« Godzilla x Kong – Le Nouvel Empire » : monstrueusement crétin

CRITIQUE. En 2021, on pensait avoir touché le fond avec « Godzilla vs Kong ». Mais sa suite, en salle ce 3 avril, repousse les limites de la kon(g)nerie.

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Godzilla et Kong, en plein 400 mètres.
Godzilla et Kong, en plein 400 mètres. © Courtesy of Warner Bros. Pictures / Courtesy of Warner Bros. Pictures

Temps de lecture : 4 min

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Cinquième film du MonsterVerse, l'univers cinématographique consacré à Godzilla et King Kong version Legendary Pictures, Le Nouvel Empire débarque en salle le 3 avril avec une promesse : divertir des millions de spectateurs à renfort de scènes d'action toujours plus spectaculaires. Pour notre part, nous avons surtout assisté à un récit navrant, que la plus médiocre des intelligences artificielles n'aurait pas osé nous servir.

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Lequel débute avec un Kong déterminé à retrouver des congénères au sein de la Terre creuse, une région située au centre du globe introduite dans le précédent volet. Par un concours de circonstances si stupide qu'on aurait bien du mal à vous l'expliquer, le Dr Ilene Andrews (toujours incarnée par Rebecca Hall) décide de suivre l'imposant gorille dans ses aventures. Ensemble, nos deux héros vont découvrir un nouveau monstre qui pourrait bien – on ne l'avait pas vu venir – anéantir l'espèce humaine.

L'antagoniste en question n'est autre que Skar King, une sorte d'orang-outan géant armé d'un fouet (il fallait le trouver, celui-là). Pour le terrasser, Kong devra s'allier à son ancien ennemi Godzilla, qui ne perd jamais une occasion de vomir son rayon atomique fluorescent. Les deux monstres, dont l'affrontement en 2021 avait bien failli nous faire avaler notre boîte de Doliprane, vont-ils mettre leurs querelles de côté et devenir best friend for life ? Ne comptez pas sur nous pour en dire plus, eu égard aux quelques masochistes qui se laisseraient tenter par cette daube indigeste.

Godzilla x Kong – Le Nouvel Empire, un concours de tête à claques

En mère responsable, le Dr Ilene Andrews a eu la bonne idée d'emmener dans ses valises sa fille adoptive Jia, capable de communiquer avec Kong via la langue des signes et la télépathie. L'actrice Kaylee Hottle signe donc son retour dans la franchise, au même titre que Brian Tyree Henry (This is Us, Les Éternels), qui prête ses traits au lanceur d'alerte Bernie Hayes, tête à claques hystérique qu'on aurait préféré voir atomisée par ce bon vieux Godzilla.

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Au rang des nouvelles têtes, contentons-nous de signaler l'arrivée de Dan Stevens (Downton Abbey, La Belle et la Bête) dans le rôle du vétérinaire Trapper, à qui l'on décerne sans difficulté la palme du second couteau le plus irritant, avec son air ravi de la crèche, son style baba cool et ses répliques antispéciste dignes des pires interventions d'Aymeric Caron. En pleine jungle, notre Ace Ventura du pauvre accepte de se laisser piquer par une espèce inconnue de moustiques, parce que « les moustiques ont davantage besoin de notre sang que nous ». On hurle intérieurement.

La production nous épargne au moins la présence au casting de Millie Bobby Brown (récemment vue sur Netflix, sa maison mère, dans La Demoiselle et le Dragon), dont le personnage ado rebelle trop cool, un brin complotiste, est aux abonnées absentes. En mauvais chef d'orchestre, le réalisateur Adam Wingard, de retour derrière la caméra, semble bien incapable de trouver une quelconque dynamique d'équipe entre les comédiens… et ses deux monstres têtes d'affiche.

De l'action à tout-va

Tiens, parlons-en de nos monstres. Visiblement à court d'arguments marketing, Legendary Pictures a eu la fausse bonne idée de leur offrir un petit relooking, histoire de proposer aux spectateurs, dont l'intelligence s'en trouve passablement insultée, un semblant de nouveauté. Kong se voit donc flanquée d'un bras mécanique et Godzilla troque ses écailles bleues contre des écailles roses (on vous épargne les pirouettes scénaristiques qui se cachent derrière ces nouveaux styles). Sans grande surprise, le rendu atteint des sommets de ridicule.

Mais ce n'est rien à côté des rares scènes solo du lézard, jadis star de la culture cinématographique japonaise, qui se retrouve dépourvu d'arc narratif : Godzilla qui roupille dans l'enceinte du Colisée, Godzilla qui plonge depuis le rocher de Gibraltar… Martine a du souci à se faire !

Kong, lui, bénéficie d'un traitement à peine meilleur. Dans les entrailles de la Terre creuse, le primate finit par découvrir des congénères, dont Suko, un jeune singe qui accepte de le guider jusqu'au repaire de son peuple. Pendant plus d'une heure, on assiste, interloqué, à d'interminables scènes de dialogue à base de « ouh ouh, ah ah » qui concurrencent nos bâillements.

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Le film tente vainement de se racheter une conscience narrative à travers le personnage de Jia, dernière représentante d'un peuple disparu, qui ne parvient pas à trouver sa place dans ce monde. En réalité, cette intrigue n'est qu'un prétexte pour balancer à la figure des spectateurs des scènes d'action très inégales et parfois, hélas, ridicules. On se surprend à sourire lorsque Godzilla renverse Kong dans une improbable prise de catch sur les pyramides de Gizeh et on manque de s'étouffer lorsque le vilain Skar King se met à chevaucher une salamandre albinos aussi grosse que lui. On vous épargne la description de la bataille finale, plus ronflante qu'effrayante, un comble pour des monstres dont la taille dépasse celle d'un immeuble ! Reconnaissons au moins au long-métrage de ne pas mentir sur la marchandise : les amateurs de castagne en auront pour leur argent.

Et puisque nous avons déjà consacré trop de lignes – et d'énergie – à ce nouvel opus, terminons par un constat sans appel : Godzilla x Kong – Le Nouvel Empire est un produit dénué de sens et d'intérêt qui insulte les légendes dont il tire profit jusqu'à l'épuisement artistique.

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Commentaires (2)

  • valgaïa

    Le film... Non, je plaisante, j'adore le ton de l'article !

  • Rising Sun

    Ce film … ou les spectateurs qui vont aller voir ce film ?