« La Demoiselle et le Dragon » : courage, fuyez !

CRITIQUE. Une princesse pas nunuche, une reine bien méchante et une dragonne marquée par un trauma du passé... Voici les ingrédients, goût raviolis en boîte, du nouveau conte de fées de Netflix.

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Millie Bobby Brown, la demoiselle, ne sait pas où se cache le dragon.
Millie Bobby Brown, la demoiselle, ne sait pas où se cache le dragon. © JohnWilson/Netflix / John Wilson/Netflix

Temps de lecture : 3 min

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Il était une fois une jeune princesse qui avait décidé de faire la peau au conte de fées traditionnel ! C'est le message – n'en cherchez pas d'autres, il n'y en a pas – que porte la nouvelle production déjà numéro 1 de Netflix, La Demoiselle et le Dragon, réalisée par le peu prolifique Juan Carlos Fresnadillo et lancée, ce n'est évidemment pas un hasard, le 8 mars, Journée internationale des droits des femmes. Ici, on parle princesse, reine, belle-mère et dragons, tous les ingrédients classiques du conte de fées mais revus et corrigés à la sauce post-MeToo, quitte à courir sur les sentiers battus d'un féminisme bon marché.

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« Les récits de princesses en danger attendant l'arrivée d'un valeureux chevalier pour les sauver sont trop nombreux pour être comptés. Ce récit n'est pas l'un d'eux. » Dès son introduction, La Demoiselle et le Dragon annonce clairement la couleur. Cette précision lourdingue balancée en voix off semble vouloir sonner comme une promesse. Celle de proposer un conte de fées qui trancherait le cou à ceux de notre enfance en leur insufflant une rasade de girl power. Une promesse moins audacieuse qu'il n'y paraît et qui, au final, ne fait pas d'étincelles, hormis celles (assez jolies) produites par le méchant dragon.

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Ici, l'héroïne s'appelle Élodie (Millie Bobby Brown). Cette princesse originaire d'une contrée au climat glacial coupe du bois dans la forêt accompagnée de sa petite sœur lorsque son père reçoit une lettre de la reine Isabelle (Robin Wright) à la tête du richissime royaume d'Aurea. Cette dernière propose à la demoiselle d'épouser son prince de fils.

Millie Bobby Brown contre les effets numériques

Point de tergiversation : pour sauver de la misère le royaume de papa, Élodie accepte cette offre inattendue, faisant fi de toute aversion contre les mariages arrangés. Bien mal lui en prendra : cette proposition providentielle cache une terrible coutume sans queue ni tête qui veut que la jeune mariée soit donnée en pâture au dragon du coin.

Millie Bobby Brown et Nick Robinson dans le rôle du prince pas si charmant. 
 ©  _J1A4447 / John Wilson/Netflix
Millie Bobby Brown et Nick Robinson dans le rôle du prince pas si charmant.  © _J1A4447 / John Wilson/Netflix
En élevant sa princesse au rang de victime sacrificielle, La Demoiselle et le Dragon tourne au cauchemar et ravale à la truelle la façade du conte de fées, se contentant d'en inverser sans finesse tous les codes : le prince n'est pas charmant, la marâtre est plus maternelle que l'on ne le croit, le roi est un pleutre et, surtout, la princesse n'est pas une nunuche prête à se faire immoler par le dragon sans sortir ses griffes manucurées. Une réécriture des contes dans l'air du temps, mais qui a déjà occasionné quelques tentatives, la meilleure restant à ce jour Maléfique, vision féministe de La Belle au bois dormant, sortie en 2014.

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Et il arriva ce qui devait arriver… Ce film estampillé Netflix se prend les pieds dans la traîne royale et se contente de nous conduire vers un final attendu, à coups d'effets spéciaux inégaux, de décors cheap tout en roses rouges et surtout au son des hurlements de son héroïne jetée dans un gouffre où sommeille, d'un œil, une mère dragonne très proche de la bétaillère de Harry Potter.

Élodie est campée par Millie Bobby Brown, comédienne marketing historique de Netflix, qui, après Eleven dans Stranger Things et Enola Holmes, se retrouve encore une fois cantonnée à se battre avec des effets numériques, le nombre de ses répliques étant inversement proportionnel à celui de ses mimiques apeurées et effrontées. Autant dire qu'on est assez éloigné du charisme d'Angelina Jolie…

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Pour incarner la diabolique reine Isabelle, aussi blonde que cruelle, la production a jeté son dévolu sur Robin Wright, en forme de pied de nez à Bouton d'Or, l'héroïne du film Princess Bride, qui en 1987 la fit passer de la case soap (Santa Barbara) à celle du cinéma. Pour le reste, Angela Bassett est réduite à jouer les faire-valoir dans le rôle de la belle-mère, tandis que Ray Winstone fait de son mieux en papa rongé par la culpabilité.

Alors, que reste-t-il des aventures de la princesse Élodie ? Pas grand-chose si ce n'est l'impression d'avoir perdu son temps devant un film paresseux, paré d'un discours féministe hélas bien mal servi. Pour aller plus vite, laissez-vous tenter par la bande-annonce qui devrait suffire à tout vous révéler !

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Commentaires (4)

  • MONTBELLO

    À éviter sauf si vous avez du temps à perdre.
    Très juste critique, tout est dit.

  • GL31

    C'est sur, le film n'est pas inoubliable, mais j'ai bien aimé. C'est un bon petit serie B.
    Quand au message woke ou feministe, il n'est vraiment ni prenant, ni incisif : juste une inversion des valeurs qui est plus amusant que militant.

  • agri2

    Un conte de fée woke... Bon comme les nouveaux Disney, on va éviter