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Un grand classique matriciel de l'animation a soufflé en 2023 ses 50 bougies, et il est français : La Planète sauvage de René Laloux, incroyable dessin animé de SF quasi expérimental, couronné du Grand Prix du jury au Festival de Cannes en 1973. Depuis les coulisses homériques de sa production jusqu'à son influence cruciale sur de nombreux auteurs, un livre somme récapitule les tenants et aboutissants de ce film fascinant à redécouvrir de toute urgence. Intitulé sobrement L'Odyssée de La Planète sauvage*, l'ouvrage nous embarque dans une aventure passionnante, dont les prémices remontent à la fin des années 1960.
En cette décennie quasi désertique pour le cinéma d'animation français, il fallait une bonne dose d'inconscience pour se lancer dans la production d'un film animé ouvertement destiné aux adultes. Et particulièrement en France. Tout commence donc avec la rencontre entre deux kamikazes : René Laloux, autodidacte venu de nulle part, et Roland Topor, artiste protéiforme, notamment fondateur du mouvement artistiquePaniqueavec Fernando Arrabal et Alejandro Jodorowsky.
À LIRE AUSSI « Mars Express » : un réjouissant spectacle high-techAprès leur fructueuse collaboration sur deux courts-métrages, ils choisissent d'adapter très librement un roman de science-fiction français paru en 1957 et signé Stefan Wul. Son titre : Oms en série. Et c'est le compositeur Alain Goraguer (capable de passer des accompagnements jazzy de Serge Gainsbourg aux illustrations musicales des galipettes friponnes de Brigitte Lahaie) qui signera la bande originale.
Ainsi naît La Planète sauvage, fable philosophique intersidérale sur une humanité – les Oms – réduite à l'esclavage par une race extraterrestre hautement évoluée, les Draags. Le film suit l'itinéraire de Terr, enfant recueilli et apprivoisé par une jeune Draag, qui acquiert accidentellement leur connaissance. Après son évasion, le jeune humain se métamorphose en messie et guide les Oms vers la liberté. En convoquant à la fois Salvador Dali et Jérôme Bosch, Les Voyages de Gulliver et Spartacus, la psychanalyse des rêves et l'esprit de résistance, La Planète sauvage marqua les esprits par son ambition thématique, sa fantaisie visuelle révolutionnaire (l'animation est faite en papier découpé, technique qui transcende le style de Topor) et sa musique envoûtante.
La Planète sauvage ou le choc des mondes
Fort d'une iconographie magnifique, reproduisant en particulier des story-boards inédits du film annotés par son réalisateur René Laloux, L'Odyssée de La Planète sauvage nous embarque derrière le rideau de fer, en Tchécoslovaquie (le pays est à la pointe de l'animation à cette époque). C'est là, en 1968, que débuta la production du film, jusqu'à ce que le printemps de Prague et sa terrible répression par le régime communiste ne bloquent très vite le projet. Ce ne seront que les premières embûches que devra affronter René Laloux jusqu'à son retour en France, en 1972.
Ce choc des mondes est au cœur de l'ouvrage. Les auteurs donnent longuement la parole aux protagonistes français, mais aussi aux merveilleux artistes tchèques, complètement négligés jusqu'à aujourd'hui. Et ils partent à la recherche des mythiques scènes manquantes, sacrifiées sur l'autel des sempiternels problèmes budgétaires.
Pas de doute, L'Odyssée de La Planète sauvage s'impose en chronique exhaustive et passionnante d'une œuvre légendaire du cinéma français : un pur bonheur de lecteur cinéphile et un cadeau de Noël idéal.
* L'Odyssée de La Planète sauvage, de Xavier Kawa-Topor, Fabrice Blin, Jean-Gaspard Palenicek, éditions Capricci, 232 pages, 45 euros.
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Belle anticipation...
Quand le film est sorti c'était un évènement atypique, mais a été relativement peu soutenu. Je l'ai vu à l'époque, et ça a été un joli choc. Je vais chercher à voir à quoi ce livre ressemble et si ça vaut le coup de l'acheter.