« HPI » : les petits secrets de Mehdi Nebbou, le partenaire d’Audrey Fleurot

Révélé sur le tard au public, l'interprète du commandant Karadec savoure sa popularité. Portrait d’un comédien qui a travaillé avec Spielberg et Ridley Scott.

Par Katia De la Ballina

Temps de lecture : 6 min

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Depuis vingt ans, il promène son élégante silhouette et son intrigante réserve sur les plateaux, enchaînant les films et les séries, en France comme à l'étranger. Il a ainsi trafiqué dans Engrenages et Tatort, espionné dans Le Bureau des légendes et Homeland ou encore investigué dans le drame roumain The Fixer.

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Il fait même partie des rares acteurs français qui ont tourné sous la direction de Steven Spielberg (dans Munich, 2005) et Ridley Scott (Mensonges d'État, 2008 et House of Gucci, 2021). Sans compter un titre de « french lover of the year » en Inde pour sa prestation dans le drame musical English Vinglish en 2012 et une carrière solide en Allemagne, où il vit. Mais il aura fallu HPI et ses audiences stratosphériques (9,5 millions en moyenne par épisode) pour révéler véritablement Mehdi Nebbou au public français.

La meilleure version de lui-même

Le bientôt quinquagénaire – il a fêté ses 49 ans – y incarne le commandant Adam Karadec, policier psychorigide et taiseux, d'abord exaspéré puis énamouré de la volcanique Morgane Alvaro (Audrey Fleurot), consultante au QI aussi démesuré que ses décolletés. Un héros pas si ordinaire, indispensable clown blanc de l'auguste star, dont l'évolution vers le côté sombre de la force sentimentale, jalousie en embuscade, n'est pas pour déplaire à son interprète : « Sa carapace d'homme intègre se fissure dans cette saison 3 et on va découvrir son humanité. « C'est comme dans la vie : on a tous une combinaison gagnante comportementale pour vendre au monde que l'on est quelqu'un de bien », analyse Mehdi Nebbou. « Et puis, quand les gens vous connaissent mieux, ils découvrent les côtés moins glorieux : que l'on pue des pieds, que l'on ronfle… », s'amuse-t-il.

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Après l'avoir vu défiler sur les tapis rouges en tant que festivalier, écouté lors de conférences de presse façon exercices imposés, questionné pour croquer son portrait, on a de lui l'image d'un homme accessible, posé et à l'humour discret, toujours en quête d'humanité, un terme qu'il ne cesse de convoquer pour évoquer les figures admirées – Martin Luther King, mère Teresa –, ses partenaires appréciés, Audrey Fleurot en tête, et HPI, « une série lumineuse, sans cynisme » : « Mehdi se préoccupe beaucoup des autres. C'est quelqu'un d'une tendresse infinie », confirme Mona Achache, qui coréalise la série de TF1. A-t-on tiré là l'un des numéros de sa propre combinaison gagnante ? En a-t-il seulement une ? « Évidemment, comme tout le monde. Moi, je joue les mecs sympas et cool, alors que je suis aussi plus introverti, pas si sûr que ça de moi… J'ai des anxiétés », avoue le comédien à la force (in)tranquille. Un manque de confiance sans doute lié à un parcours atypique. Son curriculum dessine en effet des zigzags qui ont forgé chez lui une philosophie prudente de son métier : le succès n'est jamais un dû.

Pas qu'un physique

Depuis l'enfance, et les heures passées devant les films de Jean-Paul Belmondo, Mehdi Nebbou rêve de cinéma. Troisième fils d'une fratrie de cinq garçons – son frère aîné, Safy, est scénariste et réalisateur –, il délaisse le lycée à 18 ans, sans le bac, pour partir d'abord en Allemagne, d'où sa mère est originaire, puis en Italie, histoire de « faire de l'argent » et de réaliser un court-métrage. Il restera dans la Botte deux ans, vivant à bord d'un camping-car : « Cela m'a donné un sentiment de liberté que j'ai rarement connu. C'est fondateur, très inspirant », se rappelle-t-il.

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Là-bas, Mehdi Nebbou fait un peu de mannequinat, avant d'abandonner, « dérangé par l'idée d'être jugé pour [son] physique et pas par ce qu'[il] faisai[t]. » Le hasard l'amène alors à la porte d'un menuisier, qui lui apprend le métier : « J'ai adoré ça : l'odeur du bois, créer avec mes mains… Ça calme l'esprit et fait du bien ! » Pas assez, cependant, pour qu'il renonce à sa passion du cinéma.

Retour à Berlin, donc, où il intègre en 1994 l'Académie allemande du film et de la télévision pour étudier la réalisation puis le montage. C'est le hasard – encore lui – qui lui fait faire ses premiers pas devant la caméra en intégrant en 2001 le casting de My Sweet Home, le film d'un ami de l'école : « Depuis, je surfe sur la vague. » Laquelle ne tarde pas à l'amener outre-Atlantique, où ce polyglotte – Mehdi Nebbou parle le français, l'anglais, l'allemand, l'italien et l'arabe – se voit proposer de jouer Ali Hassan Salameh, le cerveau présumé du 11 Septembre, dans Munich. De quoi s'imaginer déjà en haut de l'affiche : « Après ce film, je me suis dit “Hollywood, I'm coming”. Et puis, en fait, non ! Prends ça dans ton ego et continue. »

Un travailleur acharné

C'est ce qu'il a fait, le travail comme credo pour compenser un manque supposé de légitimité : « Je n'ai pas fait d'école de comédie et, quand je décrochais un rôle, j'avais l'impression de piquer la place à quelqu'un de plus qualifié, explique-t-il. J'ai beaucoup bossé pour diminuer la peur de l'échec. Aujourd'hui, c'est devenu un modus operandi. Si je ne travaille pas assez, les peurs reviennent. »

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Bruno Sanches, qui campe Gilles, le second un brin naïf de Caradec, dans HPI, abonde : « Medhi est très concentré, il a toujours son scénario en main. Il est assez control freak, un peu comme son personnage. Cela dit, il aime faire la fête aussi ! Il n'a pas l'air, mais c'est un sacré coquin, rigole-t-il. Mais, comme il est très professionnel, il sait s'arrêter pour rentrer faire ses devoirs… » Même appréciation de Mona Achache, qui souligne « son engagement total, passionnant pour un metteur en scène ». « Mais son envie de tout comprendre lui fait parfois perdre de vue à quel point son instinct premier est juste. » Y compris dans la comédie, un genre que Mehdi Nebbou a jusque-là peu exploré : « En général, on vous propose des rôles en lien avec des stéréotypes. Le défi est d'en sortir et la comédie le permet, comme ce fut le cas pour Eddie Murphy ou Jamel Debbouze : quand vous êtes drôle, on se fout de savoir d'où vous venez. »

Notre homme sait rire, y compris de lui-même, notamment aux côtés de son adolescente de fille, quand ils regardent ensemble HPI : « Elle se fiche souvent de moi, histoire que je ne me prenne pas trop au sérieux non plus, s'amuse-t-il. Mais ce n'est plus le cas, j'ai grillé cette carte quand j'étais jeune. » Mehdi Nebbou préfère aujourd'hui jouer celle de la gratitude envers « cette aventure magique » : « HPI a changé ma vie… Le duo avec Audrey m'a beaucoup appris. Et j'ai désormais plus de popularité, de tournages, de propositions de rôles principaux. »

Le comédien sera prochainement à l'affiche de la série d'Éric Rochant Tout va bien, sur Disney+. Il travaille aussi sur trois projets de longs-métrages qu'il réaliserait, et adorerait collaborer avec son frère : « On en parle souvent. J'aimerais une comédie sociale façon Monty Python. » En attendant, cet amateur de musique – « un art divin » – peut répéter avec Wild Park, son groupe de rock allemand. Et légitimement espérer, au vu des audiences, rempiler bientôt pour la saison 4 de HPI…

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Commentaires (11)

  • Mobert

    Même si Mehdi Nebbou est un bon acteur, c’est mission impossible de suivre cette série dès lors qu’apparaît Audrey Fleurot dans un rôle quasi burlesque et surjoué avec chewing-gum à l’appui et air ahuri en bandoulière pour prouver son intelligence supérieure de femme de ménage… Triste pour une actrice qui fut si lumineuse dans ‘’Engrenages’’ et ‘’Un village français’’.

  • Le sanglier de Génolhac

    Et alors ! Dans "nos chers voisins", le patronyme d'Issa est bien Leguennec.

  • Fléreur

    @Diegodelavega à 02 : 29. Je ne vois pas en quoi mon commentaire est raciste. Pour la référence FN, votre réflexe est le même que celui de Mme Borne. Niaiseries dirait un certain Alain. Je me demandais juste pourquoi on avait cru bon de donner un patronyme breton à ce personnage de policier (incarné par un bon acteur) alors qu’il est plutôt de bon ton de faire figurer dans les séries des personnages de toute origine assumée. Vous êtes pourtant le premier à approuver une France multiethnique. Et j’ai clairement dit que je trouvais cet acteur bien meilleur que sa partenaire fleurant (c’est le cas de le dire) bon pourtant le nom bien gaulois. Enfin je ne sais pas comment l’exprimer pour ne pas choquer votre susceptibilité qui ne fait jamais dans la nuance. Quel que soit le sujet.