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N'est pas George Lucas qui veut. Cela dit, cela ne coûte rien d'essayer… Sauf pour Zack Snyder. Doté par Netflix d'un budget de 166 millions de dollars, le père des très réussis Watchmen et Man of Steel avait fait la promesse de livrer son Star Wars. Avec Rebel Moon, il ne la tient qu'à moitié. Qu'importe, vous diront ses thuriféraires : l'essentiel est ailleurs.
Car ce nouveau film à gros sous produit par la plateforme de streaming n'a pour ambition artistique que celle de son réalisateur. Côté Netflix, on entend davantage faire de l'œuvre une saga. Et de la saga un univers. Preuve à l'appui : la firme américaine a déjà commandé une suite (prévue pour avril 2024), une série animée, une bande dessinée et un jeu vidéo. Rien que ça.
Rebel Moon, ça ressemble à quoi ?
Mais y a-t-il quelque chose de neuf à tirer de cette énième poule aux œufs d'or ? Pas l'écriture, déjà. L'histoire s'en tient au cahier des charges le plus élémentaire en matière de science-fiction. Ici, on suit les pérégrinations de Kora (Sofia Boutella vue dans La momie aux côtés de Tom Cruise), aventurière déterminée à défendre la paisible lune Veldt de l'oppression du tyran Balisarius. Une mission qui nécessite, bien sûr, une équipe de choc. Laquelle devra être recrutée (bien sûr bis) de planète en planète.
Un air de déjà-vu un poil désagréable dans l'intrigue, vite éclipsé à mesure qu'elle progresse. On a de toute façon compris que le film ne réconcilierait pas innovation narrative et SF. Pas de quoi condamner Rebel Moon à la nuit pour autant. Zack Snyder signe un joli coup en bien d'autres points.
Le réalisateur n'a rien perdu de son brio caméra en main. S'il n'a laissé au vestiaire ni ses habituels corps musclés ni ses ralentis épidémiques, ce n'est que pour mieux les sublimer devant l'objectif. Et délivrer des scènes d'action parmi les plus bluffantes de l'année. Admirateur ou non de la patte du cinéaste, il faut savoir reconnaître que l'on est là face à un auteur.
Une inspiration infusée à la direction artistique. Décors et costumes transpirent la culture pop, du Seigneur des anneaux à Star Wars, en passant par Riddick et les westerns spaghetti. Pourtant, au milieu de ce torrent de références, le long-métrage parvient à trouver sa singularité. Suffisamment pour plonger tête la première dans son univers.
Quant au casting, disons qu'il n'a que le minimum syndical à offrir. Du professionnalisme, de la variété dans l'expression et très peu de surjeu. Pour le reste, circulez il n'y a rien à voir ! Car notre bande de stars – Charlie Hunnam vu dans Pacific Rim, Djimon Hounsou (Amistad, Gladiator) ou encore Anthony Hopkins – n'a de gueule que sur l'affiche. En pratique, la plupart des rôles sont sous-exposés. Ou jouent en retenue. Quel dommage !
Ce constat vaut pour la bande originale, signée Junkie XL. Le maestro derrière la musique de Mad Max : Fury Road nous régale de tonalités épiques… Malheureusement déjà poncées deux ans plus tôt dans Zack Snyder's Justice League. On reconnaîtrait d'ailleurs presque quelques morceaux…
Malgré tout, Rebel Moon sait jouir du temps accordé à Snyder par Netflix pour poser le rythme. Introduire son canevas et ses acteurs. Jeter calmement les jalons des péripéties à venir. Une qualité qui, certes, laisse le temps d'accrocher (ou pas) à la proposition artistique. Un défaut aussi, faisant de cette première incursion galactique un ensemble déjà dépendant de ses suites.
Rebel Moon, le début d'une saga
C'est là tout l'enjeu de la plateformisation du cinéma. Doit-on nécessairement faire du film en streaming une nouvelle espèce d'épisode de série ? Ou au contraire, faut-il lui laisser le temps de plaire avant de penser à l'avenir ? Pour ce space opera, la décision semble actée. L'appréciation définitive de ce choix est pour le moment suspendue. Au moins jusqu'au 19 avril 2024, date de sortie de la suite du film.
En attendant la date fatidique, ce Rebel Moon – premier du nom – demeure un moment agréable. Une tentative noble de la part de Zack Snyder de sortir des sentiers battus. Une prise de risque hors de la formule commune dans laquelle s'est enfermé le blockbuster américain. Et un récit qui, à défaut de faire réfléchir par son scénario, émerveillera par des visuels époustouflants. Faut-il vraiment davantage que ces étincelles à l'écran pour passer de joyeuses fêtes ?