« Oppenheimer », « Inception »… : du pire au meilleur, nous avons classé les 12 films de Christopher Nolan

Cinéaste adulé par toute une génération, « Chris » Nolan, récompensé par un César d'honneur, est un réalisateur singulier. Pour la sortie d'« Oppenheimer », « Le Point » a passé au crible ses 12 longs-métrages. Verdict.

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Temps de lecture : 15 min

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C'est le cinéaste préféré de toute une génération. Il a réalisé des blockbusters « haut de gamme », salués par la critique et le public, qui triomphent toujours au box-office et lui accordent une grande liberté de création. Doué, ambitieux, Christopher Nolan est en effet un talent singulier. Un artiste démiurge. Cet autodidacte, qui a commencé sa carrière par un film fauché, a réussi une percée extraordinaire à Hollywood en l'espace de quelques années.

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Avec douze films en vingt-cinq ans (un tous les deux ans en moyenne), le cinéaste américano-britannique a touché à tous les genres et se renouvelle sans cesse. Mais « Chris » ne se contente pas de réaliser. Il a écrit (seul ou parfois avec son frère cadet Jonathan) le scénario de tous ses longs-métrages, à l'exception d'Insomnia. Ce qui fait de lui un auteur à part entière.

À LIRE AUSSI Rencontre avec Christopher Nolan : « Oppenheimer » nous parle de notre présentNolan a aussi ses détracteurs et certains de ses films ont divisé ou suscité des réactions plus que mitigées. Ses casse-tête temporels et ses intrigues alambiquées demeurent incompréhensibles pour une partie des spectateurs. (Qui a saisi le scénario de Tenet  ?) On lui reproche en général sa froideur, son manque d'humour et son côté trop cérébral. Son esprit de sérieux parfois pesant. Son cinéma paraît aussi un peu prétentieux, roublard, voire ennuyeux…

Pour tenter d'y voir plus clair, nous avons décidé de reprendre l'intégralité de sa filmographie et de découvrir son dernier opus Oppenheimer (sorti en salle depuis mercredi) afin d'avoir une vue d'ensemble sur son travail et d'effectuer un classement – forcément subjectif – de ses films. Son important corpus résiste-t-il à l'épreuve du temps ? Ce qui est sûr : l'homme a des obsessions. Il a accompli un parcours impressionnant. Créé une œuvre cohérente, avec des thèmes récurrents. Et sa virtuosité est incontestable.

Séance de dédicaces de Christopher Nolan à l'avant-première de <em>Oppenheimer</em>, devant le cinéma Odeon Luxe Leicester Square à Londres, le 13 juillet dernier. 
 ©  WIKTOR SZYMANOWICZ / ANADOLU AGENCY / Anadolu Agency via AFP
Séance de dédicaces de Christopher Nolan à l'avant-première de Oppenheimer, devant le cinéma Odeon Luxe Leicester Square à Londres, le 13 juillet dernier.  © WIKTOR SZYMANOWICZ / ANADOLU AGENCY / Anadolu Agency via AFP

12. Following, le suiveur (1998)

Le premier long-métrage de Nolan est, paradoxalement, placé en dernière position de notre classement. Réalisé avec des bouts de ficelle, ce film de 69 minutes tourné en noir et blanc pour seulement 6 000 dollars (environ 5 470 euros !) pose déjà toutes les bases de son cinéma. L'action de ce thriller se déroule à Londres. Il tourne autour de Bill (Jeremy Theobald), un jeune écrivain désœuvré dont le passe-temps favori est de suivre au hasard des inconnus dans la rue. Pour ce romancier en panne d'inspiration, les filatures deviennent une véritable addiction.

S'il reste discret et garde ses distances avec les gens qu'il épie à leur insu, il tente de s'immiscer de plus en plus dans leur vie privée… Filmée en caméra portée, cette fable sur le voyeurisme est un peu confuse. Encore trop brouillonne. Inaboutie. Mais on y décèle déjà des qualités de mise en scène. Avec Following, le réalisateur utilise surtout pour la première fois une narration non linéaire – technique qui va devenir sa marque de fabrique. Des premiers pas prometteurs. Et un auteur à suivre. Forcément, vu le titre du film.

11. Tenet (2020)

Roi du high concept, Nolan a mis en place des dispositifs scénaristiques de plus en plus complexes au fil du temps. Mais avec Tenet – dont le titre est un palindrome –, il a un peu raté son coup. Entre la saga James Bond et Mission : Impossible, ce thriller d'espionnage et de science-fiction prend pour héros « le Protagoniste » (John David Washington), un agent de la CIA qui tente de sauver le monde et d'empêcher la Troisième Guerre mondiale, qui sera pire… qu'un holocauste nucléaire. Pire ? Vraiment ? En effet, un méchant oligarque russe (Kenneth Branagh, en surchauffe) rêve de faire sauter la planète.

À LIRE AUSSI Christopher Nolan nous raconte les secrets de « Tenet » Ça commence très fort avec une attaque terroriste à l'Opéra de Kiev, en Ukraine. Des sauts à l'élastique à Bombay. Un long combat dans un hangar de l'aéroport d'Oslo. Et une course-poursuite sur une autoroute estonienne avec un camion de pompiers. Mais ce film d'enfant gâté parle surtout de renversement temporel. Ici, les balles remontent dans le canon des revolvers, les voitures roulent en arrière, les trains reculent au ralenti. Mais vingt ans plus tôt, le cinéaste utilisait la chronologie inversée avec plus de sobriété dans Memento (2000). L'intrigue de Tenet ressemble à un imbitable sac de nœuds qui nous retourne le cerveau. Après 2 h 30 de prise de tête, on part avaler une soupière de Doliprane. Si Nolan reste le seul à oser des expérimentations à grande échelle sur ce type de superproduction, son cinéma gagnerait peut-être à plus de simplicité.

10. Batman Begins (2005)

Premier volet d'un triptyque, ce blockbuster de Nolan a relancé, après huit ans d'absence, la franchise Batman au cinéma. Faisant table rase des précédentes adaptations du superhéros, le réalisateur s'est réapproprié le mythe (on est loin du gothique baroque de Tim Burton ou des délires kitschs de Joel Schumacher). Cette origin story se déroule en effet dans un cadre réaliste. Un univers crédible. Il montre les premiers battements d'ailes de l'homme chauve-souris et explique comment le jeune milliardaire et héritier d'un empire industriel Bruce Wayne (Christian Bale) a décidé de revêtir la cape du justicier masqué.

Héros sombre et torturé, dépourvu de superpouvoirs, l'orphelin veut surmonter ici ses traumas d'enfance (quand il était petit garçon, Bruce est tombé dans un puits rempli de chauves-souris ; il a assisté, impuissant, au meurtre de ses parents dans une ruelle sombre de Gotham City). Le film est spectaculaire (la nouvelle Batmobile ressemble à un char d'assaut) et son vilain, le Dr Crane alias l'Épouvantail (Cillian Murphy), est authentiquement effrayant. Mais cet épisode reste encore un peu trop classique, un peu trop sage. On peut trouver aussi la longueur du parcours initiatique de Batman excessive (pendant sept ans d'exil en Asie, il est formé à l'art du combat dans une secte ninja dirigée par Ra's al Ghul). Nolan fera beaucoup mieux par la suite…

9. Inception (2010)

Capables d'infiltrer les rêves et de s'immiscer dans l'esprit des gens pour subtiliser leurs secrets les plus enfouis, Cobb (Leonardo DiCaprio) et son équipe d'espions ont pour mission d'implanter dans le subconscient d'un homme, héritier d'une multinationale, l'idée de démanteler l'empire industriel de son père… Inception est un prototype. Un blockbuster d'auteur. L'intrigue, méandreuse, emboîte les rêves sur plusieurs niveaux.

C'est un véritable Rubik's Cube cinématographique, un ruban de Möbius aux trucages hallucinants (la balade parisienne où les immeubles haussmanniens se replient sur eux-mêmes ; les combats en apesanteur…). Le récit, qui n'est pas sans évoquer, par certains aspects, l'univers du romancier Philip K. Dick ou le film d'animation de Satoshi Kon Paprika (2006), ressemble à un labyrinthe mental où l'on se perd avec bonheur.

Malgré ses qualités, Inception n'est pas exempt de défauts. Plutôt longuet, ce film gigogne est assez bavard et répétitif (ce fourgon qui ne cesse de tomber d'un pont…), truffé de dialogues tarabiscotés et abscons. Il est aussi parfois trop symbolique (on y voit même un escalier de Penrose). La séquence d'action finale dans la neige où Cobb doit faire sauter une base ennemie est décevante (on est loin de celle du James Bond Au service secret de Sa Majesté). Et que dire des clins d'œil surappuyés à Marion « La Môme » Cotillard, qui joue ici l'épouse de DiCaprio (avec le « Non, je ne regrette rien » d'Édith Piaf répété ad nauseam) ? Peut-être le film le plus surestimé de Nolan. Même s'il a de nombreux fans… L'onirisme méritait mieux.

8. Memento (2000)

Avec ce deuxième long-métrage – son premier tourné aux États-Unis et en cinémascope (son format de prédilection), Nolan a fait des progrès considérables, un bond qualitatif impressionnant. Après avoir fracturé la chronologie dans Following, il raconte cette fois une histoire entièrement à l'envers, en partant de la fin pour terminer au début ! Le pitch ? Leonard Shelby (Guy Pearce), un enquêteur pour une compagnie d'assurances, tente de retrouver l'homme qui a violé et assassiné sa femme pour se venger. Mais depuis qu'il a subi un traumatisme crânien, Leo ne retient plus rien. Il souffre de pertes de mémoire immédiate. Tout s'efface dans son esprit.

Alors il note tout sur des fiches, prend des Polaroïd de ceux qu'il rencontre et se fait tatouer sur le corps des informations capitales… Tout est question de point de vue dans ce thriller en trompe-l'œil qui prend pour personnage principal un homme à la mémoire défaillante. Sa confusion mentale nous fait d'ailleurs douter en permanence de ce que l'on voit à l'écran. À l'instar de classiques comme Usual Suspects (1995) de Bryan Singer, Fight Club (1999) de David Fincher ou Sixième sens (1999) de M. Night Shyamalan, on ne peut se fier au narrateur du récit, ni à personne, dans Memento ! Cinéaste des faux-semblants, Nolan incite le spectateur à revoir le film plusieurs fois. Et signe un scénario très original et délicieusement tordu qui, avec sa structure à rebours, a dû être un véritable cauchemar pour sa script-girl !

7. The Dark Knight Rises (2012)

Cet ultime chapitre de la trilogie Batman débute huit ans après l'épisode précédent et conclut la saga en beauté. Reclus dans son manoir, le ténébreux Bruce Wayne (Christian Bale) rendosse sa tenue de combat quand Bane (Tom Hardy), un colosse masqué, prend Gotham City et ses habitants en otage. Pour le contrer, notre héros devra s'associer avec la féline Catwoman (Anne Hathaway, toutes griffes dehors !), une voleuse sexy… Hantée par le spectre du 11 Septembre, la série de films de Nolan sur le caped crusader est ponctuée d'attentats terroristes.

Terrifiante figure du Mal, Bane est un mercenaire à la voix d'outre-tombe et à la force brutale qui prend d'assaut le palais de justice et la Bourse, en rejouant sur un mode ultraviolent les pacifiques manifestations d'Occupy Wall Street. Il fait sauter aussi un terrain de football américain, qui s'effondre sous les pieds des joueurs dans un stade ! D'une grande noirceur, cette fresque colle à l'actualité et dépeint une société au bord de l'implosion. Prêt à se sacrifier pour sauver le peuple de Gotham, Batman prend des allures de figure christique dans ce volet d'une densité folle, qui propose des scènes d'action palpitantes et dynamiques (à commencer par la séquence d'ouverture dans l'avion). Vraiment bath !

6. Insomnia (2002)

Coproduit par Steven Soderbergh et George Clooney, ce remake d'un film norvégien avec Stellan Skarsgård est un éblouissant thriller psychologique. Un film de commande où Nolan raconte enfin une histoire plus traditionnelle, avec simplicité et humilité. Extraordinaire, Al Pacino y tient le rôle d'un inspecteur qui est envoyé dans une petite ville d'Alaska pour enquêter sur le meurtre sordide d'une adolescente. Une région polaire où il fait jour vingt-quatre heures sur vingt-quatre à cette période de l'année. Il devra lutter à la fois contre un tueur pervers (Robin Williams, excellent dans un rôle à contre-emploi) et le sommeil (sous le « soleil de minuit », le policier peine à fermer l'œil.

Ce n'est d'ailleurs pas un hasard s'il se nomme… Dormer. Bénéficiant d'un remarquable scénario, ce suspense offre des séquences intenses (la poursuite sur les rondins de bois où Pacino tombe à l'eau et se retrouve coincé sous de gigantesques troncs d'arbres est vraiment oppressante). Et marque aussi la première des neuf collaborations du cinéaste avec la Warner, un studio qui va le soutenir à 100 % dans ses projets pendant près de vingt ans. Avec ce film noir qui brille d'une lumière aveuglante, il entre dans la cour des grands.

5. Le Prestige (2006)

En Angleterre à la fin du XIXe siècle, deux anciens amis devenus magiciens entrent en rivalité (les formidables Christian Bale et Hugh Jackman). Parce qu'il le juge responsable de la mort de sa femme, l'un des prestidigitateurs entreprend en effet de ruiner la carrière de son principal concurrent… La reconstitution de l'ère victorienne est splendide dans ce film sur l'art de l'illusion, dans lequel Nolan nous manipule sans cesse, à l'instar d'un Houdini. Métaphore du cinéma, Le Prestige est un magnifique tour de passe-passe, qui offre de nombreux retournements de situation et coups de théâtre.

Sans oublier un twist final imprévisible. La construction est brillante. Et le film, un somptueux livre d'images où se distinguent Scarlett Johansson, Michael Caine et surtout David Bowie dans la peau d'un génie : l'inventeur et ingénieur Nikola Tesla, rival de Thomas Edison, qui rêvait d'apporter gratuitement l'électricité dans les foyers américains. C'est le film qu'on oublie souvent dans la carrière de Nolan et pourtant, c'est l'un des meilleurs. Une totale réussite !

4. Oppenheimer (2023)

Au début des années 2000, Nolan avait écrit un biopic sur Howard Hughes et prévoyait Jim Carrey dans le rôle du milliardaire illuminé. Mais le projet fut abandonné quand Aviator (2004) de Martin Scorsese a débarqué en salle. Il revient aujourd'hui avec une autre biographie explosive, celle du physicien J. Robert Oppenheimer, le « père de la bombe atomique ». Adaptation d'un livre récompensé par le prix Pulitzer (et dont le titre en VO est American Prometheus), ce film historique relate en trois heures comment le savant (interprété par un sensationnel Cillian Murphy) a réuni durant la Seconde Guerre mondiale une équipe d'éminents scientifiques dans une base secrète et militaire de Los Alamos, dans le désert du Nouveau-Mexique, et a supervisé le projet Manhattan (le nom donné par le gouvernement américain au programme de recherche atomique).

Nolan alterne des séquences en noir et blanc et en couleur pour exprimer l'objectivité ou la subjectivité du personnage principal (tiens, comme dans Memento). Et signe un film dense, abondamment dialogué, sans concession. Une fresque de grande ampleur avec un casting prestigieux (mention spéciale à Matt Damon dans le rôle du lieutenant général Leslie Groves). Magistral, le film contient une séquence absolument glaçante : celle où « Oppie » effectue son premier tir d'essai nucléaire en juillet 1945.

Mais le troisième acte du film, qui traite de ses problèmes juridiques (soupçonné d'espionner pour les Soviétiques, il fut poursuivi en 1954 par le FBI pour ses opinions communistes), est peut-être un peu trop long. Qu'importe : avec ses envolées lyriques, ce spectacle offre des moments très puissants. Loin d'un cours soporifique sur la mécanique quantique, ce portrait de l'homme qui a ouvert la boîte de Pandore (« Maintenant je suis devenu la Mort, le destructeur de mondes », disait-il) est totalement raccord avec l'univers du réalisateur – le héros nolanien ayant toujours quelque chose à se reprocher.

3. Dunkerque (2017)

Du 20 mai au 3 juin 1940, 400 000 soldats anglais et alliés (français, belges, néerlandais) sont encerclés et bombardés par les avions allemands sur les plages de Dunkerque, dans le nord de la France. Malgré des pertes importantes, ces troupes seront évacuées sur des navires britanniques qui leur feront traverser la Manche… Désignée sous le nom de code « opération Dynamo », cette débâcle militaire fut un épisode crucial de la Seconde Guerre mondiale. En 1964, Week-end à Zuydcoote d'Henri Verneuil avec Jean-Paul Belmondo avait déjà traité de ce sujet avec brio. Nolan, lui, nous offre un spectacle grandiose en IMAX 70 mm.

À LIRE AUSSI Christopher Nolan : « “Dunkerque” est un appel à l'héroïsme collectif » Un trip sensoriel qui nous plonge dans une bataille à la fois navale, aérienne et terrestre. Et joue avec trois temporalités différentes (on reste sur la jetée tout au long d'une semaine, en mer durant une journée et dans les airs pendant une heure, à suivre les affrontements de Spitfires et Messerschmitts). On peut trouver ce procédé trop conceptuel. Mais c'est l'aspect ludique des scénarios de Nolan, qui sollicitent l'intelligence du spectateur et lui demandent toujours un effort de concentration. Ou du moins, une certaine implication. Meilleur à chaque vision, Dunkerque est un tour de force technique. Une expérience immersive. La tension est permanente. Et cette fresque guerrière montre à la fois la lâcheté et la bravoure de ces hommes qui tentent de survivre à tout prix. Hans Zimmer a composé une partition presque bruitiste pour ce film époustouflant.

2. The Dark Knight : Le Chevalier noir (2008)

Cette deuxième aventure de l'homme chauve-souris place la barre encore plus haut que le précédent volet, Batman Begins. Le héros à la cape affronte cette fois le Joker, un psychopathe fardé en clown qui répand la terreur et le chaos à Gotham City. Méconnaissable sous son maquillage, l'Australien Heath Ledger livre ici une performance phénoménale. Il électrise le film à chacune de ses apparitions dans la peau de ce vilain aux instincts anarchiques. Oscarisé à titre posthume (il est mort à 28 ans, victime d'une intoxication due à des médicaments), l'acteur est complètement habité par son rôle. Cet épisode offre par ailleurs des séquences d'action monumentales.

Attendez de voir la Batpod, la moto de Batman, dans la course-poursuite située au cœur du film – un immense morceau de bravoure de neuf minutes qui pulvérise l'écran ! Mais aussi la destruction d'un grand hôpital par le Joker, déguisé en infirmière ! Enfin The Dark Knight traite d'un thème cher à Nolan, la figure du double, qui revient souvent dans son œuvre (et notamment dans Following, Insomnia, Le Prestige…). Ici, Bruce Wayne mène une double vie. Son ennemi juré le Joker se révèle comme son alter ego maléfique. Et il y a le personnage schizo du procureur Harvey Dent / Double-Face (Aaron Eckhart) qui a la moitié du visage brûlé. Bref, ce Chevalier noir est l'un des meilleurs films de superhéros de tous les temps, récompensé par un milliard de dollars de recettes au box-office mondial. Un succès bien mérité.

1. Interstellar (2014)

Dans un futur proche, la Terre se meurt. L'air y est devenu irrespirable. D'énormes tempêtes de sable s'abattent sur les champs et détruisent les récoltes. Par chance, des scientifiques de la Nasa découvrent un trou de ver dans l'espace. L'apparition de ce vortex rendrait possible le voyage interstellaire entre deux points extrêmement éloignés de l'univers. Profitant de ce raccourci dans le continuum espace-temps, des astronautes se lancent dans une périlleuse mission : trouver une planète habitable pour les humains. Un nouvel Éden… Après Insomnia et Inception, Interstellar est le troisième titre de Nolan avec le préfixe « in ». Cette fable d'anticipation à base de trous noirs, paradoxes temporels et dimensions parallèles s'appuie sur les travaux de l'astrophysicien et Prix Nobel de physique Kip Thorne.

Initialement développé par Steven Spielberg en 2006, ce film aux préoccupations écologiques fait planer un sentiment de tristesse sur l'état actuel de la planète. Ce mélo est surtout celui où Nolan ouvre son cœur et joue la carte du lyrisme et de l'émotion. Plus sentimental que de coutume, il parle de l'amour infini entre un père (Matthew McConaughey) et sa fille (jouée adulte par Jessica Chastain), qui transcende l'espace et le temps. Et il parvient à nous émouvoir avec son space opera. Pendant près de trois heures, qui filent à la vitesse de la lumière, ce grand admirateur de Kubrick et de son 2001 livre une épopée cosmique, un voyage aux confins de la galaxie qui nous fait décoller de nos fauteuils. L'un des meilleurs films de science-fiction de ces dernières années. Et le sommet d'un cinéaste, dont on peut attendre beaucoup les prochaines décennies.

Tous les films de Christopher Nolan sont disponibles en DVD, Blu-ray ou 4K Ultra-HD chez Warner. À l'exception de Following, disponible en Blu-ray import américain chez The Criterion Collection. Et de Memento, disponible en DVD et en Blu-ray chez Metropolitan à partir du 22 juillet.

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Commentaires (9)

  • Freedom

    Je n’aurais pas mis Dunkerque en 3e. Inception merite d’etre dans le trio. Interstellar genial.

  • guy bernard

    Mine de rien, Nolan nous offre des réflexions sur le Temps, dépassant ainsi des philosophes comme St Augustin ou Spinoza, à la lumière de paradoxes nés de la science.
    C'était déjà un petit bout de 2001, Odyssée de l'Espace, où le héros se retrouvait face à lui-même, mourant dans une autre dimension du temps.
    Mais ce film se terminait par un fœtus sur orbite nous amenant à nous intéresser à la vie et à ses origines.
    Et si Nolan s'intéressait à la vie, qui est le sujet le plus simple et le plus complexe ?

  • Le Bougnat

    Perso, je ne rangerais pas les film de Nolan dans cet ordre. Par exemple, Inception est nettement meilleur qu’Interstellar. Des coups et des douleurs comme dirait l’autre.