« Doc » : les nouveaux médecins transalpins de TF1

La chaîne dégaine – encore – une série médicale, croisement italien entre « Grey's Anatomy » et « House ». Son héros : un toubib amnésique. Notre verdict : pas mal !

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L'équipe de choc de Doc
L'équipe de choc de Doc ©  Fabio Lovino/Courtesy Lux Vide

Temps de lecture : 5 min

Une nouvelle série médicale de première partie de soirée, par temps de Covid, il fallait oser. Avec Doc (on l'admet : le titre ne sent pas l'originalité à plein nez), TF1 l'a fait. Après tout, on ne change pas une recette qui gagne à (presque) tous les coups. Une petite différence cette fois avec cette série, et elle est de taille : ces nouvelles aventures médicales nous proviennent d'Italie et sont inspirées d'une histoire vraie. Et sans être la série du siècle (on ne lui en demandait pas tant de toute façon), Doc, qui débarque ce mercredi 6 janvier, ne manque pas de qualités. La chaîne de Gilles Pélisson (PDG de la Une depuis 2016) a même peut-être trouvé une remplaçante à Grey's Anatomy, qui s'essouffle doucement avec « seulement » 3 millions de fidèles en moyenne en octobre dernier (quoi de plus normal après 16 saisons). Si cela peut rassurer les allergiques aux marivaudages de la série de Shonda Rhimes, Doc offre un cocktail efficace, à défaut d'être subtil, composé d'une bonne rasade de House et d'une pincée de Good Doctor, deux autres séries en blouse blanche estampillées TF1.

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Chez nos voisins transalpins, le traitement a donné des résultats encourageants : en mars 2020, en plein confinement, plus de 8,5 millions d'Italiens ont craqué pour « Doc – nelle tue mani » (traduisez : « Doc – entre tes mains »), proposée alors par la RAI. Trente pour cent de parts de marché, c'est un excellent score qui frôle l'exploit dans un pays où les séries policières trustent habituellement les meilleures audiences. Qu'a-t-il de si spécial, ce feuilleton ? Première singularité : être tiré d'une histoire vraie. Celle de Pierdante Piccioni, un médecin originaire de Lombardie, qui a d'ailleurs participé à l'écriture de la série et a travaillé avec les acteurs sur le plateau. En 2013, à la suite d'un accident de voiture, Piccioni a perdu la mémoire des douze dernières années de sa vie. Et malgré ce lourd handicap, il a repris ses études de médecine pour pouvoir continuer à exercer son métier.

<em>Doc</em>
 ©   Fabio Lovino/Courtesy Lux Vide
Doc ©  Fabio Lovino/Courtesy Lux Vide

Doc reprend donc l'essentiel de cet incroyable destin en y incorporant une bonne louche de faits divers à base d'erreur médicale : le ténébreux docteur Andrea Fanti (Luca Argentero) est victime d'un coup de feu tiré à bout portant par le père d'un patient (« Ça, c'est très Grey's ! » s'écrieront les fans). Il se réveille quelques jours plus tard à l'hôpital en partie amnésique et fait face à un vide mémoriel de 12 ans qui, comme on peut l'imaginer, va l'entraîner dans une crise existentielle bien légitime et une confrontation à des événements douloureux effacés par sa mémoire. Bien loin de l'imbuvable chef de service de médecine interne qu'il était devenu, il va apprendre à se reconstruire en reprenant son métier au bas de l'échelle dans l'hôpital où il a visiblement connu des bonheurs, mais aussi un certain nombre de malheurs savamment égrenés au fil des épisodes.

Un nouveau docteur bellâtre nommé Fanti

Sur ce postulat de base plutôt original pour une série médicale, Doc propose de nous immerger dans la vie d'un hôpital finalement pas si différent des établissements auxquels les séries américaines nous ont habitués. Au point qu'on en oublierait presque – merci les panneaux indiquant les différents services – que la série nous vient d'Italie. Question mise en scène et esthétique, rien ne diffère vraiment de House ou The Resident, si ce n'est quelques plans qui s'attardent volontiers sur les mains des protagonistes. Rythme soutenu, jeu tout en sobriété des acteurs plutôt éloigné de la gestuelle latine toujours un peu appuyée… Même le doublage en français passe bien. Ce qui est plutôt amusant, c'est que, pendant toute la durée du premier épisode, vous aurez du mal à oublier Grey's Anatomy, attendant même le moment où la série basculera dans les intrigues amoureuses guimauves. Alors, oui, il y a bien un premier baiser intraprofessionnel à la 24e minute, mais Doc parvient à sortir de l'ornière soap horrifique. Tout en continuant à lorgner gentiment tout ce qui a fait le succès des séries médicales avant elle.

<em>Doc</em>
 ©   Fabio Lovino/Courtesy Lux Vide
Doc ©  Fabio Lovino/Courtesy Lux Vide

Son héros d'abord. Sur l'échelle de la bogossitude (on nous pardonnera ce néologisme bien pratique), le Dr Andrea Fanti trouve aisément sa place dans le top 10 des bellâtres en blouse blanche, quelque part entre le charisme suave du Dr Ross d'Urgences et le regard de chien battu du Dr Shepherd/Mamour de Grey's Anatomy (respectivement incarnés par les inoubliables George Clooney et Patrick Dempsey). Interprète de Fanti, Luca Argentero, 42 ans, n'a rien à envier à ses prédécesseurs et, s'il a parfois tendance à abuser de son sourire faussement candide de mâle un brin poseur (jaloux, nous ?), cet ancien candidat du Big Brother italien, aperçu en 2010 aux côtés de Julia Roberts dans Mange, prie, aime de Ryan Murphy, a conquis sans mal le public italien. Et ne devrait pas avoir de mal à faire battre le cœur des Français. Une remarque cependant, qui concerne l'ensemble du casting : visiblement, les qualités physiques semblent être un critère sérieux d'embauche dans cet hôpital…

Les différents visages du Doc

Côté scénario, sans trop s'éloigner des sentiers archibattus de la série médicale traditionnelle, Doc surfe allègrement sur son sujet pas comme les autres (comme le fait si bien Good Doctor avec son héros autiste) et propose une version en trois temps de son personnage principal. Ainsi, Fanti passe d'une époque à l'autre : du jeune médecin ambitieux et idéaliste, douze ans avant son drame, au chef de service cassant (qui n'est pas sans rappeler Gregory House dans ses heures les plus odieuses), sans oublier bien sûr le médecin brisé qui tente de recoller les morceaux de sa vie. Et ça fonctionne bien ! Pas de cadres flous ou de couleur sépia pour guider le téléspectateur et lui indiquer les flash-back. La production a le mérite de ne pas trop baliser le terrain, malgré quelques figures imposées du genre, à savoir les belles histoires avec les patients d'un jour, les sempiternels dilemmes éthiques et une multitude de personnages secondaires dont on ne sait pas toujours à quoi ils servent.

Au final, Doc, dont une deuxième saison a d'ores et déjà été signée, n'a pas à souffrir de la comparaison avec la concurrence américaine. En tout cas, les téléspectateurs ne devraient pas en perdre leur latin. Et TF1 de se réjouir, car, avec Grey's Anatomy, The Resident et New Amsterdam en renfort, la chaîne squatte le créneau que l'on disait pourtant moribond de la série médicale. Elle trouve aussi l'occasion de prouver, comme Arte et Canal + depuis des années, et Netflix depuis son lancement, que l'ivresse des séries n'est pas forcément à chercher de l'autre côté de l'Atlantique. Après tout, on n'est jamais contre un bon verre de chianti !

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