« The Crown » : révélations ou pure fiction ?

Alors que la série sur la famille royale prend fin, les conseillers de Charles III cherchent la réponse idoine pour contrecarrer efficacement son effet sur la cote de popularité du roi.

De notre correspondant à Londres,

Une affiche de la série The Crown à la gare de Waterloo, à Londres, le 30 novembre 2020.
Une affiche de la série The Crown à la gare de Waterloo, à Londres, le 30 novembre 2020. © Shutterstock/Sipa

Temps de lecture : 3 min

Lecture audio réservée aux abonnés

La sortie, jeudi 14 décembre, de la seconde et dernière partie de l'ultime saison de la série The Crown, consacrée aux turpitudes de la famille royale anglaise, se termine avec le mariage de Charles et de Camilla, en 2005. La der des ders traite notamment de la célébration du jubilé d'or de la reine Elizabeth II et de la rencontre entre William et Kate.

Séparer le vrai du faux constitue une véritable gageure dans ce portrait sans concession des Windsor qui a fait tomber de son piédestal une monarchie remontant à la nuit des temps. À l'instar des saisons précédentes, les six derniers épisodes de The Crown mêlent allégrement fiction et réalité.

Ainsi, la scène d'une rencontre fortuite entre Kate et William, qui vendait le magazine des sans-abri The Big Issue, aux côtés de sa mère, la princesse Diana, peu avant son décès, n'a jamais existé. Les deux tourtereaux se sont rencontrés trois ans plus tard à l'université de Saint Andrews.

La newsletter international

Tous les mardis à 11h

Recevez le meilleur de l’actualité internationale.

Votre adresse email n'est pas valide

Veuillez renseigner votre adresse email

Merci !
Votre inscription a bien été prise en compte avec l'adresse email :

Pour découvrir toutes nos autres newsletters, rendez-vous ici : MonCompte

En vous inscrivant, vous acceptez les conditions générales d’utilisations et notre politique de confidentialité.

La brouille entre William et Harry

« Au début, la relation a été stagnante et étrange », souligne l'acteur qui interprète l'actuel prince de Galles, Ed Mc Vey, alors que les témoignages d'étudiants soulignent, au contraire, la proximité du couple. En outre, la présentation de la brouille entre William et Harry dès l'adolescence est totalement inventée. La lutte fratricide date de l'arrivée de Meghan sur la scène, en 2017.

C'est sur le plan politique, à propos du réel pouvoir d'un souverain anglais, que le réalisateur Peter Morgan a pris le plus de libertés avec la vérité. The Crown affirme qu'en 1991 Charles, prince de Galles, a demandé au Premier ministre John Major de persuader sa mère d'abdiquer, ce qu'a démenti l'ancien chef du gouvernement en évoquant « un monceau d'absurdités ».

À LIRE AUSSI Harry et Meghan : qui dans la famille royale a voulu savoir la couleur de peau de leur bébé ? Il est hors de question que le locataire du 10 Downing Street ait accepté de discuter avec l'héritier d'une telle « bombe institutionnelle ». Son interlocuteur unique était la souveraine lors de l'audience hebdomadaire, pas son fils, qui ne jouait aucun rôle constitutionnel, si ce n'est d'attendre la mort du monarque pour ceindre la couronne de saint Edward. En outre, aucun Premier ministre n'a révélé le contenu de ses entretiens avec la cheffe de l'État, un véritable tête-à-tête sans conseillers.

Il en est de même de la remarque prêtée à l'ex-archevêque de Canterbury Lord Carey, a qui la reine aurait confié qu'elle portait une grande responsabilité dans l'échec du mariage de trois de ses quatre enfants. Même si elle était très religieuse et très proche du prélat en question, timide et introvertie, elle n'aurait jamais divulgué ses états d'âme à propos de sa famille au chef de l'Église anglicane. Il s'agit donc de reconstitutions totalement fictives.

Les meilleurs experts de la dynastie

L'autre point noir de la série est le portrait du duc d'Édimbourg, l'époux d'Elizabeth II, présenté comme un grand coureur de jupons. Le prince aimait les femmes, ce n'était un secret pour personne. Mais on l'avait souvent vu longuement danser, plutôt flirter en public, jamais plus. En privé, on n'en sait rien, et le duc a emporté ses secrets d'alcôve dans sa tombe.

Quant à sa prétendue aventure avec Penny Knatchbull, qui avait épousé le petit-fils de Lord Mounbatten, il est peu probable que cette liaison eût été autre que platonique. Loin de pleurer, comme le montre la série, la reine a réagi à ces ragots en les ignorant.

À LIRE AUSSI Le chroniqueur royal Omid Scobie, entre le Diable et le Bon DieuComment répondre à The Crown ? Le Palais n'a eu de cesse de tergiverser en dénonçant l'exploitation commerciale faite par Netflix, tout en refusant de lui offrir de la publicité en réagissant trop brutalement. Reste que les conseillers de Charles III n'ont jamais trouvé la réponse idoine pour contrecarrer efficacement l'effet des « révélations » du programme sur sa cote de popularité, surtout auprès des jeunes, plutôt indifférents, voire hostiles, à la royauté.

Les créateurs de The Crown ont aisément répondu aux attaques des communicants royaux en recourant aux meilleurs experts de la dynastie, payés à prix d'or. Comme le rappelait volontiers le publicitaire Jacques Séguéla, « la télé est émotion. Nous quittons l'ère de l'opinion publique pour entrer dans celle de l'affectivité publique ». Résultat, à l'heure des médias sociaux, si un communiqué du Palais est murmuré, l'image est criarde. Qu'on se le dise !

À ne pas manquer

Ce service est réservé aux abonnés. S’identifier
Vous ne pouvez plus réagir aux articles suite à la soumission de contributions ne répondant pas à la charte de modération du Point.

0 / 2000

Voir les conditions d'utilisation
Lire la charte de modération

Commentaire (1)

  • Quatre-vingt-dix-neuf

    N'ayant pas Netflix je ne regarderai pas cette dernière partie. Mais les événements véridiques relatés dans la presse il y a une vingtaine d'années étant ce qu'ils sont, les conseillers auront beaucoup de mal à faire passer Charles pour un saint.