« The Marvels » : pourquoi le nouveau Marvel va vous faire ronfler...

CRITIQUE. Cette suite de « Captain Marvel » condense un trio de super-héroïnes en 1 h 45 d’une intrigue molle et kitsch, symptomatique de l’impasse créative du MCU. Marvel est à court de merveilles.

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Iman Velanni surjoue au centuple la fan girl énamourée devant Captain Marvel, Brie Larson a l’air toujours aussi blasée, Teyonah Parris fait ce qu’elle peut. 
Iman Velanni surjoue au centuple la fan girl énamourée devant Captain Marvel, Brie Larson a l’air toujours aussi blasée, Teyonah Parris fait ce qu’elle peut.  © Marvel Studios

Temps de lecture : 4 min

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Nos critiques des productions Marvel se suivent et se ressemblent tristement… Après avoir râlé devant Thor : Love and Thunder, rouspété devant Black Panther : Wakanda Forever, fulminé devant Ant-Man : Quantumania, soupiré devant Les Gardiens de la Galaxie, Volume 3, nous voilà plongés dans une lasse léthargie devant ce The Marvels qui, à son tour, cristallise tout ce qui ne tourne plus rond dans le Marvel Cinematic Universe (MCU). Nous l'avons déjà écrit à l'occasion des précédents faux pas du studio, nous le répétons ici : la filiale de Disney, jadis véritable appeau à foules avec ses super-héros nonchalants virevoltant au fil de films et séries interconnectés, s'est embastillé dans une formule désespérément grippée.

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À force de n'embaucher que des réalisateurs sans flamme, petits télégraphistes d'une toile d'intrigues toujours plus contraignante et de choix graphiques standardisés, Marvel se répète, se fatigue et nous avec. Malgré quelques éparses qualités, The Marvels, ni pire ni meilleur que les ratages notoires précités, pâtit de ce paradigme rouillé dans lequel le grand manitou Kevin Feige, président de Marvel Studios, se love trop confortablement depuis plus de dix ans. Vite, un peu d'oxygène avant l'asphyxie définitive !

Dans ce troisième long-métrage de la réalisatrice Nia DaCosta, qui fait ici ses débuts dans le MCU, nous retrouvons Carol Danvers alias Captain Marvel (Brie Larson), mais aussi l'ado boulotte extatique Kamala Khan alias Miss Marvel (Iman Vellani), transfuge de la série Disney+ du même titre et, enfin, le capitaine Monica Rambeau (Teyonah Parris), découverte dans WandaVision, autre mini-feuilleton Disney+.

Tandis que Nick Fury (Samuel L. Jackson, dit papy bedonnant) veille toujours sur la Terre à bord d'une super station spatiale en orbite, les trois jeunes femmes, qui évoluent séparément (Kamala dans son New Jersey natal, Carol et Monica dans l'espace), découvrent qu'elles permutent involontairement entre elles à chaque utilisation de leurs pouvoirs. Source du bug : une perturbation créée par un bracelet quantique porté par la super-vilaine du film, Dar-Benn (Zawe Ashton), nouvelle dirigeante de la planète Hala, patrie du peuple Kree. Menaçant notre propre soleil, Dar-Benn entend se venger de Captain Marvel, qu'elle surnomme « l'annihilatrice » et à qui elle reproche d'avoir saccagé Hala lors d'événements passés. C'est en tout cas ce que nous avons compris, n'étant pas tout à fait à jour sur les séries Disney+.

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Girl power crié à tue-tête

Et c'est bien le souci : pour vous investir a minima dans The Marvels, et comprendre les (maigres) enjeux des relations entre Carol, Kamala et Monica, mieux vaut VRAIMENT avoir vu au préalable le premier opus ainsi que WandaVision et Miss Marvel. Ou même avoir gardé en mémoireThor : Love and Thunder pour comprendre ce que vient faire là, le temps d'une scène, l'actrice Tessa Thompson et où son personnage, La Valkyrie, emmène la colonie de réfugiés Skrulls chassés de leur planète par Dar-Benn. Dans le cas contraire, The Marvels se consomme un peu à l'aveuglette, scène après scène, en contemplant les quelques effets visuels réussis pour passer le temps et surtout, sans jamais ressentir d'émotion particulière.

Tantôt la paupière lourde, tantôt l'œil vaguement relevé ici et là, comme lors de ce curieux intermède musical bollywoodesque sur une planète attaquée par Dar-Benn, illuminé par les costumes des habitants, croisement kitsch entre ceux de Flash Gordon et San Ku Kai. Captain Marvel a eu une liaison avec le prince de l'astre en question, parait-il… Okay, on l'ignorait mais pourquoi pas, ça danse, ça frou-froute, c'est divertissant et puis on oublie, en passant à la séquence suivante. Dans la veine de Thor : Love and Thunder, donc.

Quand Bollywood s'invite chez Marvel...
 ©  Marvel Studios
Quand Bollywood s'invite chez Marvel... © Marvel Studios

Les fans des Flerken, cette race de chat extraterrestre à la bouche dissimulant de voraces tentacules géants (et découverts dans Captain Marvel), apprécieront la prolifération à l'écran des matous gloutons. Source de gags visuels fort cartoonesques dont se repaissent les scénaristes, les bestiaux fournissent au récit son unique séquence un tant soit peu poilante, entre deux scènes de bagarre lambda qu'une IA pourrait sans doute fignoler. Iman Velanni surjoue au centuple la fan girl énamourée devant Captain Marvel, Brie Larson a l'air toujours aussi blasée, Teyonah Parris fait ce qu'elle peut, les dialoguistes nous pondent une petite perle communautariste dont Marvel a le secret et la réalisatrice regarde le train passer. Le girl power crié à tue-tête, on valide avec plaisir bien sûr... mais avec du talent et de vrais enjeux émotionnels, ce serait encore mieux.

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Quels que soient les chiffres de The Marvels au box-office – et les prévisions sont médiocres aux États-Unis –, Marvel Studios serait vraiment inspiré de bifurquer vers d'autres espaces créatifs pour toucher de nouveau les étoiles. À en croire un retentissant récent article de Variety sur les déboires du groupe dans l'après-pandémie, l'ambiance n'est plus au beau fixe en interne et les têtes pensantes gambergent à plein régime pour comprendre comment renouer avec la gloire des jours heureux. Souvenez-vous de ce temps pas si lointain, en 2019, quand Avengers : Endgame disputait à Avatar la place de plus gros succès de tous les temps. En attendant, la séquence post-générique de The Marvels attise un peu plus l'attente des fidèles concernant de futurs nouveaux entrants dans le MCU. Le grand public, lui, a-t-il seulement encore envie de rire à la grande farce avariée des super-héros ?

« The Marvels », de Nia DaCosta (1 h 45). En salle ce mercredi.

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Commentaire (1)

  • DominiqueD2B

    Les films de Marvel, autrefois divertissants, sont maintenant devenus un méli-mélo d’effets spéciaux incompréhensibles, portés par une absence totale d’intrigues et des scénarii confus. Je n’arrive plus à dépasser le premier quart d’heure sans m’endormir malgré l’avalanche d’artifices, de combats violents et d’explosions bruyantes. Par ailleurs, le wokisme, le néo-féminisme et les combats écolos-bobos-lgbt ne sont pas mon truc. Donc je m’abstiendrai d’aller voir cette production, à moins que les critiques ne me disent que tout à changé chez Marvel, ou à la rigueur que Tim Burton ait assuré la mise en scène…