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On a quitté Hayao Miyazaki, il y a dix ans, dans les studios Ghibli de Tokyo où il présentait Le vent se lève, son « ultime film », avouait-il à 72 ans. La faute à ses rhumatismes aux mains et à sa mauvaise vue. Pourtant, rien n'était moins sûr puisqu'il annonçait un peu plus tard que « penser à un nouveau film lui prendrait six à sept ans. » Autant dire que le maître nippon a longtemps entretenu le mystère avant de révéler la bonne nouvelle.
Aujourd'hui, voici Le Garçon et le Héron, son douzième film d'animation, qui lui a effectivement demandé sept ans de travail et dont on dit une fois encore qu'il sera le point final de sa carrière. Mais qui sait ? On devine que dans ce film somme, Miyazaki a mis toute son énergie et nous l'offre comme un testament. Doté d'une imagination foisonnante, il signe une petite merveille de poésie et d'invention, illustrant ses dons de conteur et de poète graphique. Ses plans de la faune et de la flore sont comme des tableaux dont les formes et les couleurs ressemblent au Douanier Rousseau et à Monet. Ici, le cinéaste de Princesse Mononoke et de Mon voisin Totoro a l'art de nous transporter dans un univers féerique où vit et meurt un bestiaire fait d'oiseaux étranges et de poissons extraordinaires.
Tout commence par un bombardement pendant la guerre du Pacifique et le tableau saisissant d'un hôpital en flammes dans lesquelles disparaît la mère de Mahito, un petit garçon de onze ans. On le retrouve avec son père dans un immense manoir à la campagne quand celui-ci se remarie avec la sœur de sa défunte épouse. Mahito s'ennuie, revoit sans cesse sa mère dans ses rêves et se voit nargué par un majestueux héron cendré qui niche dans une tour… Agacé, il essaie de le tuer avec son arc, mais s'aperçoit vite qu'il va devenir pour lui un guide irremplaçable pour affronter la vie.
Le garçon et le Héron entre Alice au pays des merveilles et Le Château ambulant
Tel le lapin d'Alice au pays des merveilles, ce héron doué de parole va servir de guide à Mahito pour franchir, comme dans Le Château ambulant, des portes qui s'ouvrent et se ferment sur des univers parallèles où les notions de temps, de vie et de mort sont aléatoires. Il s'agit de l'initier au monde et de lui transmettre un savoir, deux thèmes importants dans l'œuvre de Miyazaki qui fait apparaître un grand-oncle qui jongle avec des pierres géométriques dont l'assemblage réussi ou non peut faire du monde « une abomination ou une merveille ».
En adaptant librement le roman d'apprentissage de John Connolly, Le Livre des choses perdues, le cinéaste philosophe signe à la fois un récit d'aventures et un conte initiatique de toute beauté. Le respect de la nature, l'animisme, le shinto (chaque objet a une âme, NDLR) et l'image de la mère sont au centre de l'histoire. Il y ajoute des interrogations sur notre époque et sur la guerre qui nous menace comme dans Le vent se lève, inspiré du poème de Paul Valéry qui écrit : « Il faut tenter de vivre ». Une phrase qui pourrait s'appliquer comme une prière dans Le garçon et le Héron.
* Le Point est partenaire du festival.
Le Garçon et le Héron, en salle le 1er novembre.
À noter les 6 et 7 avril 2024, à la Défense Arena un concert de Joe Hisaishi, compositeur de longue date de Miyazaki qui signe la bande originale du Garçon et le Héron.
Un nouveau Miyazaki est comme une caisse de bière dans le désert !
Aucune création de M... Miazaki n'est à louper !
J’irai !