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C'était le 28 septembre, à Los Angeles. En plein après-midi, dans les bureaux de la puissante agence artistique CAA, visiteurs et employés stupéfaits virent débarquer en toute simplicité Barack Obama, flanqué de deux agents des services secrets. Client de CAA depuis un an, via sa société de production Higher Ground, fondée en 2018 avec son épouse Michelle, l'ex-président des États-Unis était venu causer business, entouré de plusieurs lieutenants de sa structure.
En moins de cinq ans, les Obama sont devenus de prolifiques producteurs tous azimuts (séries animées, documentaires, programmes éducatifs, films, podcasts…), portés par un puissant contrat d'exclusivité chez Netflix, estimé à 300 millions de dollars, selon le New York Times. Foucade égocentrique ou réelle carrière ? Impressionnant thriller apocalyptique diffusé le 8 décembre sur la plateforme, Le Monde après nous marque en tout cas une étape décisive dans la nouvelle vie de tycoons des ex-pensionnaires de la Maison-Blanche.
Précarité. C'est leur quatrième long-métrage de fiction pour le géant du streaming (après la comédie dramatique Fatherhood, le drame juridique Worth et le biopic Rustin) mais leur premier ballon d'essai dans la catégorie blockbusters. Conformément à la ligne éditoriale de Higher Ground, entre divertissement et conscience éthique, Le Monde après nous utilise les ficelles du film catastrophe pour nous alerter sur la précarité de l'Occident en général et de l'Amérique en particulier.
Julia Roberts (amie proche des Obama et coproductrice du film) et Ethan Hawke campent Amanda et Clay Sandford : un couple de New-Yorkais bourgeois sans histoires, mariés-deux-enfants, locataires pour un week-end d'une somptueuse maison de campagne à Long Island. Leur séjour sera troublé par l'irruption, en pleine nuit, de l'énigmatique analyste financier afro-américain George Scott (Mahershala Ali) et de sa fille vingtenaire Ruth (Myha'la Herrold). Affirmant être le propriétaire des lieux, George explique qu'une vaste coupure de courant sur la côte Est l'a convaincu de venir se réfugier avec Ruth dans sa demeure louée aux Sandford. Une cohabitation crispée commence entre les Sandford et les Scott tandis qu'à l'extérieur les signes annonciateurs d'un désastre imminent se multiplient.
Précipice. Comme Adam McKay l'avait fait avec Don't Look Up, le réalisateur-scénariste Sam Esmail (créateur de la série Mr Robot) signe avec Le Monde après nous le portrait d'une civilisation occidentale au bord du précipice. Addictions numériques, tensions raciales, misanthropie, peur de l'effondrement ou d'un chaos provoqué par des États voyous, nouvelles armes encore inconnues… Passées au shaker d'une mise en scène jouant souvent sur le vertige et le désaxage de la caméra, toutes nos grandes névroses collectives post-Covid sont ici mixées dans un cocktail plus amer que doux, l'armageddon débutant à bas bruit jusqu'à un paroxysme quasi biblique, ponctué de morceaux de bravoure dignes d'un film de Roland Emmerich.
Adapté du roman du même nom signé Rumaan Alam en 2020, Le Monde après nous, malgré son pessimisme, s'efforce, in extremis (notamment via un usage nostalgique de la série Friends telle un Rosebud salvateur), de nous adresser une petite lueur d'espoir. Un choix gonflé mais qui sonne juste, à l'image de ce film à gros budget et haut risque ne sombrant jamais dans l'outrance.
Il n'était pas question pour Barack Obama de se ridiculiser avec un pétard mouillé : après la lecture du scénario de Sam Esmail, il s'est même fendu d'un appel téléphonique, dixit le réalisateur, pour l'exhorter à injecter plus de réalisme ici et là dans son script crépusculaire. Mission accomplie : impossible de voir ce film sans songer à l'état d'un monde qui se décompose toujours un peu plus sous nos yeux. À des années-lumière de leur série culinaire enfantine Gaufrette et Mochi (aussi sur Netflix), les Obama prouvent avec Le Monde après nous l'étendue de leurs ambitions d'entertainers à Hollywood. Le monde après… la Maison-Blanche §
« Le Monde après nous », sur Netflix, le 8 décembre.
On se demande bien ce que les Obama ont été faire dans ce film mediocre avec une histoire totale abracadabrante...
Film très décevant
Bourré d'incohérences, c'est un téléfilm au scenario faiblard que la distribution de qualité n'arrive pas à sauver.
Je suis souvent en ligne avec les coups de coeur de Le Point POP, mais là, j'ai perdu mon temps.
Plutôt intéressant, j’ai passé un bon moment.