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On l'avait attendu longtemps, ce troisième volet des Animaux fantastiques, dérivé de la célébrissime saga Harry Potter. Le deuxième opus de la série, Les Crimes de Grindelwald, était sorti en 2018. Initialement prévu pour 2020, Les Secrets de Dumbledore avaient affronté plusieurs maléfices. En 2019, les accusations de violences conjugales portées contre Johnny Depp, qui incarnait le méchant de la saga, Gellert Grindelwald, avaient poussé la société Warner Bros à remplacer la star hollywoodienne par l'acteur danois Mads Mikkelsen.
En 2020, l'épidémie de Covid-19 avait interrompu plusieurs fois le tournage. Avec deux ans de retard, le troisième volet des Animaux fantastiques sortait en 2022, concentré autour de l'un des personnages les plus intrigants du monde merveilleux inventé par J. K. Rowling : Albus Dumbledore, vénérable directeur de la célèbre école Poudlard. Cela valait la peine d'attendre : le film diffusé ce soir par TF1 ne déçoit pas. Fidèle à l'ADN de la saga, le bestiaire imaginé par J. K. Rowling, coscénariste du film réalisé par David Yates – aux manettes des quatre derniers Harry Potter et des précédents opus des Animaux fantastiques –, est à la hauteur de nos espérances.
En ce tout début des années 1930, Albus ne marche pas encore sur sa longue barbe grise. Incarné par un Jude Law fringant et à peine dégarni, en costume de tweed so chic, il rumine le secret qui le hante depuis ses années lycée. Le scoop, que le précédent opus laissait deviner, est officialisé dès les premières minutes du film : oui, Gellert Grindelwald et lui furent follement amoureux lors de leurs années Poudlard. Ensemble, ils ont rêvé d'un monde où le pouvoir des sorciers éclaterait au grand jour et imposerait son règne aux moldus, les gens ordinaires. Le jeune couple avait conclu un pacte de sang, symbolisé par un collier magique que Grindelwald porte contre son cœur. Le sortilège est sans appel : quoi qu'il arrive, aucun des deux amants ne pourra jamais combattre l'autre.Quelques décennies plus tard, l'idylle n'est plus qu'un souvenir. Dumbledore a délaissé ses projets malsains pour prendre les rênes de Poudlard. Grindelwald, plus méchant que jamais, est prêt à tout pour soumettre les moldus, qu'il méprise. Manipulateur, il a réussi à se faire blanchir des crimes commis dans les deux précédents opus de la saga. Son plan ? Devenir le nouveau président de la Confédération internationale des sorciers, dont l'élection est imminente, et imposer un ordre mondial sanguinaire.
Un philtre d'amour dosé à la perfection
Pour mettre en déroute son ancien petit ami, Dumbledore monte une équipe de choc : le sémillant Norbert Dragonneau, magizoologiste, toujours équipé de sa valise enchantée abritant un terrain de jeux pour animaux fantastiques, son frère aîné Thésée, son assistante Bunty, le jeune sorcier Yusuf Kama, la professeure américaine de sortilèges Eulalie Hicks et le génial boulanger new-yorkais Jacob Kowalski, seul moldu de la bande et meilleur personnage du film. Grindelwald a attiré parmi ses acolytes la belle Queenie Goldstein, dont Jacob est amoureux transi, et Croyance Bellebosse, adolescent « emo » en diable, que son passé traumatique a transformé en Obscurus, un être capable de libérer un pouvoir destructeur nourri de son désespoir.
David Yates maîtrise à la perfection les ingrédients de son philtre d'amour. Une généreuse pincée d'étoiles au casting, une grosse louche d'effets spéciaux, de bonnes scènes d'action, un zeste d'humour – il faut voir Norbert faire la danse du ventre devant un parterre de scorpions visqueux subjugués par ses déhanchements –, des animaux toujours plus fantastiques, dont Teddy le niffleur cleptomane ou Botruc le phasme mignon, et de nouvelles créatures, tel le Qilin, gracieuse bestiole chinoise capable de lire les âmes, qui jouera un rôle crucial dans l'intrigue.
Des paysages à couper le souffle nous embarquent des sommets embrumés du Bhoutan aux rues enneigées de Brooklyn. Et un solide bouquet de valeurs positives, exhalant un parfum familier, amène le spectateur à se sentir comme à la maison dès les premières notes du célébrissime thème du générique. « La force de l'univers magique d'Harry Potter, c'est d'offrir un monde rassurant dans lequel on cultive la loyauté, l'amour, l'amitié, chers à beaucoup de gens dans le « monde réel » », a confié le réalisateur.
Jamais la saga des Animaux fantastiques n'avait été aussi proche de l'univers d'Harry Potter. Un bon nombre de scènes se déroulent à Poudlard ou à Pré-au-Lard, le fameux village où s'égaient les apprentis magiciens. On voit passer des vifs d'or échappés de parties de quidditch, s'ouvrir la fameuse « salle sur demande » de l'école des sorciers, apparaître une Minerva McGonagall de toute jeunesse… À ce monde enchanté s'oppose une dimension maléfique ancrée dans une inquiétante esthétique nazie.
Le président sortant de la Confédération internationale des sorciers, l'Allemand (comme par hasard !) Anton Vogel, flirte dangereusement avec les dérives eugénistes prônées par Grindelwald, dans un Berlin hanté par les bruits de bottes de sorciers gestapistes à souhait. « Ce qui paraît inimaginable aujourd'hui semblera inévitable demain si on ne l'arrête pas », prophétise Albus Dumbledore. Mise en garde contre les dangers d'un passé voué à se répéter si l'on ne défend pas les bonnes valeurs, Les Secrets de Dumbledore, qui se termine bien, conjure nos angoisses face aux forces du mal à l'œuvre dans notre actualité.
Bien sûr, il faut passer outre quelques contradictions, non dans le scénario – en acier trempé –, mais dans l'esprit d'une saga qui offre une seconde chance à pas moins de trois sorciers tentés par le côté obscur de la force (le jeune Dumbledore, Croyance Bellebosse et Queenie Goldstein), mais efface d'un coup de baguette magique les présumés « méchants » du monde réel : Johnny Depp, désormais persona non grata à Hollywood, et J. K. Rowling, devenue « celle dont il ne faut pas prononcer le nom » à la suite de propos jugés transphobes, absente de la conférence de presse lancée pour la sortie du film. Malgré ce paradoxe, Les Animaux fantastiques tient à distance, pendant deux heures vingt-trois exactement, la faune avide de pouvoir qui grouille à la surface de notre monde moldu, par l'enchantement d'un pur divertissement. N'est-ce pas là un excellent tour de magie ?
« Les Animaux fantastiques : les secrets de Dumbledore », ce 28 avril sur TF1.
Johnny Depp et JK Rowling, pestiférés d'Hollywood ?
Je n'irai donc pas donner 15€ pour regarder ce film woke et ainsi alimenter cette usine à débilités qu'est devenue Hollywood.