« Merci Internet » : le business de Squeezie, la star de YouTube, dévoilé dans un documentaire

À 28 ans, Lucas Hauchard, alias Squeezie, est le créateur de contenus les plus regardés de France. Un documentaire de Prime Video revient sur la success-story du youtubeur adulé par la génération Z.

Par Katia De la Ballina

Lucas Hauchard, alias Squeezie, star de YouTube.
Lucas Hauchard, alias Squeezie, star de YouTube. © Domine Jerome/ABACA / X07115 / Domine Jerome/ABACA via Reuters

Temps de lecture : 5 min

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« Les gens m'appellent l'idole des jeunes. Il y en a même qui m'envient… » Voilà une personnalité qui pourrait sans peine s'approprier la ritournelle de Johnny Hallyday. Fort de ses 18 millions d'abonnés sur ses chaînes YouTube, de ses milliers de contenus cumulant quelque 10 milliards de vues (et ce n'est pas une faute de frappe), Squeezie est la star incontestée de la génération Z, qui a grandi devant ses vidéos et se prend en selfie devant sa statue du musée Grévin, inaugurée en décembre 2022 comme une ultime consécration de sa popularité.

En témoigne aussi le succès des deux éditions de Grand Prix Explorer, courses de Formule 4 qu'il a organisées, conviant ses amis influenceurs derrière le volant (la première a été suivie par 40 000 spectateurs sur place et 1 million sur Twitch), et de sa marque de vêtements, créée avec son frère Florent.

Pourtant, Lucas Hauchard de son vrai nom reste, sinon un inconnu, du moins un mystère pour les plus de 30 ans, qui peinent à saisir l'ampleur du phénomène – voire sa substance. C'est en partie la raison pour laquelle Théodore Bonnet, coproducteur, réalisateur et meilleur ami de Squeezie, s'est lancé en 2019 dans la réalisation de la série documentaire Merci Internet. Les cinq épisodes sont disponibles depuis vendredi 19 janvier sur Prime Video.

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Merci Internet, le portrait d'une génération

« On s'est demandé comment on pouvait raconter ce que l'on faisait à nos parents pour que cela devienne concret pour eux, explique Théodore Bonnet. C'est difficile de comprendre YouTube quand on n'a pas grandi avec cet outil, de se rendre compte de ce que cela implique de créer du contenu. Ce documentaire était l'occasion de lever le voile sur ce que sont les créateurs du Net. C'est presque un acte militant. » Le réalisateur a également donné la parole à Natoo, Cyprien ou Hugo Décrypte, autres stars de la galaxie virtuelle, pour dessiner, en creux, le portrait d'autodidactes qui, « dans leur chambre à 15 ans, ont fait des vidéos pour combler l'ennui », transformant leur passion en métier. À LIRE AUSSI Squeezie et Cyprien : les dessous d'une fâcherie

L'autre motivation du binôme : « démythifier » la star Squeezie, très secrète et avare d'interviews. « Son public n'a aucune idée de ce qui se passe réellement dans la vie de Lucas parce qu'il reste totalement opaque sur ce sujet. Il y a beaucoup de fantasmes. On a donc voulu montrer que, derrière le mec le plus suivi du pays, et sans rien enlever à son talent et à son génie, il y a un humain très normal qui a une vie très normale. Comme tout le monde. » Ou presque. On parle d'un jeune homme de 28 ans, devenu millionnaire à 19, aujourd'hui à la tête de petites entreprises – l'agence d'influence Bump, la société de production Unfold, l'équipe d'e-sport Gentle Mates, entre autres – qui ne connaissent pas la crise.

« On s'image souvent que, derrière Squeezie, il y a une armée de producteurs en cravate qui prennent des décisions. Mais la réalité, c'est que la plupart du temps il n'y a que nous deux, en caleçon sur le canapé en train d'écrire des idées et de nous marrer », assure Théodore Bonnet. Et d'ajouter : « Lucas gagne très bien sa vie, c'est sûr. Mais, à partir du moment où l'argent n'est plus un stress au quotidien, ce qui est un luxe de fou, pour lui, ça ne change rien. Car, à part commander des Uber Eats et s'acheter des jeux vidéo, il n'en fait pas grand-chose. Sa priorité et son moteur, c'est de produire le meilleur contenu possible pour les gens qui le suivent… C'est ça qui le galvanise. » C'est ce que Merci Internet s'attache à démontrer.

Squeezie « a passé toute son adolescence à travailler »

Nourris d'images d'archives, du témoignage du youtubeur et d'interviews de ses proches, les cinq épisodes déroulent chronologiquement le parcours d'un ado passionné de jeux vidéo et bourré de tics, devenu « le George Lucas de YouTube », comme le qualifie Orelsan face caméra. Non sans sacrifices. Après avoir posté sa première vidéo, à 13 ans, de sa chambre avec une caméra achetée par son père, Lucas Hauchard consacre tout son temps libre de lycéen puis de jeune adulte à alimenter ses chaînes avec des séquences de plus en plus élaborées (qui n'ont rien à envier à certaines émissions télé de divertissement). Le but : se faire une place dans un milieu qui se professionnalise. « Il a passé toute son adolescence à travailler et s'est réveillé à 25 ans en s'apercevant qu'il n'avait pas vécu les choses normales d'un jeune de son âge, comme partir en vacances avec ses amis », raconte Théodore Bonnet.

L'un des épisodes, « le plus intime », le montre en train de rattraper le temps perdu avec sa garde rapprochée, tout en baissant la sienne : « Pour Lucas, c'est quasiment une psychothérapie de dévoiler ce qu'il n'a jamais dévoilé. Ça lui fait beaucoup de bien de ne plus avoir à cacher des choses à sa communauté. Cette série était pour lui la meilleure façon de le faire, parce qu'elle a été réalisée avec des gens de confiance, qui sont devenus sa famille adoptive. » Le youtubeur a d'ailleurs vu l'intégralité des images et validé le montage, dont il a gardé le final cut.

Quand Squeezie ploie (mais ne rompt pas) sous la pression

Difficile, donc, d'espérer une réelle objectivité dans ce portrait. Théodore Bonnet n'en revendique aucune, mais assure s'être aussi frotté au côté obscur de la force squeezienne, qui se révélerait dans certains épisodes, ceux-là non montrés à la presse (« pour préserver le suspense », nous a-t-on expliqué). « C'est quelqu'un de très impulsif, qui change d'avis et se remet souvent en question. Cela implique beaucoup de stress, de maladresses et de prises de tête », reconnaît le réalisateur.

Au point de frôler le burn-out, comme lorsqu'il a été cloué au lit pendant dix jours : « Lucas a beaucoup de choses à superviser, entre ses chaînes, ses lives sur Twitch, son équipe d'e-sport, sa marque de fringues… Il se met une pression énorme parce qu'il ne veut pas décevoir les gens et, parfois, cette pression déborde. » Avant qu'elle ne le submerge une nouvelle fois, Squeezie va s'octroyer quelques semaines de vacances après la sortie de Merci Internet. Pour la première fois depuis ses débuts, il ne postera donc pas de contenus sur ses chaînes pendant au moins deux ou trois mois. « On s'accorde une pause pour prendre un peu de recul, se reconnecter un peu à la vie. Et revenir encore plus fort après », promet-il. Les fans lui disent « merci ».
 

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Commentaire (1)

  • Je 2 maux

    On aurait pu donner la parole a Norman qui ne fait olus de videos