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Vous les retrouvez de plus en plus souvent, y compris dans nos pages. De petits mots abscons servant à désigner telle ou telle réalité cinématographique. Hollywood en forge régulièrement pour populariser ses nouvelles pratiques industrielles et justifier sa propension à tirer toujours plus de jus de la treille, même lorsqu'elle est vieille et décrépite. Instantanément importés d'Amérique, ces termes n'ont pas d'équivalent français, ce qui nous oblige à les employer, faute de mieux ! Certains vous sont déjà familiers, d'autres méritent une explication. Grâce à ce lexique illustré et remis à jour aussi souvent que nécessaire, vous parlerez bientôt couramment le jargon hollywoodien.
Caméo
Littéralement, « camée », une technique de gravure qui fait ressortir certains motifs en relief. C'est la brève apparition d'une personnalité marquante (star, auteur de l'œuvre, personnage de la vie réelle, personnage de fiction célèbre...). Un clin d'œil en somme.
Exemple : Alfred Hitchcok apparaît brièvement dans 37 de ses films, Frank Abagnale JR joue le rôle d'un policier dans Arrête-moi si tu peux, film consacré à sa vie, l'auteur de comic-books Stan Lee passe une tête dans tous les films de Marvel…
Crossover
Littéralement, « traverser ». C'est un métissage entre plusieurs œuvres qui partagent un univers de fiction rapproché. Autrement dit, on rassemble dans un film (ou une série) des héros d'origines différentes, pour le plus grand plaisir des fans, qui retrouvent leurs personnages favoris au même endroit. Les maisons de comic-books sont spécialistes du genre.
Exemple : les mondes de Captain America, Iron Man, Thor et Hulk ne font plus qu'un dans Avengers, et Superman et Batman s'affrontent dans la suite de Man of Steel, Batman v Superman: Dawn of Justice.
Prequel
Littéralement, « suite avant ». C'est une suite qui remonte le temps. Au lieu de raconter ce qu'il se passe après la fin de l'œuvre d'origine, elle explore les événements qui l'ont précédée, les origines de l'histoire qu'on connaît.
Exemple : la deuxième trilogie de Star Wars, dite « prélogie », qui raconte comment Anakin Skywalker est devenu Dark Vador et dont les épisodes ont été baptisés I, II et III bien que sortis après les épisodes IV, V et VI.
Sidequel
Littéralement, « suite à côté ». C'est une suite dont l'histoire se déroule en parallèle avec celle du film précédent. Il peut s'agir d'un autre point de vue sur les mêmes événements ou bien d'une intrigue différente se déroulant dans le même espace-temps.
Exemple : Lettres d'Iwo Jima et Mémoires de nos pères de Clint Eastwood racontent la même bataille, l'un du côté japonais, l'autre du côté américain.
Spin-off
Littéralement, « dérivé ». C'est une œuvre tirée d'une autre œuvre (donc un produit dérivé !). Un personnage secondaire ou une dimension annexe de l'histoire sont développés de façon à devenir le sujet principal d'un long métrage. Ce qui permet la création d'une nouvelle franchise, qui pourrait elle-même engendrer ses propres spin-offs.
Exemple : Les Minions est un spin-off de Moi, moche et méchant, Wolverine un spin-off de X-Men et Les Animaux Fantastiques , qui racontera en 2016 les aventures du sorcier Nwet Scamander, un spin-off de l'univers d'Harry Potter.
Stand-alone
Littéralement, « se tenir seul ». C'est un épisode lié à une franchise mais sans lien narratif direct avec elle. En d'autres termes, pas besoin d'avoir vu le reste pour comprendre ce qu'il se passe. Le stand-alone développe une histoire ponctuelle bien précise, indépendante de l'histoire principale dont il est issu et se suffisant à elle-même.
Exemple : Star Wars Rogue One racontera en 2016 comment l'escadron d'élite des pilotes de chasse de l'Alliance rebelle est parvenu à voler les plans de l'Étoile noire. Puis, en 2018, un autre stand-alone de Star Wars se penchera sur la jeunesse de Han Solo. Eh oui, spin-off, prequel et stand-alone peuvent se combiner !
Lire aussi : Tout ce qu'il faut savoir sur Star Wars Rogue One
Remake
Littéralement, « refaire ». C'est la reproduction d'un film passé. Sans doute s'agit-il du procédé le plus ancien et le plus courant dans l'industrie du cinéma, qui aime à recycler ses bonnes idées. L'objectif est simple : reconstituer le succès d'hier (ou d'ailleurs, dans le cas du remake d'un film étranger comme Le Dîner de cons transformé en The Dinner aux États-Unis) à travers une adaptation conforme aux canons – technologiques, culturels, sociologiques – d'aujourd'hui.
Exemple : King Kong de Peter Jackson (2005) est le remake d'un film culte en noir et blanc de 1933, qui avait déjà fait l'objet d'un premier remake en 1976.
Reboot
Littéralement, «redémarrer ». C'est la remise à zéro d'une saga. Quelle différence avec le remake ? Au lieu de chercher à rester fidèle à son prédécesseur, le reboot prétend faire la révolution. Comprenez : on prend tout, on secoue bien et on recommence. Rien de tel pour relancer une franchise en mal d'inspiration après plusieurs suites ! Les avantages sont nombreux : remplacer un acteur devenu trop célèbre et donc trop coûteux, toucher une nouvelle génération de spectateurs (tout en gardant potentiellement l'ancienne), mener la franchise vers une autre direction… au risque de lasser le public à qui l'on ressert souvent la même soupe sous couvert d'assaisonnement différent.
Exemple : The Amazing Spider-Man de Marc Webb (2012) rebootait la trilogie Spider-Man initiée en 2002 par Sam Raimi… pour se voir lui-même rebooté, trois ans à peine après sa naissance ! De même, Ben Affleck s'apprête à réintépréter la figure du Dark Knight dont Christopher Nolan avait redessiné les contours en 2005 dans Batman Begins, reboot de la saga lancée par Tim Burton en 1989. Les super-héros ne meurent jamais…
Lire aussi : Comment Spider-Man est mort et ressuscité... trois fois !
Retcon
Littéralement, "continuité rétroactive" (contraction de «retroactive continuity»). Ça se corse ! Le retcon est une suite qui ignore volontairement des faits établis dans de précédentes suites. Un révisionnisme scénaristique qui permet de corriger des éléments considérés comme des erreurs, de ressusciter des personnages, bref de continuer en ne gardant que ce qui nous arrange.
Exemple : Superman Returns reprend l'intrigue des aventures de l'Homme d'acier à la fin de Superman II, ignorant ce qui s'était produit dans les ratés commerciaux Superman III et IV. Le prochain Alien s'apprête à suivre le même modèle et à faire comme si les malencontreux Alien 3 et Alien Resurrection n'avaient jamais existé.
Reset
Littéralement, « réinitialiser ». C'est la nouvelle lecture d'une histoire connue. Quelle différence avec le reboot ? On recommence, mais pas tout à fait à zéro... Oui, ça devient compliqué à expliquer, alors passons à l'exemple :
Terminator Genisys reprend le programme bien connu : « John Connor envoie Kyle Reese dans le passé pour protéger sa mère Sarah Connor » et on retrouve l'inoxydable Arnold Schwarzenegger. Mais à cause d'une « fracture temporelle », ce programme a été réinitialisé et Sarah Connor n'est plus une damoiselle en détresse, c'est elle plutôt qui sauve la vie de Kyle Reese. Bref, le reset n'est rien d'autre qu'un nouveau tour de passe-passe apparenté au reboot et au retcon avec toujours la même raison d'être : le recyclage.
De snobisme d'expression. Utiliser un mot étranger lorsqu'il n'existe pas en français parait normal bien qu'il puisse être créé (walk man a donné baladeur) mais le plus terrible c'est de transformer la très française piste de danse en dance floor, ou d'affubler des films ou feuilletons français de musiques de génériques en anglais.