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Le film ou la série de mode est un exercice périlleux, allant du kitsch vintage – tendance Robert Altman dans les années 1980 – à l'hagiographie lénifiante, car faussement sulfureuse – version Coco avant Chanel, le film d'Anne Fontaine avec Audrey Tautou –, via le jeu des clichés dont la série Emily in Paris est l'acmé affligeant. Une production abondante souvent pitoyable, expliquant en grande partie le succès des documentaires sur ce monde qui fascine tant. À cette aune-là, on attaquait avec un rien de soupçon le premier épisode de The New Look, sur Apple TV+.
L'argument ? Le récit de l'explosion de la mode parisienne après-guerre, dont 1947 serait l'année zéro avec la présentation par Christian Dior d'une collection allant à l'encontre de l'austérité des années précédentes, et baptisée par la critique américaine de New Look. La trame sur fond de rivalités avec Coco Chanel repose sur un casting estampillé « production de qualité », avec en tête Juliette Binoche dans le rôle épineux de Gabrielle Chanel, John Malkovich en Lucien Lelong – le grand couturier parisien avant Dior et Chanel –, et surtout, pour incarner Christian Dior, légende française, Ben Mendelsohn, vieux routard du cinéma américain surtout connu du grand public français pour sa participation à Rogue One ou Captain Marvel.
The New Look : Juliette Binoche convaincante
Loin de la tentation du glamour, le premier épisode contextualise : la guerre, l'Occupation, les palinodies des uns et des autres – peut-on ou pas travailler dans la mode quand Paris est occupé ? Faut-il, selon l'expression consacrée, coucher avec les Allemands pour se sauver ? Le tout est tenu, sobre, dans une reconstitution soignée qui évite le spectaculaire. Le scénario, lui, joue la sobriété : les premiers passages de robe sont celles que Christian Dior, invité à donner une conférence, dévoile à des étudiants et une question sur son activité pendant la guerre de provoquer un long flash-back.
Le ton est plutôt mezza voce, sans effet. Juliette Binoche en Coco jeune, hésitante face à l'occupant, puis vieillissante, mordante et méchante en fait moins que Geraldine Chaplin – qui tint le même rôle dans des courts-métrages réalisés par Karl Lagerfeld pour Chanel – et on ne peut que s'en féliciter. La vraie (bonne) surprise tient dans le jeu sobre lui aussi de Ben Mendelsohn, qui donne au personnage du couturier une retenue, une timidité et, disons-le, un chic qui correspondent sans doute mieux à la réalité que les caricatures souvent présentées de la figure du couturier.
The New Look : la découverte Ben Mendelsohn
Et puis apparaissent, des personnages peu connus, Catherine Dior, sœur de Christian – interprétée par Maisie Williams, ex-Arya Stark de Game Of Thrones – que l'on voit entrer en Résistance et la figure donc de Lucien Lelong… Verdict ? Pas de caricature, peu de mode dans ce premier épisode, mais du scénario bien ficelé, une vraie direction d'acteur. On regarde, on prend son temps, et on se dit que oui, on va continuer – même sans être fashionista – et probablement jusqu'au dixième épisode…
Ben Mendelsohn est un très bon acteur, il a souvent des rôles salauds.