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Avec ses comprimés de vicodine, sa canne et ses vannes de sniper atrabilaire, le docteur Gregory House a déboulé tout boiteux dans nos vies un beau soir de février 2007 sur TF1. Le coup de foudre pour ce toubib misanthrope, doublé au scalpel en VF par le flamboyant Féodor Atkine, fut aussi radical qu'un électrochoc. On a tout de suite adopté cette bête de charisme campée par un Hugh Laurie alors quasi inconnu, dans cette série médicale créée en 2004, sur la chaîne Fox, en plein tsunami du genre sur le petit écran – Urgences caracolait encore dans les audiences sur NBC et Grey's Anatomy affûtait ses bistouris, prête à tout casser sur ABC en mars 2005.
À partir du 1er février, Netflix nous propose un rab de consultations avec l'intégrale des huit saisons de Dr House (House M.D en VO) et pas question de quitter la salle d'attente : en VO ou dans sa grandiose VF, ce feuilleton imaginé par David Shore se dévore avec le même plaisir gourmand et la même addiction que celle de House pour ses pilules. À la différence de ses consœurs du bloc, Dr House ne déroulait pas la chronique chorale du quotidien des soignants mais assumait de braquer ses projecteurs sur un personnage : Gregory House donc, chef du département de médecine diagnostique de l'hôpital universitaire (fictif) de Princeton-Plainsboro, dans le New Jersey.
Junkie narcissique et immature
Affligé d'un handicap à la jambe droite depuis un infarctus, le docteur House a conservé de son opération une démarche claudicante et une douleur permanente à la patte qui le contraint à avaler chaque jour ses puissants antalgiques, dont il deviendra vite très dangereusement dépendant. Rappelez-vous : House est imbuvable, il n'a aucune empathie pour la race humaine, encore moins pour les patients. Pour lui, « tout le monde ment », et eux les premiers. Il refuse d'ailleurs de les rencontrer, laissant cette corvée à sa garde rapprochée : les docteurs Foreman (Omar Epps), Cameron (Jennifer Morrison) et Chase (Jesse Spencer). Le grand manitou, lui, se concentre sur son obsession : trouver l'origine des pathologies plus ou moins extraordinaires et mystérieuses qui affligent les malades qui échouent dans son service, souvent aux portes de la mort.
Junkie narcissique et immature mais aussi médecin surdoué, Greg House va évidemment laisser, au fil des épisodes, une multitude de nuances lézarder l'apparent bloc de granit qu'on lui prête à la place du cœur. Son ami proche Wilson (Robert Sean Leonard), chef du service d'oncologie, et Lisa Cuddy (sublime Lisa Edelstein), directrice administrative de Princeton-Plainsboro et doyenne de la fac, savent à quel point le brillant praticien cache sous sa carapace une humanité tordue, brisée mais bel et bien palpitante. Il suffit de l'écouter avec le bon stéthoscope.
Calqué sur le personnage de Sherlock Holmes – moult clins d'œil au héros de Conan Doyle en attestent – avec un zeste de Columbo et une larme de Gil Grissom des Experts –, le Dr House mène d'implacables enquêtes à chaque épisode pour débusquer le germe, microbe ou agent pathogène responsable des symptômes souvent terrifiants de ses patients. Lesquels sont parfois renvoyés sans ménagement à leurs propres faux-semblants pour le bien du diagnostic. Mais en parallèle des intrigues strictement médicales, les scénaristes de David Shore ont évidemment sculpté, saison après saison, le portrait intime d'un des plus grands antihéros de la télé des années 2000.
Dr House, la série la plus regardée au monde en 2009
Une décennie bénie, un âge d'or de la qualité sur les grandes chaînes hertziennes américaines qui, les fesses bottées par la concurrence du câble et de la téléréalité naissante, rivalisaient d'audace pour proposer des fictions novatrices et politiquement incorrectes. Gregory House succédait ainsi à Tony Soprano (Les Soprano), Jack Bauer (24 Heures Chrono), Vic Mackey (The Shield) et précédait Dexter Morgan (Dexter), Don Draper (Mad Men), Walter White (Breaking Bad), Hank Moody (Californication) ou les taulards de Prison Break au Panthéon des « salauds-oui-mais-pas-que » du meilleur de la télé de l'Oncle Sam.
En apparence très classique, avec son schéma de la maladie-à-élucider-de-la-semaine, l'écriture de Dr House révélait souvent des trésors d'imagination et n'hésitait pas à casser la routine, y compris sur la forme. Comme dans ce 21e épisode de la saison 1 (avec Carmen Electra !) où, contraint par Cuddy de donner un cours magistral aux étudiants de Princeton-Plainsboro, House évoque trois cas d'école dont l'un, via des flash-back savamment dosés, se révélera être le sien. Plus tard, dans le double final de la saison 4, le docteur est impliqué dans un tragique accident de bus à la suite duquel il perd la mémoire… et finira par découvrir une horrible vérité, brisant nette sa relation avec Wilson.
Malgré deux derniers crus en deçà du brio des six premiers, Dr House fit ses adieux sur une note grave et à la hauteur de son mythe, justifiant ainsi sa place en haut de notre tableau d'honneur des séries les plus populaires. Lauréate de deux Emmy Awards et deux Golden Globes (ces derniers furent décernés à Hugh Laurie en 2006 et 2007 pour sa prestation), elle fidélisa une moyenne de 13,8 millions de téléspectateurs sur la chaîne Fox aux États-Unis et fit aussi les beaux jours des prime time de TF1, avec une pointe jusqu'à 10 millions de spectateurs, en 2009, pour l'épisode Celle qui venait du froid (saison 4).
Diffusée dans 66 pays, cette série connut son apogée la même année, avec une audience mondiale moyenne de 82 millions de téléspectateurs, faisant d'elle la série la plus regardée à travers le globe. Bref, autant dire qu'on se réjouit de la reprise de service de Gregory House et de ses associés sur Netflix, même en mode redif'. L'alerte binge watching est déclenchée !
Je traduit votre commentaire : effectivement l’activité d’un médecin, ou la consultation si vous préférez se pratique en écoutant, palpant, percutant, auscultant et donnant une conclusion avec eventuellement un traitement médicamenteux, ou de simples conseils hygiénodiététiques, il est vrai qu’aujourd’hui pratiquement plus aucun médecin ne consulte comme cela, juste un ordinateur et des examens paracliniques à la pelle, du bilan sanguin, en passant par des IRM et autres investigations.
Je n’ai JAMAIS apprécié ce terme familier, et condescendant utilisé trop souvent par certains militaires a mon égard lorsque j’exerçais dans l’armée
Hugh Laurie