« Witness », « Le Cercle des poètes disparus »… : Peter Weir raconte les coulisses de ses films cultes

ENTRETIEN. « Le Point Pop » a rencontré le réalisateur du « Cercle des poètes disparus », invité d’honneur du Festival de la Cinémathèque, pour évoquer une carrière jalonnée de films cultes.

Par Lucas Fillon

Peter Weir - Soirée d'ouverture. Séance présentée par Peter Weir
Peter Weir - Soirée d'ouverture. Séance présentée par Peter Weir ©  © La Cinémathèque française Thierry STEFANOPOULOS / Thierry STEFANOPOULOS

Temps de lecture : 5 min

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Le Cercle des poètes disparus, The Truman Show, Master and Commander : de l'autre côté du monde… Ces classiques, on les doit à un homme : le réalisateur australien Peter Weir. Et, cette année, il était l'invité d'honneur de la 11e édition du Festival de la Cinémathèque, qui se déroulait à Paris et en Île-de-France. L'occasion de se replonger dans des longs-métrages du cinéaste qui fêtera ses 80 ans en août prochain.

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Né à Sydney, Peter Weir se familiarise avec le 7e art grâce aux films qu'il voit en salle tous les samedis après-midi, nourri également par la télévision qui s'invite au sein des familles depuis peu. « J'adorais les westerns, nous confie-t-il. Plus tard, je me suis pris de passion pour les films d'horreur. J'étais fan de ceux produits par le studio britannique Hammer. » En parallèle, il se nourrit de comics. « Avec mes amis, nous les collectionnions. Au même titre que les longs-métrages, ils ont grandement contribué à ma compréhension de la grammaire cinématographique. Et cette culture, je la partage avec beaucoup de réalisateurs de ma génération. » Parmi ses comics préférés, il cite The Phantom, Mandrake le Magicien et Superman.

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Il commence sa carrière dans son pays natal et, durant quinze ans, y signe des œuvres s'inscrivant, entre autres, du côté de l'horreur et/ou du fantastique, comme Les Voitures qui ont mangé Paris (1974), son premier film, ou Pique-nique à Hanging Rock (1975). Il s'essaye également au film de guerre avec Gallipoli (1981), où Mel Gibson, alors jeune acteur, tient l'un des rôles principaux. Puis vient l'appel de Hollywood.

Witness, comment il a convaincu Harrison Ford

Il rejoint les États-Unis pour diriger Witness, un thriller produit par Paramount. Harrison Ford y campe John Book, un flic chargé de protéger un petit garçon, Samuel (Lukas Haas), issu de la communauté amish, qui a été témoin d'un meurtre et est traqué par les criminels. Harrison Ford, qui essaye de se détacher de l'image d'Han Solo (Star Wars) qui lui colle à la peau, est déjà impliqué sur le projet. Peter Weir et lui s'entendent tout de suite. « Harrison m'a invité à passer quelques jours dans son ranch. On a appris à se connaître et on a parlé du script. Ce fut un moment extraordinaire. On a su qu'on pouvait collaborer ensemble. »

Pour Peter Weir, l'échange avec un acteur est primordial. « On n'auditionne pas des stars comme Harrison. On les rencontre. Et la rencontre, c'est une forme d'audition, aussi bien pour les comédiens que pour moi. Avant de faire un film, je m'assure que nous sommes sur la même longueur d'onde. » Car le cinéaste australien a une façon de conduire un tournage qui laisse de la place à l'imprévu et, cela, il faut l'accepter. « Sur un plateau, j'aime pouvoir me dire qu'il peut se passer quelque chose d'inattendu. Que je peux ajouter une scène, supprimer quelque chose, tester un dispositif différent. Je veux que le tournage soit vivant, qu'il ne soit pas enchaîné au scénario. » Sur Witness, Peter Weir a par exemple demandé à Harrison Ford, dont le personnage trouve refuge dans une ferme amish, de traire une vache, alors que cela n'était pas planifié. Cette séquence sera gardée et apportera une touche d'humour au thriller.

Witness sort en 1985 dans de nombreux pays, ouvre le Festival de Cannes, et bénéficie d'un budget marketing conséquent. « C'est ce qu'Hollywood peut donner aux films : la possibilité de les amener au monde entier. Et, pour moi, en tant que cinéaste, qu'un film soit accompagné d'un budget marketing important, c'était tout à fait nouveau. » En France, Witness débarque sur les écrans le 22 mai. Il enregistre 2,2 millions d'entrées. En 1986, il remporte deux oscars : celui du meilleur scénario original (Earl W. Wallace, William Kelley, Pamela Wallace) et celui du meilleur montage (Thom Noble).

Le Cercle des poètes disparus, le film phénomène

Peter Weir poursuit sa route à Hollywood, retrouve Harrison Ford pour The Mosquito Coast (1986), puis s'engage sur Le Cercle des poètes disparus (1989), dont on célèbre cette année le 35e anniversaire, avec une version remise au goût du jour au théâtre. L'histoire d'un professeur, John Keating (magnifique Robin Williams), qui bouscule ses élèves en leur apprenant à être maître de leur destin. Peter Weir atteint là une autre dimension : il réalise un film phénomène, qui, depuis son immense succès, s'est transmis de génération en génération, et a littéralement changé des vies. Un film que, au départ, il ne voulait pas mettre en scène !

Un point dans le scénario de Tom Schulman l'embarrassait : John Keating devait être à l'origine gravement malade. Il se savait condamné, et c'était pour cette raison qu'il martelait son fameux « Carpe Diem ». Pour Peter Weir, cela ne fonctionnait pas. « J'ai appelé le patron de Disney de l'époque, Jeffrey Katzenberg, que je connaissais déjà puisqu'il était le patron de la Paramount lors de la production de Witness. Je lui ai signifié à quel point j'avais adoré l'histoire et l'écriture de Tom Schulman, mais je ne voulais pas que John Keating soit mourant. Il m'a demandé si je réaliserais le film si on enlevait cet aspect et j'ai répondu oui. Il a été d'accord pour ce changement. Par la suite, j'ai contacté Tom, qui, d'abord, a un peu résisté. Mais sa femme lui a rappelé que, dans sa première version, Keating n'était pas malade. Il avait ajouté cet élément notamment pour expliquer l'idée du Carpe Diem. Des pages ont sauté, la fin repensée et j'ai réalisé le film ! » se souvient Peter Weir.

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Viendront dans la filmographie du metteur en scène d'autres belles surprises, à l'instar de The Truman Show (1998) – conte philosophique et prophétique, avec un Jim Carrey prodigieux. Master and Commander : de l'autre côté du monde (2003), blockbuster porté par un Russell Crowe charismatique, reste également une expérience unique. Peter Weir a toujours eu pour mantra de se lancer de nouveaux défis : «  J'ai constamment eu le besoin d'aller vers des chemins que je n'avais jamais empruntés, de me surprendre », explique-t-il. Cela donne une des filmographies les plus passionnantes du cinéma contemporain. À (re)voir de toute urgence !

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