaître les tableaux de laque, cette spécificité des artistes vietnamiens. Le livre est fait aussi de souvenirs intimes, telle l'arrivée de cette chienne noire dans la résidence familiale, qui, sachez-le, est présage de bonheur ! Un voyage par les mots qui vient fêter les 50 ans de L'Asiathèque § valérie marin la meslée

« 80 Mots du Vietnam », d'Anna Moï (préface de Marcelino Truong Luc, l'Asiathèque, 192 p., 16,50 €).

> le coin du polar

Chasse à l’homme

Son infiltration d'un groupuscule de suprémacistes blancs a valu au journaliste américain Jacob Dreyfus un deuxième prix Pulitzer. Mais aussi un contrat placé sur sa tête par de dangereux extrémistes. Sa femme est assassinée. Témoin protégé, il est installé en France sous un nom d'emprunt avec son fils, sous la protection d'un garde du corps. Mais dix ans plus tard, les membres de sa famille, avec qui il avait pourtant coupé les ponts, sont pris pour cible, le même jour, à la même heure. Qui a relancé la machine de mort ? Dans ce thriller au rythme fou, on croise Donald Trump et le nazi Josef Mengele, on se balade du Capitole à la Côte d'Azur, on passe du XXIe siècle à la Shoah, on rencontre deuil, colère, violence et tendresse. D'époque en époque, la haine raciale fait boule de neige et les périls se réinventent. Mais on savoure, entre deux montées d'adrénaline, grands crus et bonne chère. L'auteur est caviste, et vous allez adorer son cocktail explosif § élise lepine

« L'Horloger », de Jérémie Claes (Héloïse d'Ormesson, 460 p., 22,90 €).

Les choix du Point

Cinéma

« Dune - Deuxième partie ». Un second volet plus mouvementé que le précédent avec un jeune Paul Atréides (Timothée Chalamet) davantage guerrier et qui s'allie aux nomades fremen pour mener une révolte sur la planète Arrakis. Un space opera de grande classe, traversé d'échos à notre présent sur les périls écologiques et religieux. En salle.

Exposition

« Tina Modotti, l'œil de la révolution ». À propos de Tina Modotti, grande photographe italienne installée au Mexique dans les années 1920, un mot s'impose : révolutionnaire. Le musée du Jeu de paume propose la première grande rétrospective consacrée à cette figure majeure du XXe siècle. Passionnant. Musée du Jeu de Paume, à Paris, jusqu'au 12 mai. www.jeudepaume.org

Série

« Avatar - Le dernier maître de l'air ». Scènes d'action et effets spéciaux époustouflants au menu de ce live action adapté de la série animée à succès des années 2000. L'histoire d'un Avatar de 12 ans (Gordon Comier) doté de pouvoirs surpuissants et qui, après avoir été enfermé cent ans durant dans un iceberg, doit, à sa sortie, apprendre à maîtriser les nations de l'Eau, du Feu, de la Terre et de l'Air. Sur Netflix.

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