« Creation of the Gods » : un blockbuster pour l’année du dragon

En salle uniquement ce week-end, à l’occasion du Nouvel An chinois, ce « Seigneur des anneaux » de l’empire du Milieu vise un public essentiellement communautaire.

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Creation of the Gods de Wuershan. En salle les 10 et 11 février.
Creation of the Gods de Wuershan. En salle les 10 et 11 février. © Heylight Pictures

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C'est la curiosité du week-end, taille XXL. Gros succès lors de la sortie en Chine, à l'été 2023, le blockbuster de fantasy médiévale Creation of the Gods sort dans 144 salles françaises ce 10 février, à l'occasion du Nouvel An lunaire. Au petit matin du 12, il les aura quittées. Il va donc falloir aux spectateurs intéressés se précipiter puisque avec une durée de 2 h 28, le nombre de séances sera forcément limité.

Autre impératif : vous armer d'une attention de tous les instants pour bien cerner les enjeux et personnages de cette épopée foisonnante aux plans ultra-spectaculaires dignes du Bondartchouk de Waterloo ou, plus près de nous, de la première trilogie du Seigneur des anneaux.

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Volet inaugural d'un triptyque lui aussi (les deux suivants sortiront respectivement en 2024 et 2025 en Chine), signé du jeune réalisateur Wuershan, Creation of the Gods est l'adaptation d'un best-seller du début du XVIe siècle (L'Investiture des dieux), très populaire en Chine, et qui inspira par ailleurs en 2001 le manga en 23 tomes Hoshin – L'Investiture des dieux (Glénat). Tiré de l'authentique conflit entre les dynasties Shang et Zhou dans la Chine ancienne, un millier d'années avant Jésus-Christ, le récit décrit une lutte de pouvoir impitoyable entre un tyran et ses deux rivaux, tandis qu'une princesse possédée par un démon renard pourrait bien bouleverser les plans des uns et des autres.

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Un visa exceptionnel délivré par le CNC

À l'écran, le spectacle est colossal malgré des images de synthèses inégales d'une scène à l'autre, passant de la quasi-perfection à une patine cheap aux frontières du kitsch. La bataille d'ouverture entre deux armées ennemies dans des paysages de montagne enneigés vaut son pesant de Tolkien tandis que magie, créatures fantastiques, complots et combats au sabre dansent joyeusement ensemble au fil de cette immersion totale dans le folklore médiéval local.

Heylight Pictures, le distributeur en France de Creation of the Gods, a cependant choisi de ne sortir le film chez nous que sous un visa dit exceptionnel délivré par le CNC. Au titre de ce visa (qui fut également le choix de Pathé pour le japonais Godzilla Minus One en décembre dernier), Heylight jouit d'un droit de 500 séances maximum sur deux jours et d'une exploitation rapide en VOD et streaming, sans passer par la case chronologie des médias.

<em>Creation of the Gods </em>de Wuershan. En salle les 10 et 11 février.
 ©  Heylight Pictures
Creation of the Gods de Wuershan. En salle les 10 et 11 février. © Heylight Pictures

« Nous avons choisi la distribution de Creation of the Gods lors de la fenêtre cruciale du Nouvel An chinois pour deux raisons », nous explique Sindo Chen, la fondatrice et directrice de Heylight, société basée à Pékin et Paris, importatrice de films européens en Chine (comme récemment le dessin animé Mon ami robot) et réciproquement. « Un visa régulier du CNC comme n'importe quel autre film était un casse-tête bureaucratique pour nous. Et surtout, nous voulions le sortir pour le Nouvel An, placé sous le signe du dragon en 2024 (un thème au centre de notre film), afin de cibler en premier lieu la communauté chinoise. »

Autre raison évidente et officieuse : une sortie classique en salle coûte nettement plus cher (au minimum aux alentours de 500 000 euros) qu'une exploitation limitée à deux jours. « Le cinéma à gros budget chinois est mûr pour constituer une alternative à Hollywood », affirme au Point Pop Boris Pugnet, ancien directeur de la distribution chez Jokers et aujourd'hui en charge de la sortie de Creation of the Gods pour le compte de Heylight. « Mais pour l'instant, sans être certains qu'il y ait un marché grand public pour le profil de ce film, on a préféré le sortir avec une économie maîtrisée, sous la forme d'un événement spécial pour le Nouvel An chinois, avec un marketing visant d'abord la communauté chinoise, qui représente environ un million de personnes en France. »

<em>Creation of the Gods </em>de Wuershan. En salle les 10 et 11 février.
 ©  Heylight pictures
Creation of the Gods de Wuershan. En salle les 10 et 11 février. © Heylight pictures

Un budget équivalent à celui d'« Avatar »

La campagne promotionnelle digitale (extraits, bandes-annonces…) a donc été braquée vers des réseaux sociaux spécifiquement chinois, ainsi que des groupes tels que des cercles d'étudiants dans certaines villes. La performance en salle de Creation of the Gods sera scrutée à la loupe par Sindo Chen et Boris Pugnet, qui ont prévu de passer de salle en salle ce week-end pour observer leur taux de remplissage et en déduire des enseignements pour les deux autres volets. « Lors de sa première fenêtre d'exploitation sous visa exceptionnel, en décembre, Godzilla Minus One avait rassemblé 17 000 spectateurs (gros succès aux États-Unis entre-temps, le film est depuis ressorti avec un visa classique le 17 janvier dernier – NDLR). Nous n'avons pas le même degré de notoriété que Godzilla, donc on sera sans doute en dessous de ce chiffre. Mais nous sommes confiants pour la suite », confie Boris Pugnet.

D'un budget équivalent à celui d'Avatar, selon Heylight, Creation of the Gods aurait déjà rapporté plus de 374 millions de dollars au box-office mondial et attiré plus de 60 millions de spectateurs en Chine. Après son retrait des écrans français, ce dimanche soir, il sera vite disponible sur support physique, en VOD et sur une plateforme dont l'identité n'est pas encore communiquée. Si ses 2 h 28, sa singularité et sa profusion de personnages ne vous effraient pas, on ne saurait trop vous conseiller de tenter l'expérience sur grand écran de ce virevoltant bouillon de culture mêlant batailles à grande échelle, poésie et surnaturel. Évasion garantie.

« Creation of the Gods (chapitre 1 : Kingdom of Storms) », de Wuershan, en salle les 10 et 11 février.

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