Franck Gastambide : « Cette saison de “Validé” est meilleure que la première »

Apash est bien mort. Mais le créateur de la série phare de Canal+ est persuadé que la rappeuse Lalpha, sa nouvelle héroïne, lui permettra d’aborder ce virage risqué.

Franck Gastambide lors de son passage au festival CanneSéries, 4e saison.
Franck Gastambide lors de son passage au festival CanneSéries, 4e saison. © VALERY HACHE / AFP

Temps de lecture : 7 min

Le 8 octobre dernier, lors du festival CanneSéries, c’est devant une salle unanimement conquise que le maître de cérémonie de la soirée d’ouverture, Franck Gastambide, a présenté les premiers épisodes de la saison 2 de sa série Validé. Un soulagement pour celui qui peut se targuer d’avoir redonné ses lettres de noblesse au fameux cliffhanger cher aux séries de tout poil. Souvenez-vous : dans les toutes dernières secondes de la première saison de Validé, Apash, le héros dont on avait assisté à l’incroyable ascension dans l’univers fébrile du rap, était assassiné d’une balle tirée à bout portant. Écran noir. Générique. Une fin particulièrement audacieuse, risquée, dont le créateur de la série reste, un an et demi plus tard, toujours aussi fier. Mais plus dure est la chute, plus difficile est la suite.

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La saison 2 de Validé, diffusée dès ce soir sur Canal+, explore donc une nouvelle piste. Après Hatik, c’est au tour d’une jeune rappeuse, Lalpha, de donner un nouveau la à la série. La comédienne Lætitia Kerfa y met tout son charisme. Suffira-t-il à garder dans son giron le large public séduit en masse l’an dernier ? Franck Gastambide n’en doute pas, comme il nous l’a expliqué en toute humilité, il y a quelques jours, à Cannes.

Le Point Pop : Lorsque vous avez tourné l’extraordinaire cliffhanger de la première saison de Validé, aviez-vous déjà signé pour une saison 2 ?

Franck Gastambide : Potentiellement, il aurait pu n’y avoir qu’une seule saison et ça marchait quand même. Mais, au moment où je prends la décision définitive de cette fin choc, je sais qu’il y aura bien une saison 2 et je sais même ce que je vais en faire. En revanche, quand je la tourne, je ne sais pas vraiment ce que je vais en faire. D’ailleurs, pour l’anecdote, j’avais tourné deux fins : la première, c’est celle que le public a vue et, dans la seconde, on laissait planer le doute.

Vous avez donc finalement choisi l’option la plus radicale…

La décision de se passer du héros que j’ai fait aimer pendant cinq heures au public, je dois admettre que j’étais un peu le seul à l’assumer : que ce soit Canal+, qui me faisait confiance, ou les producteurs, tout le monde me disait : « Avec Hatik, William et Brahim, tu as réussi à créer un super trio, qui marche vachement bien… Pourquoi tu fais ça alors qu’on pourrait faire dix saisons ? » Mais ma volonté était de me servir des émotions fortes de cette série. Et, avec une fin comme celle-ci, j’étais certain de surprendre. Et puis, honnêtement, je me demandais ce que j’allais pouvoir encore raconter sur Apash après avoir montré ce qu’il y avait de plus fascinant dans son parcours, à savoir son ascension.

Comment avez-vous vécu l’énorme succès de la première saison de Validé ?

Certes, on a été aidés par le confinement, qui nous a permis de toucher des gens qui peut-être ne seraient pas venus dessus, mais on ne fait pas le record historique de Canal [plus de 20 millions de visionnages sur la plateforme de Canal+, NDLR] avec une série de niche. La force de Validé, c’est de toucher des gens qui n’aiment pas particulièrement le rap, ou même qui n’aiment pas du tout ça. C’est ça, la vraie victoire de notre équipe de scénaristes. C’est d’avoir réussi à raconter une histoire humaine plus forte que notre sujet. On aime ces gamins, on a de l’empathie pour eux. Il se trouve que l’intrigue se déroule dans le milieu du rap, mais ça aurait pu très bien se passer ailleurs. Je suis ultra-fier de ça. Moi, je me disais qu’on allait faire la série d’une génération, c’était ça, le but ultime. Et, finalement, c’est devenu un petit phénomène de société en France. Ça fait un an et demi que tous les jours, dans la rue, on me demande : « Alors, Apash, il est mort ? » C’est une récompense incroyable.

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Le confinement a un peu gâché la fête, non ?

C’est vrai que nous avons été privés du contact avec le public. Le baromètre, c’était simplement nos réseaux sociaux qui explosaient littéralement. Du jour au lendemain, mes petits comédiens accèdent brutalement à la notoriété. Pour eux, ça a été un choc ! Finalement, je me dis que le confinement les a un peu protégés, qu’ils ont eu le temps de se préparer au succès. Il ne faut pas oublier que, quand j’ai trouvé Hatik il était réceptionniste dans un petit hôtel. Il fait Validé et il finit aux Victoires de la musique ! Saïdou [Camara, NDLR], qui joue le rôle de William, je le rencontre dans un foyer où il partage une chambre avec quatre gars et, aujourd’hui, il a un agent, des propositions et il s’est marié. C’est génial que Validé provoque ça.

On me demande souvent si je voulais porter un message féministe, mais ce n’est pas le cas.

On imagine que ça n’a pas été difficile d’imposer à Canal+ des inconnus comme têtes d’affiche.

J’ai l’impression que c’est plus facile grâce au succès de mes films. On m’écoute un peu plus. Je ne l’ai jamais raconté, mais vous savez, c’est Canal+ qui m’a imposé de tenir un rôle dans la série. En fait, ils ont eu raison. C’est un schéma intelligent : des comédiens confirmés comme Sabrina Ouazani se mettent au deuxième plan et entourent des newcomers pour leur permettre de monter leur niveau de jeu… surtout au contact d’acteurs d’un autre niveau comme Saïd Taghmaoui dans la deuxième saison. Un tel schéma est possible dans l’univers des séries, mais, au cinéma, c’est plus compliqué… Après, je l’ai fait aussi parce que le jeune public s’identifie plus facilement à des acteurs qu’il n’a jamais vus.

Vous avez aussi opté pour un format de vingt-six minutes, peu habituel pour les drames…

Oui, c’est un format plutôt dévolu à la comédie. Il a fallu se battre pour l’imposer. La conséquence directe, c’est qu’il faut imaginer des cliffhangers toutes les trente minutes. (Il sourit.)

Apash disparu, les intrigues se focalisent dans cette nouvelle saison sur Lalpha, une rappeuse. Un personnage féminin, est-ce plus porteur en ce moment ?

On me demande souvent si je voulais porter un message féministe, mais ce n’est pas le cas. Je dois avouer que ma démarche était plus égoïste que ça. La question que je me suis posée était : « Quel parcours intéressant je peux raconter maintenant ? » Je me suis dit que le parcours d’une femme dans le rap, c’était déjà en soi extraordinaire. J’ai donc choisi un personnage féminin qui ne veut plus être rappeuse, au contraire d’Apash. Cette deuxième saison propose donc quelque chose de différent, mais avec la même recette.

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Lætitia Kerfa, la comédienne principale, porte en grande partie cette saison sur ses épaules. Comment l’avez-vous trouvée ?

Un jour, on me souffle dans l’oreille d’aller voir une fille qui joue dans un petit théâtre perdu au fin fond d’Aubervilliers, dans le 93. Elle est seule sur scène et, à plusieurs reprises dans son spectacle, elle rappe. Elle cochait donc déjà deux cases essentielles pour devenir une héroïne de Validé. C’était déjà plus qu’Athic qui, quand je l’ai choisi, n’était pas encore acteur. Donc je vais la voir et je me retrouve devant une fille charismatique, qui transpire la réalité de la banlieue et qui porte une pièce de théâtre à elle seule. On discute, la saison 1 n’est pas encore sortie, donc elle ne sait pas trop de quoi je lui parle… Je vois d’autres filles en casting qui sont toutes très bien… mais c’est elle que je choisis car elle correspond au personnage tel que je l’imagine. Et, comme on est encore en développement, au bout d’un moment, on finit par écrire pour elle.

Ne craignez-vous pas de décevoir le public avec cette nouvelle saison ?

Oui, je me pose la question, évidemment. Mais je suis un peu serein sur la qualité de ce que l’on propose. J’ai l’impression que cette saison est meilleure que la première, que mes petits débutants sont devenus de vrais comédiens et que leur niveau de jeu est supérieur. L’accueil en ouverture du festival CanneSéries a été fabuleux, j’ai eu l’impression de recevoir une palme d’or. (Il rit.) Je pense que le public va revenir.

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Validé est-elle une série exportable ?

On l’a déjà vendue dans 20 pays, mais on ne communique pas trop dessus parce que ce sont de petits pays. Ça reste quand même une série très française avec ses propres références. En fait, on est en discussion avec les Anglais et les Américains pour faire des remakes adaptés à leur rap et à leurs problématiques.

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Commentaires (2)

  • njp

    De nous faire découvrir ce maître du 7eme Art !

  • Jedoutedoncjesuis

    Les Kaïra, Taxi, Pattaya, Validé 1 et 2 - une indispensable ode au rap - Gastambide restera à jamais l'un des grands réalisateurs français, aux côtés de Carné, Clouzot, Melville...