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Tout simplement 100 %. C'est le taux de retours positifs, sur 64 critiques professionnelles, qu'a reçu l'agrégateur d'opinions américain Rotten Tomatoes en début de semaine, après la diffusion de la série Shogun. Si le mode de fonctionnement du site est régulièrement remis en cause par la presse et les internautes, la statistique reste sans équivoque. D'autant qu'avec un tel score, le show, dont les deux premiers épisodes sont disponibles depuis le 27 février sur Disney+, s'aligne sur des mastodontes du petit écran, comme Breaking Bad (96 % d'avis positifs), The Wire (94 %) ou Les Soprano (92 %).
Mais la comparaison qui caracole en tête sur les réseaux sociaux est celle avec le monument Game of Thrones. En cause, non pas la trame de ces séries – l'une s'inscrit dans la description réaliste d'un Japon féodal pris d'assaut pour ses ressources, là où l'autre dépeint un Moyen Âge fantaisiste teinté de magie et peuplé de dragons –, mais plutôt les thématiques de fond. Shogun et Game of Thrones exposent, dans deux univers diamétralement opposés, toute la perversion qu'engendre le calcul politique sur l'humanité de leurs protagonistes.
« Shogun », ça raconte quoi ?
Comme Game of Thrones, Shogun est aussi l'adaptation d'un livre éponyme, écrit par James Clavell et paru en 1975. Dans le roman, James Clavell nous emmène en 1600, et narre l'ascension de Yoshii Taranaga (incarné dans la série par Hiroyuki Sanada, vu dans Avengers : Endgame,Sunshine et John Wick 4), un seigneur de guerre japonais dont les ambitions dévorantes se heurtent au barrage politique de ses rivaux. Un conflit raconté à travers les yeux du marin britannique John Blackhtorne (Cosmo Jarvis, vu dans Persuasion et The Young Lady), tout juste échoué sur les côtes japonaises à une époque où l'existence de l'archipel est seulement connue des navigateurs portugais et espagnols. L'ouvrage avait d'ailleurs déjà été transposé (avec succès) à la télévision par la chaîne américaine NBC en 1980 et diffusé en France sur TF1 en 1983, en lieu et place de l'indétrônable Dallas. La série allait faire décoller la carrière de l'acteur Richard Chamberlain.
À LIRE AUSSI « Constellations », « In Her Car », « Shogun », « Les Papillons noirs » : quelles séries regarder ou éviter ce week-end ? La version 2024 du récit, déclinée en dix épisodes diffusés chaque mardi sur Disney+, colle au livre dans les grandes lignes. Et accorde donc logiquement un rôle de choix au personnage de Lady Mariko (Anna Sawai, vue dans Fast and Furious 9 et Ninja Assassin). Troisième visage de la série et traductrice des échanges entre Taranaga et Blackthorne, la noble est éparpillée entre le deuil de son père, une récente conversion au christianisme, son mariage à un samouraï et l'amour naissant qu'elle porte au fraîchement débarqué marin britannique.
« Shogun », ça vaut quoi ?
Shogun se démarque déjà par un respect, assumé et entretenu, à la barrière de la langue. Fait rare dans une production américaine, les Japonais du XVIIe siècle parlent donc… japonais (les sous-titres ne seront pas de trop !), ne comprennent pas l'anglais, tandis que les Ibériques bafouillent dans les deux langues. Une fidélité historique bienvenue, que l'on retrouve jusque dans les décors, pourtant construits et filmés au Canada, et les costumes.
Ces jolies parures sont d'ailleurs largement valorisées par une sublime photographie et un astucieux sens de l'éclairage qui tantôt rappellent Pirates des Caraïbes, tantôt renvoient aux heures les plus sombres du Silence de Scorsese. Si pour l'instant nous n'avons eu accès qu'aux deux premiers épisodes de la série, l'heure est majoritairement au calme et à la parlotte – dont on a parfois, on l'avoue, un peu de mal à suivre les tenants et les aboutissants – nul doute que les prochaines semaines sauront nous proposer quelques batailles d'anthologie dans ces villages et ces forêts, loin du gentil décorum introductif auquel on assiste pour le moment.
Shogun tient donc à dérouler son propos en y mettant les formes. Mais une poignée de scènes, courtes mais intenses à souhait, annoncent déjà la couleur d'une série qui ne lésinera pas sur la violence pour servir sa fable politique, où copinages, trahisons et sexualité devraient s'imposer en maîtres. Tout ça, bien sûr, consolidé par la traditionnelle prestation solaire d'un Hiroyuki Sanada dont on ne tarira jamais assez d'éloges. D'autant plus qu'il a du répondant dans ce joli casting d'outsiders… Qui a dit que la comparaison avec Game of Thrones était tirée par les cheveux ?
Et non pas "Yoshii Taranaga" comme cest ecrit dans l'article. Juste une faute de frappe, très certainement !
Ça veut dire quoi « dont on ne tarira jamais assez d'éloges » ?
Les 2 premiers épisodes donnent envie de voir la suite. Garder les dialogues en Japonais donne une dimension réaliste encore plus marquée. Les images sont magnifiques et on attend la suite avec impatience ! À voir !