« Vermines » : le film d’horreur qui monte, qui monte…

Dernière sensation horrifique, ce film de genre français se déroule dans un immeuble de banlieue infesté d’araignées venimeuses. Arachnophobes s’abstenir !

Par

Vermines est un film réalisé par Sébastien Vaniček avec Théo Christine et Sofia Lesaffre.
Vermines est un film réalisé par Sébastien Vaniček avec Théo Christine et Sofia Lesaffre. © © 2023 – My Box Films – Tandem.

Temps de lecture : 6 min

Lecture audio réservée aux abonnés

Après la psychose des punaises de lit qui a frappé la France cette année, une nouvelle vague de terreur s'apprête à balayer nos écrans fin 2023. Pour son premier long-métrage, Sébastien Vaniček a en effet réalisé un cauchemar arachnéen : Vermines. Et ce film d'horreur, en salle mercredi 27 décembre, va relancer le sempiternel débat sur « le cinéma de genre en France ».

Si les films d'attaques animales se comptent par centaines au cinéma (en mars dernier, on a eu droit à Crazy Bear et son ours sniffeur de coke), les Américains ont aussi tourné de nombreux longs-métrages sur des insectes et des araignées (Tarantula de Jack Arnold date tout de même de 1955 !). D'Arachnophobie (1990) de Frank Marshall à Arac Attack, les monstres à huit pattes (2002) d'Ellory Elkayem en passant par le Starship Troopers(1997) de Paul Verhoeven, le phénomène n'est pas nouveau.
On trouve même une séquence d'araignée géante dans Le Seigneur des anneaux : Le retour du roi (2003) de Peter Jackson. Mais notre pays a toujours été à la traîne sur le sujet. Jusqu'à aujourd'hui.

La newsletter culture

Tous les mercredis à 16h

Recevez l’actualité culturelle de la semaine à ne pas manquer ainsi que les Enquêtes, décryptages, portraits, tendances…

Votre adresse email n'est pas valide

Veuillez renseigner votre adresse email

Merci !
Votre inscription a bien été prise en compte avec l'adresse email :

Pour découvrir toutes nos autres newsletters, rendez-vous ici : MonCompte

En vous inscrivant, vous acceptez les conditions générales d’utilisations et notre politique de confidentialité.

L'araignée s'échappe et se reproduit à toute vitesse

Après les sauterelles de La Nuée (2020) de Just Philippot et la ménagerie du Règne animal (2023) de Thomas Cailley, voici donc les araignées mutantes de Vermines. L'action du film se déroule dans une cité de la banlieue parisienne. Théo Christine, que l'on avait beaucoup aimé en Joey Starr dans Suprêmes (2021), le biopic sur NTM, joue ici Kaleb, un jeune homme d'une vingtaine d'années qui partage, depuis la mort de sa mère, un appartement avec sa sœur Manon (Lisa Nyarko) dans un HLM.

À LIRE AUSSI Cinéma : « Le Règne animal », des créatures plus vraies que nature

Grâce à son sens de la débrouille, il fait commerce de baskets Nike et autres chaussures de sport. Mais l'orphelin a une autre passion dans la vie : il collectionne dans sa chambre des animaux exotiques dans des vivariums (serpents, scorpions, papillons, limaces…). Un jour, dans une boutique de son quartier, il fait l'acquisition, sans le savoir, d'une araignée issue d'un trafic et achetée sous le manteau. Il la rapporte chez lui, la glisse dans une boîte à chaussure. Mais la bestiole s'échappe !

D'origine inconnue, cette araignée d'un genre très spécial ne va pas tarder à faire des petits et à se reproduire à vitesse grand V. Ce qui va créer bientôt la panique chez les habitants de cet immeuble vétuste, qui vont devoir faire face à une invasion d'araignées tueuses, de plus en plus rapides et agressives. Ils vont tenter de survivre alors que leur tour est bientôt mise en quarantaine par la police.

La cité en toile de fond

Scène de "Vermines" Sébastien Vaniček.
 ©  © 2023 – My Box Films – Tandem.
Scène de "Vermines" Sébastien Vaniček. © © 2023 – My Box Films – Tandem.
Le bâtiment iconique qu'on aperçoit dans le film est situé à Noisy-le-Grand, la ville dans laquelle le réalisateur a grandi, en Seine-Saint-Denis. Il s'agit des Arènes de Picasso, achevées en 1985 et conçues par l'architecte russo-espagnol Manuel Núñez Yanowsky. Une façade en forme de toile d'araignée idéale pour servir de décor au film. Vaniček exploite au maximum chaque recoin de son immeuble (hall, ascenseur, cage d'escalier, cave, couloir, parking), appréhende parfaitement le cadre et l'espace de son huis clos en CinémaScope.

La banlieue est d'ailleurs très présente dans le cinéma français ces derniers temps. L'an passé, un autre film fantastique s'y déroulait : La Tour (2022) de Guillaume Nicloux. Et récemment un drame avec Camélia Jordana (Avant que les flammes ne s'éteignent) et le nouveau de Ladj Ly (Bâtiment 5) prenaient pour cadre ces régions suburbaines nourries de fantasmes et de superstitions. Vaniček, la banlieue, il connaît. Il en vient. Et il a voulu donner une image positive du 9-3, si souvent caricaturé à l'écran.

À LIRE AUSSI « Bâtiment 5 » : Anta Diaw, Française d'aujourd'huiEn une quinzaine d'années, il a tourné une flopée de courts-métrages avec les moyens du bord. C'est le Gladiator (2000) de Ridley Scott qui lui a donné envie de faire du cinéma. Assez ambitieux, son premier long-métrage a coûté autour de 4 millions d'euros et malgré ce budget modeste, le résultat a une certaine allure. Netflix a participé au financement du film et Vermines sera diffusé sur la plateforme dans quelques mois.

Pour le look de ses créatures, le réalisateur a refusé de s'inspirer de mygales et tarentules – qu'on a trop vues au cinéma – et a choisi à la place une espèce d'araignées venues du Laos, la Heteropoda maxima. D'une taille impressionnante, celle-ci procure de délicieux frissons. Mac Guff, la célèbre compagnie d'effets visuels numériques qui a travaillé dernièrement sur Le Règne animal, a intégré dans le film des versions 3D de ces araignées venimeuses. Et la société de maquillages CLSFX-Atelier 69, basée à Montreuil, a fabriqué d'autres bébêtes en dur pour les besoins de certains plans.

Le réalisateur de "Vermines" Sébastien Vaniček.
 ©  © 2023 – My Box Films – Tandem.
Le réalisateur de "Vermines" Sébastien Vaniček. © © 2023 – My Box Films – Tandem.
Mais Vaniček a tourné aussi avec des araignées bien réelles ! Ce mélange d'images de synthèse, d'animatronique et de prises de vue sans trucage fonctionne très bien à l'écran. Le résultat est efficace et rivalise avec les effets spéciaux de certaines productions américaines. C'est l'un des points forts du film. Un montage nerveux, qui privilégie l'énergie, donne également du punch aux scènes d'action. Le mixage, les bruitages et le sound design sont aussi très soignés. Avec du rap français saturé d'autotune en fond sonore, Vermines compte séduire un jeune public avide de sensations fortes. Mais si techniquement, le film est assez abouti, il pèche en revanche sur d'autres aspects.

« Vermines », une pure Série B

Ce qui cloche dans le film est lié à l'écriture. Passons sur les dialogues en verlan estampillés « banlieue » (« Wesh ! »). Le souci vient principalement de la caractérisation des personnages. Certains sont un peu simplistes. D'autres très caricaturaux (à l'image de ce voisin bourrin, armé jusqu'aux dents, qui tente de se faire justice lui-même).

Vaniček et son coscénariste, Florent Bernard, ont de plus imaginé une sous-intrigue assez naïve et artificielle qui n'apporte rien au récit (Kaleb, le héros du film, s'est fâché avec un pote de jeunesse, interprété par Finnegan Oldfield. Fera-t-il son mea culpa ?). « La plupart des personnages du film ont du mal à communiquer les uns avec les autres car ils ne s'écoutent pas », a expliqué le cinéaste. Le manque d'entraide entre un frère et une sœur, l'absence de dialogue entre deux amis d'enfance désormais en froid, mais aussi entre les jeunes et la police, provoquent ici des dégâts. Et la menace invisible que représentent les araignées exacerbe les tensions entre les protagonistes du film.

Le réalisateur a déclaré aussi « vouloir éviter les clichés du film de banlieue antiflic, qui mettent de l'huile sur le feu et attise la violence ». Il montre pourtant, dans la dernière partie de Vermines, des CRS totalement déshumanisés et ultraviolents, dont le visage est dissimulé par un casque. Ils sont décrits comme des robots stupides, des brutes épaisses. Et seul le personnage d'un policier municipal vient heureusement tempérer un peu cette vision manichéenne et schématique des forces de l'ordre.

Malgré ces quelques maladresses, ce film réserve de très bons moments, comme cette scène située dans une salle de bains où les créatures s'infiltrent par une bouche d'aération et la bonde d'évacuation d'une douche. Ou encore cette séquence de suspense dans une cave éclairée pendant quelques secondes par un minuteur électrique alors que les protagonistes, pris dans d'immenses toiles d'araignées, doivent traverser un couloir étroit infesté de bestioles. Car le Vermines de Vaniček est une pure série B, un simple divertissement, un film sans prétention. Il ne délivre pas de message politique ou social à l'instar de tous ces films d'« elevated horror », comme le Get Out (2017) de Jordan Peele, qui use de métaphores pour dire quelque chose sur son époque. L'effort est louable.

À LIRE AUSSI Jason Blum : de Paranormal Activity à Get Out, le Midas de l'épouvantePrésenté en avant-première mondiale à la Mostra de Venise en septembre dernier, lauréat du prix spécial du jury au Festival international du film fantastique de Sitges, cette toile interdite aux moins de 12 ans va désormais causer des démangeaisons aux spectateurs dans les salles. Pour notre part, nous sommes très curieux de découvrir le prochain film de Vaniček. Les Américains lui ont déjà fait un flot de propositions. Mais le jeune cinéaste prend le temps de les examiner. À 34 ans, le metteur en scène s'impose comme une figure nouvelle du cinéma fantastique français. L'avenir lui appartient. On lui souhaite donc bonne chance.

À ne pas manquer

Ce service est réservé aux abonnés. S’identifier
Vous ne pouvez plus réagir aux articles suite à la soumission de contributions ne répondant pas à la charte de modération du Point.

0 / 2000

Voir les conditions d'utilisation
Lire la charte de modération

Commentaires (5)

  • justinien10

    Cela me rappelle une excellente nouvelle de SF américaine : des extraterrestres se posent sur Terre, et ils ont l’apparence de gentils grands-pères. Pacifiques, débonnaire, ils transmettent leur technologie aux terriens, sans jamais sortir de leur vaisseau, puis repartent.
    Dans leur vaisseau, loin de la Terre, ils s’attristent que les terriens ne jugent que sur les apparences, et ils reprennent leur véritable apparence : celle d’araignées géantes !
    Sans doute les araignées nous trouvent-elles... Horribles !

  • Pkor

    Quelle belle idée.
    Dommage que cela se fasse au détriment de ces pauvres bestioles qui ne font de mal à personne.

  • INTERSTELLAR

    « La France de MACRON » sortie prévue en 2027 est un must du film d’horreur tiré d’une histoire vraie.