100 ans de Disney : une majorité de Français opposés à l’adaptation des films aux valeurs sociétales actuelles

« J'espère seulement que nous ne perdrons jamais de vue une chose – que tout a commencé par une souris », rappelait Walt Disney le 27 octobre 1954 dans une émission diffusée sur ABC. Qui l'eût cru ? La souris Mickey Mouse dessinée pour la première fois en 1928 dans Steamboat Willie, marque la naissance du plus célèbre des studios d'animation, qui fête ses 100 ans ce lundi 16 octobre. Disney s'est inspiré de la France pour bon nombre de ses productions comme La Belle et la Bête, le Bossu de Notre-Dame, Raiponce ou encore Ratatouille. Pour autant, est-ce que les Français adulent toujours autant cet univers 

Un sondage paru ce 16 octobre, mené par Ifop/Flashs, en partenariat avec l'agence Voyage avec nous, examine avec soin la passion des Français et son évolution pour ces œuvres légendaires. Le résultat est concluant : deux Français sur trois (63 %) ont regardé un Disney (hors franchises Marvel et Star Wars) au cours des trois dernières années.

Question de générations… ou pas

Cette étude (menée auprès de plus d'un millier de Français) révèle que les grands adolescents et les jeunes parents sont ceux qui regardent le plus les productions Disney. 85 % des 18-34 ans en ont regardé une dans les trois dernières années. Parmi eux, les plus jeunes sont les plus fidèles – 48 % des 18-24 ans regardent au moins un Disney tous les mois et ce chiffre grimpe à 53 % pour les 25-34 ans. La présence d'enfants dans le cercle familial fait immédiatement grimper ces statistiques : 42 % de tous les foyers, avec un enfant de moins de 15 ans, regardent au moins un Disney par mois.

Sans surprise, les personnes âgées sont les moins concernées. 4 % des plus de 65 ans et 12 % des 50-64 ans en regardent un par mois. Et pour cause, nos aînés ayant moins été bercés par cette culture ne vouent pas la même fascination et ne ressentent pas la même nostalgie que leurs enfants, devenus désormais de jeunes parents. Il semblerait que les jeunes adultes désirent transmettre ce patrimoine à leurs progénitures. Cela est probablement dû à la dimension didactique de ces œuvres. Elles invitent à la tolérance (pour 63 % des interrogés), et à découvrir d'autres cultures (pour 58 % des personnes interrogées et 74 % des 18-24 ans).

Une vision conservatrice qui domine

Cependant, si cette population active défend la tolérance et l'ouverture, elle ne désire pas voir ces histoires enfantines s'adapter aux enjeux sociétaux actuels et devenir plus inclusifs. 62 % des personnes interrogées sont contre les modifications apportées pour adapter les classiques Disney aux valeurs sociétales de notre époque. Un chiffre similaire à celui enregistré aux USA (61 %). Pourtant, la diversification ethnique, la lutte contre les stéréotypes ou encore le renouvellement des genres restent la ligne directrice des nouveaux films Disney. Mulan (sorti en 1998) met en lumière une combattante chinoise qui se travestit pour combattre, La Princesse et la Grenouille (sorti en 2009) nous dévoile le destin de Tiana, première princesse noire de Disney. On peut également citer l'héroïne de La Reine des neiges, qui serait asexuelle (représentative des préoccupations LGBTQIA) et symbole de puissance féminine.

Néanmoins, 77 % des Français refusent l'idée de remplacer les nains de Blanche-Neige par des créatures magiques comme le prévoit l'adaptation qui sortira en 2024. Concernant la représentation des sexualités, 52 % des Français (ils sont 59 % outre-Atlantique) n'approuvent pas la mise en scène d'une princesse ouvertement lesbienne. Un chiffre moins élevé chez les plus jeunes (34 % des 18-24 ans tout de même).

Enfin, à propos du consentement et des schémas traditionnels, 71 % des personnes interrogées désapprouvent la déclaration de l'actrice Rachel Zegler, sa future interprète qui souhaite que Blanche-Neige ne soit pas sauvée par le prince, mue par le seul désir de trouver le grand amour. Enfin, 70 % des interrogés ne désire pas supprimer la scène du prince charmant donnant un baiser à la Belle au bois dormant, alors que celle-ci est inconsciente.

Cette étude prouve que les jeunes adultes français, prêchant l'ouverture et la tolérance, sont attachés aux films de leur enfance et éprouvent une difficulté ou une peur à voir ces histoires cultes, pour certain(e)s sacrées, être réécrites pour correspondre aux thématiques contemporaines.

Reste que dans le classement de cœur des films Disney, Le Roi lionoccupe la première marche du podium (15 %) devant Cendrillon (5 %) pourtant sorti en 1951.

Étude menée par l'Ifop pour Voyage avec nous les 3 et 4 octobre 2023 auprès de 1 011 personnes âgées de 18 ans et plus, représentatives de la population française.