« L’Histoire de Pif et son gadget » : une plongée inédite dans la revue culte

Entre enquête et nostalgie, un ouvrage passionnant retrace la période 1981-1994, jamais racontée, de la vie de « Pif Gadget ». Un voyage dans le temps !

Lucas Fillon

Une exposition consacrée à Pif Gadget, en août 2021, à Paris.
Une exposition consacrée à Pif Gadget, en août 2021, à Paris. © Bruno Levesque/MaxPPP/IP3 Press

Temps de lecture : 4 min

Si vous avez grandi dans les années 1970 et 1980, peut-être avez-vous entendu parler de la communauté des pifos. Qu'est-ce que les pifos ? Les fans de Pif Gadget, pardi ! Mythique hebdomadaire lancé en 1969 par les éditions Vaillant, filiale du Parti communiste français, ce titre phare de la presse jeunesse s'est arraché en kiosques instantanément et s'impose encore aujourd'hui comme un incontournable doudou des générations post-sixties.

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L'idée d'associer un objet-gadget à un magazine était alors inédite dans la presse tricolore. Inspirée par des pratiques nord-américaines, elle revient en France à l'éditeur Vaillant lorsque ce dernier souhaite faire évoluer son magazine jeunesse Vaillant Le Journal de Pif, qui se vend à 55 000 exemplaires et a pour mascotte le populaire chien Pif, personnage créé par José Cabrero Arnal. Pour gonfler les ventes, il est décidé qu'une « surprise » accompagnera désormais chaque numéro, comme c'est le cas outre-Atlantique dans les paquets de céréales.

Des lunettes sidérales

Le 24 février 1969, Vaillant Le Journal de Pif devient donc Pif et son gadget surprise. Si la dénomination de cette nouvelle revue connaît des variations, Pif Gadget est celle qui restera gravée dans les mémoires. Le succès est immédiat : entre 200 000 et 225 000 exemplaires du premier numéro sont écoulés. Son premier gadget ? Des lunettes sidérales, qui permettent de voir sans que son regard soit vu par autrui – les porter, c'était s'imaginer être un héros venu de l'espace !


Jean-Paul Belmondo, en plein triomphe de <em>L'As des As </em>et en couverture de <em>Pif Gadget</em> en 1984.
©  Pulse éditions
Jean-Paul Belmondo, en plein triomphe de L'As des As et en couverture de Pif Gadget en 1984. © Pulse éditions

La décennie 1970 devient l'âge d'or de Pif Gadget. Les bambins se passionnent pour les aventures de l'homme préhistorique Rahan ou celles du marin Corto Maltese, tandis que la gadget-mania atteint des sommets. Les années 1980, moins qualitatives en termes de contenu, débutent en fanfare et restent une période de référence mais, pour diverses raisons, la courbe des ventes va peu à peu s'éroder.

À la fin des années 1970, Pif se vend à 400 000 exemplaires ; en 1985, à 220 000 ; et en 1992, à 40 000 – des chiffres qui feraient cependant rêver bien des parutions aujourd'hui. Le journal disparaît en 1994 avant de revenir sous forme mensuelle en 2004, puis de s'interrompre à nouveau environ cinq ans plus tard. Enfin, en 2020, Pif Gadget réapparaît à un rythme trimestriel.

« De la magie à mon enfance »

Même si les eighties ont amorcé la décrue du succès, elles n'en ont pas moins marqué profondément, comme les seventies, les gamins de l'époque. Jamais racontées, les années 1980 de Pif Gadget méritaient un coup de projecteur, et tel fut l'objectif d'un ex-fan, Sébastien Gérard, aujourd'hui âgé de 48 ans, qui a choisi de relater l'ère 1981-1994 dans un ouvrage passionnant, L'Histoire de Pif et son gadget (Éditions Pulse Video).

Le livre-enquête sur l'évolution de la revue met aussi en exergue le bonheur qu'elle a apporté à ses lecteurs. Il est riche de plus de 600 photographies (couvertures, planches de BD, gadgets, posters, publicités…), que l'on doit au professionnel Laurent Barraud, 61 ans, qui a construit l'une des collections les plus importantes autour de Pif Gadget.

Un numéro de <em>Pif Gadget </em>publié en 1984.
©  Pulse éditions
Un numéro de Pif Gadget publié en 1984. © Pulse éditions

Dans le livre figurent également des photos d'archives détenues par Sébastien Gérard : « Pif a donné de la magie à mon enfance, souligne ce dernier. J'ai notamment un fort souvenir de mes étés. En 1985, sur quatre semaines, le magazine avait offert de quoi se constituer la panoplie du parfait aventurier : couteau de survie, tente canadienne, boussole, guide. Je vivais dans un petit village et, avec les copains, on s'éclatait grâce à Pif. »

Génération Récré A2

La revue s'immisce parfaitement dans l'air du temps médiatique et elle s'empare notamment d'un phénomène : l'explosion des dessins animés sur le petit écran. Elle accorde une large place aux émissions jeunesse qui cartonnent, comme Récré A2, où l'on découvre alors les mythiques Mystérieuses Cités d'or. Pif a même créé, à partir de 1984, une cérémonie, Les Truffes d'Or, qui, quatre ans durant, a permis aux enfants d'élire leurs dessins animés préférés. Lors de la première édition, plus de 30 000 apporteront leur vote – un score énorme !

Côté BD, la créativité n'est pas non plus à son apogée au fil de ces années, mais Sébastien Gérard relève certaines pépites : « Pif a publié, à partir de 1983, la BD Cogan, dont le héros du même nom combattait des braconniers, et à laquelle contribuait la WWF [World Wide Fund For Nature, le Fonds mondial pour la nature, NDLR]. On peut citer aussi Radio Kids, apparue en 1987, une histoire qui mettait en scène des pré-ados, dont certains issus de la diversité, qui s'occupaient de la radio du collège. La série faisait écho aux combats de l'association de lutte contre le racisme Touche pas à mon pote et à l'émergence des radios libres. »

Alors, n'est-il pas temps de réhabiliter cette décennie 1980, moins adulée dans le cœur des puristes de la planète Pif ? Laurent Barraud, lecteur de la génération des années 1970, a un avis tranché sur la question : « Je n'affirmerais pas, comme il est de coutume, que Pif était meilleur à mon époque. Je crois que le Pif que l'on préfère, c'est avant tout celui qu'on a connu dans sa jeunesse. » Voilà qui devrait mettre d'accord tous les pifos !

« L'Histoire de Pif et son gadget », de Sébastien Gérard et Laurent Barraud. Editions Pulse Video, mars 2024, 272 pages, 35 euros.

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Commentaires (7)

  • Patagne

    Le cowboy en question s’appelait Teddy Ted, c’etait une très bonne bd. Il y avait egalement un autre héros du far west, un indien dénommé loup noir de très bonne facture.

  • Commel’air

    Il est amusant de constater que les éditions Vaillant, succursale du PCF et de ses revendications sociales, se sont inspirés pour leur indéniable succès des plus grosses ficelles du marketing capitaliste, celles des lessiviers et autres barons de l’agro-alilentaire américains. Ce qui constitue en soi une dorte d’aveu.

  • Cantalette

    Je me rappelle de Rahan ! Et les pois sauteurs. C'est tout. Il y avait un cow boy aussi, mais trop sombre, je ne le lisais pas.