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Hollywood en pleine panne créative, épisode deux mille quatre cent cinqua… À vrai dire, on a arrêté de compter. On vous laisse imaginer notre désarroi lorsque Sony annonça, en 2022, une suite à S.O.S. Fantômes : L'Héritage, sorti quelques mois plus tôt. Ce film, mis en scène par Jason Reitman – fils du réalisateur des deux premiers volets –, débarquait avec une promesse : faire oublier le piteux reboot féminin de 2016 et proposer une suite directe au médiocre Ghostbusters 2, qui avait déjà déçu les fans de l'opus initial en 1989. Portées par de nouveaux chasseurs de fantômes (dont plusieurs ados, génération Stranger Things oblige) et le caméo final des premiers ghostbusters du nom, ces nouvelles aventures ectoplasmiques s'étaient révélées très paresseuses.
Trois ans plus tard, on prend les mêmes, on ajoute 25 000 dollars de plus au budget, et on recommence. Nous retrouvons donc, dans le rôle principal, la jeune Phoebe (Mckenna Grace), petite-fille d'Egon Spengler, l'un des quatre héros d'origine. L'adolescente geek vit désormais à New York, dans la célèbre caserne de pompiers des Ghostbusters, avec sa mère (Carrie Coon), son frère (Finn Wolfhard, star de Stranger Things) et son ex-prof de math devenu son beau-père (le sympathique Paul Rudd).
Ces derniers vont devoir s'associer à la toute première équipe de S.O.S. Fantômes qui a développé en secret un laboratoire à la pointe de la technologie. Et cette fois-ci, leur ennemi répond au doux nom de Garraka, une divinité aux pouvoirs de glace à faire hurler de peur la Reine des Neiges. Dans leur aventure, ils seront épaulés par Nadeem Razmaadi (incarné par l'humoriste et comédien Kumail Nanjiani, vu dans Les Éternels de Marvel Studios), descendant d'une illustre génération de guerriers.
Bill Murray en pilote automatique
Aux commandes de ce 5e épisode : Gil Kenan, coscénariste du précédent volet à qui l'on doit quelques films d'aventures jeunesse et le remake du film d'épouvante culte Poltergeist. Le long-métrage commence d'ailleurs très bien, avec une scène d'ouverture assez effrayante pour la franchise. Hélas, très vite, les frissons laissent place à la frustration. La faute à une héroïne qui rit quand elle se brûle et à un script, encore une fois, fantomatique.
On en vient même à soupirer lorsque Bill Murray, en pilote automatique, daigne se montrer. Argument marketing essoré à l'extrême depuis les retours sur grand écran des sagas Star Wars et Jurassic Park, la présence au générique des héros d'antan (dans ce que les pontes du marketing nomment des « legacy sequels ») est ici purement anecdotique. Pire, elle enraye le récit. Gil Kenan et Jason Reitman, tous deux crédités au scénario, semblent bien incapables de choisir entre les chasseurs de fantômes de la dernière heure et leur trio de vétérans (Dan Aykroyd, Ernie Hudson et Bill Murray).
Le scénario finit par s'écrouler sous le poids des thématiques ô combien lourdingues de la transmission et de la famille unie dans l'adversité, #CœurAvecLesDoigts. Même notre héroïne principale ne parvient pas à tirer son épingle du jeu, embourbée dans une histoire d'amitié (ou d'amour, nous n'aurons jamais la réponse) avec une adolescente coincée entre le monde des humains et des esprits.
Une menace (vraiment) fantôme
Et puisque ce quatrième volet a oublié que ses prédécesseurs étaient avant tout des comédies (un comble pour un film qui multiplie les clins d'œil au matériau d'origine !), on était au moins en droit d'attendre du grand spectacle. Mais là aussi, le constat est amer. Au bout d'une heure de film, on se demande d'ailleurs où est passée la fameuse « Menace de glace » évoquée dans le titre. Laquelle décide de pointer le bout de son nez dans les dernières vingt minutes du long-métrage. Celles et ceux qui espéraient un revival du Jour d'après risqueront d'être déçus : la promesse de plans spectaculaires d'un New York enseveli sous la glace n'est clairement pas tenue. Et notre for intérieur de crier à tue-tête : « Remboursez, remboursez ! »
La bataille finale, elle, se résume à un face-à-face dans le garage de la caserne (on a connu plus heureux comme décor), avec un déluge de rayons lumineux à se brûler la rétine. Calmons nos esprits et essayons de ne garder que le meilleur : des fantômes esthétiquement réussis qui conservent le charme des premiers opus, une course-poursuite plutôt inspirée à bord de l'ECTO-1 dans les rues de la Grosse Pomme et quelques trouvailles fort sympathiques comme le Possesseur, un fantôme capable de contrôler à peu près tout et n'importe quoi comme un sac-poubelle ou une part de pizza. Comprenez-nous bien : le film de Gil Kenan n'est pas catastrophique, ni crétin. Il est à l'image d'une industrie qui peine à se renouveler. Et à ce titre, il manque cruellement d'intérêt.
S.O.S. Fantômes : la menace de glace de Gil Kenan (1 h 56). En salle le 10 avril.
On ne sait plus faire des films.
Auparavant, on prenait un roman de gare et on en faisait un chef d'œuvre, et maintenant, même avec une idée géniale, on pond des nanars.