« Blue Eye Samurai » : pourquoi il faut regarder la série animée japonaise de Netflix

Le brillant « Blue Eye Samurai » conforte la plateforme Netflix dans sa stratégie d’investissement. Voici cinq raisons de découvrir de toute urgence la série d’animation.

Par Vincent Bresson

La série d'animation japonaise Blue Eye Samurai, à voir sur Netflix.
La série d'animation japonaise Blue Eye Samurai, à voir sur Netflix. © COURTESY OF NETFLIX

Temps de lecture : 6 min

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Pour continuer d'attirer de nouveaux abonnés dans un secteur aussi concurrentiel que le streaming, Netflix sait se diversifier. Encore loin de pouvoir concurrencer les catalogues des spécialistes de l'animation comme Crunchyroll et Animation Digital Network (ADN), la plateforme américaine ne cesse d'étoffer son offre en la matière. La dernière production maison, Blue Eye Samurai, dépeint les aventures d'une guerrière prête à parcourir tout le Japon pour assouvir le désir de vengeance qui la consume.
Le succès critique est une nouvelle fois au rendez-vous, comme ce fut le cas pour l'autre production maison, Pinocchio, sorti en 2022. Cette interprétation du classique de la littérature italienne par le réalisateur Guillermo Del Toro a même été récompensée par l'oscar du meilleur film d'animation en mars dernier. De quoi venir enfin remplir l'armoire à trophées de Netflix après quatre nominations infructueuses (Klaus, Voyage vers la Lune, Les Mitchell contre les machines et Le Monstre des mers).

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À LIRE AUSSI Mangas : comment la profusion d'éditions « deluxe » dépoussière le marché Pour s'imposer dans le secteur, le service de streaming ne compte pas seulement sur ses créations estampillées « Netflix original » qui, comme, Blue Eye Samurai, sont produites en interne, mais également sur un enrichissement externe de son offre. De nombreux longs-métrages des studios Ghibli sont venus enrichir le catalogue, dont les plus célèbres œuvres du maître Hayao Miyazaki (Le Voyage de Chihiro, Porco Rosso…). Netflix lorgne également du côté des licences incontournables du manga et propose sur sa plateforme Demon Slayer, Vinland Saga ou encore Hunter x Hunter.

Preuve supplémentaire de cet intérêt, en 2022, le service de streaming a acquis le studio d'animation indépendant Animal Logic. Dans un communiqué faisant suite à ce rachat, Amy Reinhard, vice-présidente chargée des opérations des studios, ne cachait pas l'ambition du service de streaming dans le domaine : « Netflix a investi dans l'animation au cours des dernières années, ce qui renforce notre engagement à construire un studio d'animation de classe mondiale. » Cet intérêt croissant a débouché sur de belles réussites, comme les séries Arcane, Pluto ou Cyberpunk.

À LIRE AUSSI Mangas : notre sélection des 6 meilleurs titres ados et adultes pour Noël (et pour les nuls)Ce dynamisme n'empêche pas certains projets, comme une adaptation du roman The Twits de Roald Dahl, d'être annulés. L'animation n'échappe pas à la règle : en matière de création, Netflix investit uniquement dans des valeurs qu'elle considère comme sûres. La firme californienne espère toutefois frapper un nouveau coup avec la suite du stop motion le plus rentable du cinéma, Chicken Run, attendue pour la mi-décembre, tandis que de nombreuses sorties, comme celle d'Ultraman, sont prévues l'année prochaine.

En attendant, la plateforme américaine peut compter sur Blue Eye Samurai pour attirer les aficionados du genre dans ses filets. C'est peu dire que l'aventure de cette jeune femme aux yeux bleus fait l'unanimité dans la presse comme sur les sites spécialisés (décrochant par exemple un 4,8 sur 5 du public de Rotten Tomatoes). Blue Eye Samurai est même devenue, en quelques semaines, la série animée la mieux notée d'Allociné. Un succès qui s'explique par différents facteurs.

Blue Eye Samurai, rafraîchissant récit de samouraï errant

À première vue, suivre les aventures d'un samouraï solitaire en quête de justice, c'est assez classique. On retrouve les éléments qui font le succès du chanbara. Ces histoires de bretteurs surdoués se rapprochent des films de cape et d'épée : un personnage principal au passé douloureux, des katanas mystiques et des duels ensanglantés. La série ne fait pas l'impasse non plus sur quelques déjà-vu, entre un personnage secondaire un peu empoté, aussi comique qu'attachant, et une romance entre deux êtres que tout oppose.

Mais si la série s'inscrit dans la lignée d'un Kill Bill sur grand écran ou d'un Vagabond côté manga, elle incorpore une bonne dose de nouveautés. Mizu est une femme et le cache autant que possible. Derrière ses lunettes teintées, l'héroïne dissimule un second secret, bien plus lourd : ses yeux bleus, qui trahissent son métissage occidental. Cette singularité permet au récit d'évoquer le racisme, la place des femmes au sein d'un Japon traditionnel, tout en traitant, en toile de fond, des jeux de pouvoir.

Blue Eye Samurai, des personnages attachants et complexes

Confrontés au pire, les personnages s'adaptent. Les épreuves accompagnent les protagonistes dans leur évolution et provoquent parfois des situations d'inconfort devant la brutalité ambiante. Les personnages secondaires, comme Akemi, jeune princesse promise à un riche héritier mais qui choisit de vivre sa vie comme elle l'entend, se révèlent tout aussi, voire davantage, attachants que l'héroïne.

À LIRE AUSSI « The Crown », « Tout va bien », « Daryl Dixon », « Sambre » : quelles séries regarder ce week-end ? La série évite le manichéisme. Une maquerelle peut ainsi se montrer aussi bienveillante envers une de ses geishas que cruelle envers les autres. Même Mizu, qui donne tour à tour dans la compassion et dans le sanguinaire, ne peut être réduite à l'état de monstre assoiffé de vengeance auquel beaucoup la renvoient.

Sexe, sang et drogue : le cocktail audacieux de Blue Eye Samurai

À l'image d'un Kill Bill, les effusions de sang sont nombreuses. Têtes coupées en deux, doigts et bras tranchés… Le rouge coule à flots, justifiant la recommandation « à partir de 16 ans » émise par Netflix – d'autant que des sujets comme l'addiction à la drogue y sont traités. Cette mise en scène brutale des duels n'est pas sans rappeler l'univers de Quentin Tarantino et l'iconographie de mangas friands d'hémoglobine.

À LIRE AUSSI « Le Garçon et le Héron » : pourquoi il faut aller voir le nouveau MiyazakiLa série n'est pas plus avare en scènes de sexe et nudité. Et pour cause, le quatrième épisode se déroule dans une maison close et laisse deviner des penchants tordus – autour de poulpes et autres réjouissances… Le traitement de la sexualité ne tombe pas dans la gratuité pour autant. Il enrichit le récit en présentant, par exemple, la faiblesse d'un bretteur doué et violent devenu doux et soumis au contact de courtisanes. Outil de pouvoir des femmes sur les hommes, il demeure avant tout l'un des visages de l'oppression et de la violence de ces derniers.

Au générique de Blue Eye Samurai, un couple de créateurs inspirés

À la tête du projet, l'association du scénariste Michael Green (Green Lantern, Mort sur le Nil, Logan) avec sa compagne Amber Noizumi est une réussite. Pour une première immersion dans l'animation et un univers japonais qu'il n'avait jamais exploré, le duo se montre très inspiré. Peut-être aussi parce que l'histoire est plus personnelle qu'il n'y paraît : le couple à expliquer s'être inspiré de sa fille, née avec des yeux bleus, et Amber Noizumi est à moitié japonaise.

La beauté de l'animation de Blue Eye Samurai

Cocorico ! La France est, une nouvelle fois, derrière un bijou d'animation. Après Arcane, pour lequel Netflix avait fait appel aux Français de Fortiche Production, la plateforme a confié les rênes de Blue Eye Samurai à l'équipe tricolore de Blue Spirit. Les scènes de combat entre bretteurs sont d'une grande fluidité, la colorimétrie est très soignée. Dans un Japon féodal où la neige ne cesse de tomber et où les assassinats ont souvent lieu dans la pénombre, le clair-obscur est total.

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Commentaire (1)

  • Grégory LAPLACE

    Le couple à expliquer => le couple a expliqué