« Mission impossible » : la série culte qui a inspiré les films

TMC rediffuse ce soir « Mission : Impossible 2 » avec Tom Cruise. L'occasion de revenir sur le feuilleton – accessible sur Paramount+ – qui dans les années 1960 imposa sa patte élégante.

Par

Barbara Bain, Greg Morris, Peter Graves, Peter Lupis et Martin Landau.
Barbara Bain, Greg Morris, Peter Graves, Peter Lupis et Martin Landau. © /SIPA / SIPA / /SIPA

Temps de lecture : 6 min

Lecture audio réservée aux abonnés

Vous avez moins de 20 ans ? Alors, pour vous, Mission impossible se résume à une franchise de cinéma dans laquelle un Tom Cruise déchaîné joue les musculeux espions insaisissables, en multipliant acrobaties et cascades au gré de scénarios improbables. Mais si. Mais si vous avez plus de 40 ans et que vous vous apprêtez à craquer pour Mission : Impossible – Dead Reckoning, alors, vous vous souviendrez peut-être que Mission impossible est avant tout cette série ultraculte des années 1960 dont le générique débutait par une mèche qu'on allume et qui parcourt l'écran, sur l'un des thèmes musicaux phares de la télé, signé Lalo Schifrin. Car, non, ce n'est pas dans une salle de cinéma, mais bien dans les salons des foyers français, sur la deuxième chaîne de l'ORTF (ah, ça y est, on a perdu les moins de 20 ans…), que cette fiction d'espionnage a entamé sa carrière en 1967.

La newsletter pop

Tous les troisièmes mercredis de chaque mois à 12h

Recevez le meilleur de la pop culture !

Votre adresse email n'est pas valide

Veuillez renseigner votre adresse email

Merci !
Votre inscription a bien été prise en compte avec l'adresse email :

Pour découvrir toutes nos autres newsletters, rendez-vous ici : MonCompte

En vous inscrivant, vous acceptez les conditions générales d’utilisations et notre politique de confidentialité.

Votre mission, si vous l'acceptez, c'est désormais d'en découvrir l'intégralité des sept saisons, que Paramount+ propose sur sa plateforme. Dans une version remastérisée HD de toute beauté. N'ayez crainte, cette proposition ne s'autodétruira pas dans cinq secondes… Pourquoi la série a-t-elle à ce point marqué son ère pour déteindre sur les suivantes, jusqu'à réinventer son concept au cinéma de nos jours ?

« Bonjour, monsieur Phelps. Votre mission, si toutefois vous l'acceptez… » La plupart des épisodes de Mission impossible commencent de la même façon. Le chef du IMF (Impossible Mission Force) obtient le libellé de sa mission via un magnétophone, accompagné d'une enveloppe de photos lui permettant de choisir les agents qui seront chargés de l'affaire (en réalité, mis à part les acteurs principaux, ce sont des photos des membres des équipes de tournage). Et pour pimenter l'intrigue et donner toute sa force au contenu de l'épisode à venir, la voix précise : « Si vous ou l'un de vos agents étiez capturés ou tués, le Département d'État nierait avoir eu connaissance de vos agissements. Bonne chance, Jim. »

À LIRE AUSSI « Mission impossible : Dead Reckoning » : Tom Cruise en guerre contre l'IA

Autant d'éléments scénaristiques forts qui vont façonner la légende de cette série. Ce canevas récurrent, on le doit à Bruce Geller, coproducteur de la série Rawhide avec Clint Eastwood, qui, en 1965, se voit confier la lourde tâche d'imaginer un pilote pour CBS. Pour le bâtir, il ressort un scénario qu'il a écrit en rêvant de cinéma, inspiré du film Topkapi de Jules Dassin avec Melina Mercouri, Peter Ustinov et Maximilian Schell, sorti en 1964. L'histoire de cette organisation de malfaiteurs mettant sur pied un plan exceptionnel pour dérober la dague du sultan exposée dans le musée d'Istanbul lui donne l'idée d'une équipe d'espions aux talents divers et variés envoyés sur des affaires des plus complexes.

La série qui détone

Contre toute attente, le pilote se révèle ultra-efficace, et Bruce Geller est engagé. Produite par Desilu, la société de production de Desi Arnaz et Lucille Ball (à qui l'on doit Les Incorruptibles, Star Trek ou encore Mannix qui débutera aussi en 1967), Mission impossible est bien plus qu'une simple série d'espionnage. Bruce Geller y a mis toute son inventivité, et les aventures de nos héros flirtent avec le film noir, le thriller et parfois même la science-fiction. Dialogues ciselés, intrigues d'une intelligence rare à la télévision, jeux sobres des acteurs… C'est une série à part qui débarque sur CBS en 1966. Une série originale sur laquelle il est encore aujourd'hui difficile de coller une étiquette. Peu importe d'ailleurs puisque le succès est tout de suite au rendez-vous ! Les téléspectateurs américains, puis les Français dès 1967, se passionnent pour cette organisation paragouvernementale chargée de résoudre en toute discrétion des situations devenues trop délicates pour être gérées par les autorités officielles.

Mission : impossible
 ©  Paramount
Mission : impossible © Paramount

Au départ, notre bande d'experts est dirigée par Dan Briggs (joué par Steven Hill), mais l'acteur ne signera pas au-delà de la première saison. Exigeant un aménagement particulier de son emploi du temps pour pouvoir pratiquer sa religion, ce juif orthodoxe sera congédié et remplacé dès la deuxième saison par Peter Graves dans le rôle du célébrissime Jim Phelps. Ce dernier, plus froid et plus distant que son prédécesseur, apporte une touche de mystère supplémentaire à la série. C'est d'ailleurs l'une des forces de Mission impossible. On ne sait pas grand-chose de la vie privée de ses personnages et les scénarios ne perdent pas de temps à trouver des raisons psychologiques à leurs actes. C'est simple : des membres de l'IMF, on ne connaît grosso modo que les domaines de prédilection et les professions officielles.

Atmosphère tendue en coulisses

Ainsi, Cinnamon Carter (Barbara Bain), le seul personnage féminin, est un mannequin vedette. Rollin Hand (Martin Landau), un prestidigitateur issu du monde du music-hall, met, quant à lui, son expertise en travestissements au service de l'équipe. Barney Collier (Greg Morris), un ingénieur en électronique, se charge de tout l'aspect technologique des missions, tandis que Willy Armitage (le bodybuildé Peter Lupus), une armoire à glace aux dialogues minimalistes, joue des biscotos quand les neurones ne suffisent plus. De leurs relations, non plus, on ne sait pas grand-chose si ce n'est l'immense respect qui les unit. Et si vous vouliez vous payer une bonne tranche de rire avec ces cinq-là, il valait mieux passer votre chemin et traîner plutôt du côté de chez leur concurrente, cette chère sorcière bien aimée de Samantha. Car, dans Mission impossible, on est plutôt du genre à rire quand on se brûle.

Mission : Impossible
 ©  Paramount
Mission : Impossible © Paramount

D'ailleurs, en coulisses, ça n'a pas toujours été la franche rigolade non plus. Si, dès son démarrage, cette série caracole en tête des audiences et reçoit plusieurs Golden Globes et Emmy Awards, sur le tournage, dirigé dès 1969 par la Paramount – qui a racheté Desilu –, l'atmosphère est plus tendue. Ainsi, au bout de trois ans de bonnes et loyales missions, Martin Landau et Barbara Bain, en couple à la ville comme à l'écran, décident, après une négociation salariale tumultueuse, de quitter le navire. Le succès de la série va pâtir lourdement de ces deux départs…

Même si la production engage, pour remplacer Martin Landau, le populaire Leonard Nimoy, qui vient de ranger au placard ses oreilles de Mister Spock après l'arrêt de Star Trek. On lui offre un rôle très proche de son prédécesseur, celui de Paris, un ancien magicien, roi des maquillages en tout genre. En revanche, pour compenser le départ de Barbara Bain, de nombreuses actrices joueront les agents le temps d'un seul épisode. Jusqu'à l'arrivée en saison 5 de Lesley Ann Warren, ex-égérie Disney, bien décidée à donner de l'épaisseur à sa carrière. Mais rien n'y fait : la série dégringole dans les sondages et, malgré de nombreux remaniements de castings, elle sort même du classement des 50 meilleures audiences annuelles. Après trois dernières saisons un peu moins bien servies sur le plan scénaristique, la série s'arrête définitivement en 1973.

Tom Cruise, alias l'agent Ethan Hunt dans <em>Mission impossible 7</em> (2018)
 ©  Paramount
Tom Cruise, alias l'agent Ethan Hunt dans Mission impossible 7 (2018) © Paramount

La trahison des films

Définitivement ? Pas tout à fait. Car Mission impossible ne cessera jamais d'inspirer les producteurs. Copiée mais jamais égalée, elle connaîtra une (piètre) suite en deux saisons à la fin des années 1980 dans laquelle Peter Graves retrouvera son rôle de Jim Phelps. Jusqu'à ce qu'en 1996 Tom Cruise en reprenne le concept pour un premier long-métrage dirigé par Brian De Palma. Les puristes hurlent à la trahison : De Palma, avec l'assentiment de Cruise (également producteur du film), se réapproprie le concept initial pour livrer un blockbuster dans la droite ligne de ses obsessions hitchcockiennes manipulatrices et qui fait la part belle à la star au détriment de son équipe, balayée à mi-parcours. Il n'empêche : ce brillant détournement aboutit à un phénoménal succès.

Dans les six films qui suivent, l'acteur-producteur s'affranchit de plus en plus de son modèle et mise, pour créer l'événement, sur d'incroyables cascades, définitivement éloignées de la série originale. Cependant, quelques fondamentaux de Mission impossible demeurent. Très certainement ceux-là mêmes qui ont assuré au concept sa longévité jusqu'à nos jours : le libellé de chaque mission délivré sur un support promis à l'autodestruction, la fascination pour la technologie, les fameux masques imitant les visages à la perfection… et, bien entendu, le célébrissime thème principal imaginé par Schiffrin. On parie d'ailleurs que vous l'avez en tête depuis le début de votre lecture !

À ne pas manquer

Ce service est réservé aux abonnés. S’identifier
Vous ne pouvez plus réagir aux articles suite à la soumission de contributions ne répondant pas à la charte de modération du Point.

0 / 2000

Voir les conditions d'utilisation
Lire la charte de modération

Commentaires (3)

  • guy bernard

    Mission Impossible était du théâtre de la Grèce antique dont les acteurs changeaient les masques et son tournage se faisait dans l'environnement direct du studio.
    Cette influence a longtemps perduré jusqu'à la libération finale, qui a été celle du premier James Bond : les décors réels.
    Des lors, on quitte le théâtre filmé et le jeu de masques pour en arriver à l'homme en lutte perpétuelle avec son environnement.

  • libéral avancé

    Un maître mot : qualité et une règle d’or le professionnalisme. Les films sont de vraies daubes pour satisfaire l’ego de Tom Cruise et mettre en scène des effets spéciaux délirants.

  • Stresa

    Un scénario en béton, une musique envoûtante, de l'inventivité et de l'imagination, pas besoin d'effets spéciaux ni de scènes sanguinolentes pas de digressions sentimentales. Tout le contraire des productions actuelles.