« Mercato » : faut-il regarder la nouvelle comédie policière de TF1 ?

CE SOIR À LA TÉLÉ. Portée par Arnaud Ducret et Manon Azem, la série embarque le téléspectateur à Marseille pour des enquêtes qui mêlent humour et action. Pas très subtil, mais divertissant.

Par Katia De la Ballina

« Mercato » : faut-il regarder la nouvelle comédie policière de TF1 ?
« Mercato » : faut-il regarder la nouvelle comédie policière de TF1 ?

Temps de lecture : 4 min

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Personne n'échappe aux diktats de la mode, pas même les faiseurs d'histoires. Nombreux sont donc ceux qui sacrifient aujourd'hui à la tendance sérielle, sortie des placards cathodiques en contrepoint à la sinistrose : la comédie policière, (re)lancée en 2021 par le carton phénoménal y compris à l'international de HPI. Ce sont d'ailleurs les producteurs de la fiction portée par Audrey Fleurot qui sont à la manœuvre dans les coulisses de Mercato, nouvel avatar du genre, à découvrir à partir de ce jeudi 14 mars sur TF1.

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Créée et écrite par Jérémie Marcus (Tandem), cette série en huit épisodes (c'est dire si la chaîne y croit, l'usage étant plutôt aux premières saisons « tests » de six opus) confirme leur goût pour les personnages extravagants, l'humour bon enfant option sales gosses, et – c'est la nouveauté – les scènes d'action spectaculaires. Un cocktail surdosé mais divertissant, à défaut d'être subtil…

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Mercato envoie donc Thomas Chevallier (Arnaud Ducret), un flic de la financière rigide et empoté, parisien jusqu'au bout de ses mocassins cirés, enquêter à Marseille. Une mutation qui vaut pour punition. Sa faute ? Avoir commis un crime de lèse-football en blessant à l'insu de son plein gré une star brésilienne du ballon rond, transférée à prix d'or à l'OM. Dans la cité phocéenne, où tout le monde le déteste, il prend la tête d'un petit groupe rétif à toute forme de procédures et d'autorité, dirigé jusqu'alors par la dure à cuire Nora Kader (Manon Azem).

Mercato, c'est Taxi à la sauce Bienvenue chez les Chti's

Dès la scène d'introduction avec une prise d'otages croquignolesque dans un aéroport, la série donne le ton : celui de la franche, voire franchouillarde, comédie mâtinée d'une bonne dose d'action : « Mercato, c'est Laurel et Hardy, à Marseille. Il y a de l'humour, des courses-poursuites, et en toile de fond une intrigue policière », résume Arnaud Ducret. Une sorte de Taxi à la sauce Bienvenue chez les Chti's qui, pour faire rire, n'y va pas avec le dos de La Canebière, question clichés.

On a ainsi droit pêle-mêle à un chauffeur/chauffard marseillais qui laisse le compteur tourner le temps de faire son tiercé, à des minots des quartiers nord désœuvrés qui font les marioles et marchandent une pièce à conviction contre un kebab de poulet, à des policiers qui font la sieste après le déjeuner ou à un vol de scooter à peine le dos de son propriétaire tourné. Car tout ça, « c'est Marseille, bébé ! », comme le déclare une Nora extatique et à peine défrisée après une folle virée à la poursuite de mafieux sur le Prado.

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N'empêche ! Mercato ne s'embarrasse pas de nuances, y compris dans le portrait de ses personnages, qui frisent la caricature – l'auguste « crétin » totalement dépassé, la forte tête écorchée par son passé, le colosse corse patibulaire au cœur forcément tendre (incarné par le rappeur Foued Nabba, alias Kofs) –, mais se révèlent finalement attachants.

Un second degré salutaire

Passé le premier agacement face à cette succession de poncifs, on se prend en effet à sourire devant les mésaventures de ces pieds nickelés au pays du pastis et de la Bonne Mère. Si Mercato se prend parfois les pieds dans les clichés, elle parvient aussi à les détourner pour s'en amuser : « On a déconstruit les codes des séries policières, se félicite Manon Azem, qui sait de quoi elle parle pour avoir commencé sa carrière dans la très convenue Section de recherches sur TF1. On n'est pas sur un schéma classique du duo. Nora n'est pas le faire-valoir de Thomas. C'est elle qui conduit et c'est lui qui crie à côté ! » Et d'ajouter : « L'intérêt aujourd'hui, c'est de décaler le prisme du genre, de se "foutre" de notre gueule. » À l'image d'Arnaud Ducret, fan de sport automobile, qui se retrouve pourtant derrière le volant d'une voiture sans permis et qui galère pour la garer…

À LIRE AUSSI « Les Petits Meurtres d'Agatha Christie » : pourquoi la série de France 2 s'arrête ce soir ! Ce second degré salutaire fait de Mercato un divertissement populaire qui s'appuie sur de nombreuses scènes d'action. Au menu, des courses-poursuites bien sûr, mais aussi une montée périlleuse dans un avion en phase de décollage ou un saut en parachute… Autre parti pris malin : la série écarte d'emblée l'idée d'une romance entre ses héros et mise plutôt sur leur rivalité explosive, dont elle tire son premier ressort comique. Il est soutenu par l'énergie et l'évidente complicité de leurs interprètes. Pas plus que la galerie de seconds rôles assez savoureux. Mention spéciale au commissaire lunaire joué par Pierre-François Martin-Laval et à l'hilarant brigadier complotiste campé par Simon Astier, également réalisateur de quatre épisodes. De quoi finalement remporter la mise, au départ pourtant risquée.

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Commentaire (1)

  • guy bernard

    Lorsque je vois Law & Order (New-York police, etc. ), l'intrigue est nouée avant le générique, alors qu'en France, on cherche une voisine pour garder le petit ou qu'on gère parallèlement son divorce, la crise de goutte du grand-père ou qu'on a du mal à réussir des crêpes.
    On peut le faire, mais c'est du grand art : voir le Chinatown de Polanski.