« Rebel Moon », « Watchmen », « 300 »… : on a classé du pire au meilleur les films de Zack Snyder

La deuxième partie du diptyque de SF « Rebel Moon » débarque ce 19 avril sur Netflix. L’occasion de mettre un peu d’ordre dans le CV du réalisateur.

Par Yaël Djender

La deuxième partie du diptyque de SF « Rebel Moon » débarque ce 19 avril sur Netflix.
La deuxième partie du diptyque de SF « Rebel Moon » débarque ce 19 avril sur Netflix.

Temps de lecture : 9 min

Zack Snyder. Ce seul nom, dans le marigot geek, peut susciter autant de cris d'admiration que de soupirs de consternation. Avec le réalisateur de 300, Batman v Superman ou Justice League, pas de juste milieu. Alors que Rebel Moon – Partie 2 : l'entailleuse – suite de son ambitieuse épopée de science-fiction, sortie en décembre dernier – arrive sur Netflix le 19 avril, un vent de nostalgie souffle sur l'auteur de ces lignes, qui a décidé (le fou !) de réviser puis classer l'ensemble de la dizaine de longs-métrages de l'élève le plus turbulent de la pop culture. Issu du milieu de la publicité, Zack Snyder avait brillamment débuté sa carrière hollywoodienne avec L'Armée des morts (2004), remake du Zombie de George A. Romero, classique absolu du genre.

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Péplum, film d'animation et surtout blockbusters de super-héros… le réalisateur s'est ensuite jeté tête la première dans la démesure pour offrir une vision très personnelle et hyperbolique de grandes franchises pop. 300 (2006), Watchmen (2009), Zack Snyder's Justice League (2021)… À chaque fois, un style récurrent : incarnation musclée, profusion de ralentis, symbolique religieuse insistante. Une formule qui a su faire mouche auprès d'une frange du public – son œuvre culmine tout de même à près de trois milliards d'euros de recettes mondiales au box-office – qui vénère à l'extrême l'art du cinéaste.

Le goût de Snyder pour l'ultra-spectaculaire a même fait de lui un précurseur pour ses admirateurs. Si bien que Christopher Nolan (récemment récompensé pour Oppenheimer) déclarait en décembre dernier dans les colonnes du magazine américain The Atlantic « qu'aucun film de super-héros et de SF aujourd'hui n'est pas influencé par Zack [Snyder] ». La messe est dite ? Calmons-nous et tâchons d'y voir plus clair dans le tri du meilleur et du pire de l'épopée hollywoodienne du soldat Snyder.

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10. Army of the Dead (2021)

Après un accident de la route, un zombie s'enfuit d'un convoi à Las Vegas et contamine les alentours. Envahie, la ville de l'Ouest américain est mise sous quarantaine. Un milliardaire aura la brillante idée de missionner un groupe de militaires (dont Dave Bautista, star des Gardiens de la Galaxie) pour récupérer les 200 millions de dollars oubliés dans un casino… entouré de morts-vivants. Incontestablement le plus crétin du classement, Army of the Dead tentait de concilier film de braquage à la Ocean's Eleven et nanar de zombies. Sans succès. Les dialogues sont écrits à l'emporte-pièce, les ralentis sont atroces et le semblant de brûlot politique ne prend jamais vraiment. Reste une scène introductive sympathique, et un oscar 2022 glané sur vote des fans via Internet, Covid oblige. Surprise, pour un réalisateur adulé en ligne.

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9. Rebel Moon – Partie 1 : enfant du feu (2023)

Une colonie de fermiers installée sur la paisible lune Veldt voit son quotidien bouleversé par les velléités d'annexion du tyran Balisarius (Fra Fee, Hawkeye). L'une de ses habitantes au passé trouble, Kora (Sofia Boutella, vue dans La Momie), lancera la rébellion en réunissant une équipe de guerriers recrutés à travers la Galaxie. Une neuvième position cruelle, mais inéluctable. Si ce premier Rebel Moon peut se targuer de belles idées, notamment esthétiques, il pèche par le fait d'en avoir trop, trop rarement développées. Direction d'acteurs presque inexistante, nombreux décors sous-exploités, longueurs introductives… Le film sert de marchepied à sa suite, qui a tout intérêt à être pleinement spectaculaire, elle.

8. Le Royaume de Ga'hoole : la légende des gardiens (2010)

Deux jeunes chouettes tombées du nid sont capturées par des méchants hiboux un poil eugénistes, les « Sangs purs », qui entendent instaurer une hiérarchie des races parmi les volatiles. Regonflée par sa foi en les « gardiens », un bataillon de chouettes censé rétablir la paix, Soren, l'une des captives, s'enfuit et part à la recherche de ces héros légendaires. Ovni dans la filmographie de son réalisateur, Le Royaume de Ga'hoole marque la première et seule tentative de Zack Snyder dans l'animation. Adaptée des livres de Kathryn Lasky, cette proposition ambitieuse, visuellement frappante (et toujours jolie, malgré la quinzaine d'années écoulées), peine à exister une fois l'effet « waouh » passé. On recommande pour les émouvants rapports interpersonnages.

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7. Batman v Superman : l'aube de la justice (2016)

L'existence du tout-puissant Superman (Henry Cavill, The Witcher) implique-t-elle nécessairement celle d'un moyen de dissuasion à la hauteur de son pouvoir ? C'est tout le dilemme posé à un Batman grisonnant (Ben Affleck, Gone Girl), tourmenté par le super-vilain Lex Luthor (Jesse Eisenberg, Insaisissables), qui en coulisses tisse l'affrontement entre les deux héros stars de DC Comics. Incompris. Frustrant. Anachronique. Les qualificatifs manquent pour décrire cette œuvre qui, en jouant la carte du pessimisme à gogo, oublie parfois l'essence des personnages qu'elle adapte. De Batman v Superman, on retiendra une photographie léchée, un casting aux petits oignons et des thématiques fortes. On jettera une intrigue inutilement alambiquée et un dernier acte brouillon au possible. Bien mieux en version longue [« ultimate edition » en VO, NDLR], soit dit en passant.

6. Sucker Punch (2011)

Après le décès de sa mère, dont elle est accusée à tort, l'héroïne Baby Doll (Emily Browning, Legend) est placée en hôpital psychiatrique pour y être lobotomisée. Dans ses pensées commence alors à s'écrire le récit épique d'une évasion où, accompagnée de quatre autres pensionnaires, elle fuirait la misère au rythme de combats plus surnaturels les uns que les autres. La portée féministe de Sucker Punch est malheureusement restreinte par une proposition très inégale. On est baladé de laideurs en splendeurs pendant deux heures, dans une improbable hybridation entre le jeu vidéo et le manga. L'interprétation tombe souvent à plat. Au moins la bande originale, faite de reprises des tubes de Queen, Eurythmics ou des Pixies, est, elle, canon. Un film aux allures d'inachevé, qui mérite malgré tout une seconde chance en 2024.

5. Man of Steel (2013)

Réécriture des origines de Superman, Man of Steel suit toujours le jeune Clark Kent (Henry Cavill), extraterrestre de la planète Krypton doté d'immenses pouvoirs, recueilli par une famille de fermiers du Kansas. Enfant, puis adolescent, puis adulte, Kent partage sa vie entre grandir en humain lambda et apprendre à devenir un super-héros. Le costume lui va comme un gant, à Cavill. Le Britannique et consorts acteurs – Michael Shannon, Amy Adams ou Diane Lane – brillent. Le film se fiche royalement des jalons posés par l'inimitable Superman de Richard Donner (1978), qu'avait suivis à tort avant lui le mollasson Superman Returns (2006). Et livre une lecture plus noire, certes, mais surtout davantage terre à terre de la légende de l'homme d'acier. Attention, toutefois : haut potentiel déception pour les plus puristes des fans du héros.

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4. Zack Snyder's Justice League (2021)

Snyder avait été contraint de quitter la production de Justice League (2017) à la suite du décès de sa fille, Autumn. Le montage alors sorti au cinéma avait été largement tripatouillé par Joss Whedon (Avengers), embauché à l'occasion, pour un résultat répugnant, dont on vous fait grâce dans ce classement. Dans Zack Snyder's Justice League, Batman, Wonder Woman, Superman et leurs collègues affrontent le malveillant Steppenwolf, pour un format XXL de 4 heures… Une version longue, au sens propre.

Sorti uniquement en VOD grâce à la mobilisation des fans, le film avait su compenser l'échec Whedon en donnant les pleins pouvoirs à son réalisateur. L'ensemble est imparfait, mais plein de cœur, chapitré de manière à laisser au spectateur le temps de comprendre ce qu'il voit – ou de faire des pauses. Et puis on l'aime cette vision façon Snyder de la super-équipe, presque devenue un nouvel Olympe… Déjà un sacré morceau de l'histoire du genre, ne serait-ce que par sa genèse si particulière.

3. L'Armée des morts (2004)

À ne pas confondre avec le récent Army of the Dead du même Snyder sur Netflix, placé en queue de peloton dans notre classement. L'Armée des morts (titre original : Dawn of the Dead – littéralement, L'Aube des morts) fut, en 2004, conçu par le réalisateur comme un semi-remake de Zombie (1978) de George A. Romero, classique absolu du genre. Le succès international de 28 jours plus tard de Danny Boyle avait, en 2002, relancé la mode du film de morts-vivants et déclenché le feu vert du studio Universal pour cette relecture du chef-d'œuvre vénéré de Romero.

L'Armée des morts suit un groupe très disparate de civils cloîtré dans un centre commercial américain, après l'émergence d'une épidémie transformant la population mondiale en dévoreurs de chair humaine. L'action débridée en plus, la satire sociale en moins (Zombie dénonçait en creux la société de surconsommation des années 1970, une dimension politique totalement absente de ce remake), le premier long-métrage de Zack Snyder a définitivement réanimé, sur les plans créatif et commercial, un genre alors en coma dépassé. Gore à gogo, avec un sens de l'image et un rythme à tomber à la renverse, L'Armée des morts reçut même les honneurs d'une projection hors compétition au Festival de Cannes. Une reconnaissance méritée.

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2. 300 (2006)

En 480 avant Jésus-Christ, Leonidas (Gerard Butler), souverain des Spartiates de Grèce, doit défendre son territoire de l'invasion des Perses, menés par le tyran Xerxès (Rodrigo Santoro). Il réunit alors ses 300 meilleurs soldats… Pour en affronter des dizaines de milliers. Adaptation de la bande dessinée éponyme signée Frank Miller, le film est en réalité un récit largement fantasmé de la bataille antique du Thermopyles. Reste que la bande de gaillards bodybuildés menée par Butler en impose dans ce décor 100 % numérique mais sublime, à montrer dans toutes les bonnes écoles d'effets spéciaux. Des répliques mythiques à la musique de Tyler Bates (John Wick, Pearl), en passant bien sûr par la « patte » (pour la première fois aussi reconnaissable) Zack Snyder et la fidélité au matériau d'origine, 300 n'a pas seulement l'air d'un film culte. Il l'est.

1. Watchmen : les gardiens (2009)

Dans une Amérique de la guerre froide en proie aux craintes d'un conflit nucléaire, une équipe de super-héros aussi salauds que les criminels qu'ils sont censés arrêter est mise en retraite anticipée. Certains d'entre eux vont en sortir pour enquêter sur un complot impliquant des justiciers, et qui pourrait bien se finir en échange de missiles entre Soviétiques et Américains… Toujours terriblement d'actualité, Watchmen est le zénith de la carrière de Zack Snyder.

Une transposition plus qu'honorable du comics sacré d'Alan Moore et Dave Gibbons (1986). Mais aussi un vrai blockbuster d'auteur, où se rencontrent avec brio les peurs de l'époque décrite à l'écran, soient-elles géopolitiques ou bien plus intimes. Le film mélange étrangement le spectaculaire du genre super-héroïque tout en prenant son contre-pied. Une démarche qui, quinze ans plus tard, motive encore de nombreux auteurs, tels ceux des séries The Boys et Invincible, à franchir le cap de l'adaptation. Assurément l'un des meilleurs films de super-héros.

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Commentaires (2)

  • Mouais59

    Watchmen, comme le Dune de Lynch...

  • itinérant

    Tout a fait d'accord avec le classement de watchmen, juste culte !...