« Dune : deuxième partie » : une sublime oasis dans le désert hollywoodien

CRITIQUE. Suite d’un premier volet déjà épatant, cette poursuite de la saga de SF exauce tous nos vœux et même au-delà : un hyperspectacle encore plus mouvementé et toujours fidèle à Frank Herbert.

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Temps de lecture : 4 min

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S'il est bien un grain de sable qui nous ravit dans la triste mécanique des blockbusters américains, c'est celui de la saga Dune. Ménageant miraculeusement les attentes commerciales du studio Warner, le respect du pavé de Frank Herbert et ses propres aspirations de cinéaste, le Québécois Denis Villeneuve a su imposer une voix disruptive au pays du pop-corn levant. Après l'essai réussi du premier volet en 2021, le voilà qui transforme au centuple avec cette suite d'une écrasante beauté, dont plusieurs scènes laisseront le public mâchoire à terre par leur gigantisme.

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Comme au temps de Cecil B. DeMille et de David Lean, ses modèles, le réalisateur fou de SF et de l'œuvre de Herbert (qu'il a découverte à l'adolescence) s'est fixé comme mission sacrée de livrer un hyperspectacle aux formes, textures et couleurs aussi éloignées des actuels canons hollywoodiens que la plus lointaine des galaxies. On adhère ou pas à ses partis pris narratifs et à cet univers aux tons désaturés froids comme l'acier, mais ce dernier ne ressemble en rien aux grosses machines acidulées engluant nos rétines lasses depuis trop d'années, de marvelleries laides et vaines en Fast and Furious crétinoïdes, en passant par les singeries atroces des derniers Godzilla vs Kong (nous gardons le « g » de Kong pour rester poli).

Mieux maîtrisé encore que son prédécesseur et d'une ambition visuelle vertigineuse, Dune : deuxième partie adapte la seconde moitié du premier roman du cycle entamé par Frank Herbert en 1965. L'histoire reprend précisément là où se terminait Dune. Après le massacre de la dynastie Atréides par les troupes des sanguinaires Harkonnen sur la planète désertique Arrakis, les seuls survivants de l'attaque, Paul Atréides (Timothée Chalamet) et sa mère Jessica (Rebecca Ferguson), respectivement fils et concubine du défunt duc Leto, s'enfuient dans les vastes étendues de sable pour échapper aux bourreaux téléguidés par le machiavélique empereur Padishah Shaddam IV Corrino (Christopher Walken).

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Après avoir croisé le chemin du peuple Fremen, autochtones nomades dirigés par le guerrier Stilgar (Javier Bardem), Paul et Jessica fraternisent et fomentent avec leurs nouveaux alliés une vengeance contre l'empereur et ses séides. Une prophétie ancienne prédit l'avènement de Paul comme le messie d'un ordre nouveau à la tête des Fremen sur Arrakis, mais ce dernier, amoureux de la belle Fremen Chani (Zendaya) craint de basculer dans la tentation d'une dictature.

Dune : deuxième partie, une œuvre d'art hypnotisante

Si vous n'aviez que peu goûté au premier Dune, à son atmosphère dilatée, ses concepts techno-religieux cérébraux et son esthétique glacée, passez votre chemin : cette suite s'inscrit dans la continuité d'une grande fidélité à l'œuvre de Herbert, tout en décuplant généreusement les scènes d'action et les enjeux militaires.

Si, en revanche, son prédécesseur vous a séduit, ce deuxième opus vous comblera d'extase. Costumes, décors et créatures (les vers des sables) gigantesques, batailles dantesques, mouvements irréels lors d'une incroyable séquence d'embuscade dans le désert en ouverture du film… Villeneuve et son armée de magiciens (du chef décorateur Patrice Vermette au chef opérateur Greg Frasier, en passant par le grand Hans Zimmer à la BO) inventent des formes et des sons qui vous donneront l'impression de vraiment voyager à des millions d'années-lumière de la salle de projection.

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D'une durée de deux heures cinquante, soit vingt minutes de plus que Dune, cette seconde partie aurait peut-être gagné à expurger quelques plages de dialogues un peu longuettes, mais gageons que les fans du roman y retrouveront leurs petits tant Villeneuve a gardé tout le suc des grandes thématiques correspondant à l'ascension de Paul vers le pouvoir. Blockbuster splendide, pas très loin d'une œuvre d'art hypnotisante qu'on ne se lasse pas d'observer dans chaque recoin du cadre, Dune 2 confirmera, on l'espère, l'aspiration des foules à un autre genre d'épopée venue d'ailleurs. Un blockbuster qui n'oublie jamais d'injecter dans son divertissement les angoisses qui, en germe dans les écrits de Herbert, gardent toute leur pertinence au XXIe siècle : radicalisme religieux, périls écologiques, retour des dictatures…

De Chalamet à Zendaya, en passant par le majestueux Walken – et aussi une guest-star surprise, chut ! –, les comédiens sont à la hauteur de ce péplum cosmique, mention spéciale à Austin Butler (ex-Elvis chez Baz Luhrmann), tout simplement terrifiant, crâne ras et regard de serpent, dans le rôle du psychopathe Feyd Rautha, neveu du baron Harkonnen. À l'heure où les autres mythologies modernes, de Star Wars aux superhéros, voient leur étoile pâlir jusqu'à une improbable révolution prochaine, souhaitons à Denis Villeneuve, qui signera un 3e Dune en cas de triomphe de ce nouvel avatar, de s'imposer pour de bon comme notre nouveau messie de la pop culture.

« Dune : deuxième partie » de Denis Villeneuve (2 h 50). Sortie en salle le 28 février.

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Commentaires (6)

  • kiri_

    J’avais bien aimé la première partie meme si un peu longue, j’ai hate de voir ce que donne cette suite

  • Dinarobyn

    Dune 1ère partie est un nanar qui se déguise en'grand'film (ennuyeux) pendant les 2 premiers tiers à grand coup de plans très larges, de figures figées, de solennité affectée, de paysages numérisés, mais qui révèle sa nature pendant un dernier tiers jouissif. Entre acteurs consommables qui jouent mal des scènes caricaturales aux fins prévisibles et scènes d'actions qui rappellent les années 80, tout y est (y compris un engin volant pris dans une tempête). C'est beau.

  • Pierrexx

    Votre post me rappelle le film " Elle voit des nains partout". Vous cest des djihadistes, pourquoi pas. En tous cas les pseudos djihadistes sont fidèles à ce que decrit Herbert dans ses livres.