Amour, vampires et archéologie… Cinq spectacles à ne pas rater en mars

SÉLECTION. Que voir sur scène en ce moment ? « Le Point » vous recommande une série de pièces incontournables : aujourd’hui à Paris et demain en tournée.

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Ibrahim Maalouf (à gauche) et Thibault de Montalembert (à droite) portent la pièce de théâtre que Denise Chalem a tirée des chroniques de Kamel Daoud, parues dans Le Point.
Ibrahim Maalouf (à gauche) et Thibault de Montalembert (à droite) portent la pièce de théâtre que Denise Chalem a tirée des chroniques de Kamel Daoud, parues dans Le Point. © Stéphane Rouxel

Temps de lecture : 6 min

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Que voir au théâtre ce mois-ci ? Le Point vous propose une sélection de spectacles à ne rater sous aucun prétexte : une adaptation des chroniques de Kamel Daoud par Denise Chalem, une comédie musicale déjantée, une réflexion sur l'obsession des origines, un drame amoureux ou une étonnante promenade équestre… Il y en a pour tous les goûts.

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Dialogues philosophiques

Quand Denise Chalem lui a annoncé son intention d'adapter pour la scène les chroniques qu'il avait écrites pour <em>Le Point</em>, Kamel Daoud n'a pas dissimulé sa perplexité. Le spectacle qui en est tiré aujourd'hui a tout pour nous réjouir.
 ©  Stéphane Rouxel
Quand Denise Chalem lui a annoncé son intention d'adapter pour la scène les chroniques qu'il avait écrites pour Le Point, Kamel Daoud n'a pas dissimulé sa perplexité. Le spectacle qui en est tiré aujourd'hui a tout pour nous réjouir. © Stéphane Rouxel
Zireg et Pierre sont deux amis. Le premier est un écrivain kabyle célèbre. Le second, un musicien parisien encore peu connu. À chacune de leurs rencontres à Oran, Paris ou Mostaganem, ils échangent sur les affaires du monde autour d'un bon verre de vin. Est-ce parce que l'un vit en Algérie et que l'autre habite en France ? Les deux hommes ne partagent pas la même vision sur les menaces que font peser sur nos libertés… les religions, la technologie ou même la pandémie de Covid-19.

Éditorialiste vedette d'un magazine que les spectateurs auront aisément identifié puisque les chroniques de Kamel Daoud sont citées dans la pièce, Zireg prend des risques en pourfendant la misogynie islamiste comme les dangers des partis extrémistes. Pierre, au contraire, semble aveugle face aux périls véhiculés par ces mouvements radicaux !

À LIRE AUSSI Ibrahim Maalouf : « Ces personnes ont changé ma vie… » Formidablement interprétés par Thibault de Montalembert et Ibrahim Maalouf (qui fait ici ses tout premiers pas au théâtre), ces deux personnages, nés dans l'imagination de Denise Chalem, nous offrent des dialogues stimulants que des intermèdes musicaux, à la trompette et au piano mais aussi dansés par Sarah-Jane Sauvegrain, permettent de méditer. Une pièce bienvenue par les temps qui courent.

Un homme qui boit rêve toujours d'un homme qui écoute de Denise Chalem, avec Thibault de Montalembert, Ibrahim Maalouf et Sarah-Jane Sauvegrain au 13e Art (Paris 13e), jusqu'au 31 mars.

Délires et vampires

Pour son 50<sup>e</sup> anniversaire, la comédie musicale de Richard O'Brien s'offre une toute nouvelle distribution.
 ©  DR
Pour son 50e anniversaire, la comédie musicale de Richard O'Brien s'offre une toute nouvelle distribution. © DR

Janet Weiss et Brad Majors sont étudiants. Lorsque leur voiture tombe en panne en pleine nuit, ils se trouvent catapultés dans un vrai décor de film d'horreur. Le manoir dans lequel ils trouvent abri pour échapper à l'orage est en effet habité par des figures inquiétantes : des morts-vivants et des vampires aussi frustes que lubriques. Au milieu de cette faune étrange se trouve Frank-N-Furter, un lointain cousin du docteur Frankenstein, qui travaille à l'élaboration d'un homme « idéal. » Ses créatures, Eddie puis Rocky, une version sulfureuse du Ken de Barbie, ne vont pas tarder à lui échapper.

Vous connaissiez le film culte The Rocky Horror Picture Show, avec Tim Curry, Susan Sarandon et Barry Bostwick… découvrez le spectacle original de Richard O'Brien, créé en 1973, qui a inspiré le long-métrage de Jim Sharman. Joué dans le monde entier, il débarque enfin à Paris dans une énergisante mise en scène signée Christopher Luscombe.

À LIRE AUSSI Halloween : 7 films incontournables pour rire et frissonner Les amateurs retrouveront avec délice les tubes de ce show kitschissime. Les plus jeunes découvriront, quant à eux, l'humour potache d'un monument musical. À noter : le spectacle est aussi dans la salle. De nombreux fans viennent ainsi déguisés comme les personnages et n'hésitent pas à apostropher les comédiens sur scène. Délire, on vous dit !

The Rocky Horror Show de Richard O'Brien, avec Stephen Webb, Haley Flaherty, Richard Meek et Ben Westhead… au Lido 2 Paris (Paris 8e), jusqu'au 21 avril.

Archéologie sur scène

Comme pour ses précédents spectacles, David Geselson mélange, dans <em>Neandertal</em>, histoire intime et grande Histoire.
 ©  Simon Gosselin
Comme pour ses précédents spectacles, David Geselson mélange, dans Neandertal, histoire intime et grande Histoire. © Simon Gosselin
Comme son titre l'indique, voici une pièce qui traite d'archéologie. Ses personnages sont en effet des chercheurs en passe de décrypter l'ADN des hommes préhistoriques et de percer ainsi le secret des origines d'Homo sapiens, notre ancêtre direct. Réduire ce spectacle à ce simple aspect serait pourtant une erreur car son auteur, David Geselson, nous propose ici bien plus qu'une simple évocation de cette aventure scientifique.

Si son histoire débute en 1986 lors d'un colloque de généticiens réunis à San Francisco, le texte ne tarde pas à se déployer pour embrasser tout à la fois la guerre en Yougoslavie et l'assassinat d'Yitzhak Rabin en Israël en 1995. L'intrigue se termine avec une découverte paléontologique autour de 2013.

À LIRE AUSSI Entre Néandertaliens et Sapiens, il y a eu du sexe… mais peu d'amourTrès inventive, la scénographie imaginée par Lisa Navarro enjambe habilement les continents, transportant les protagonistes du sous-sol de l'université de Berkeley aux laboratoires de Munich où sont mises au point des machines qui permettent de lire le génome humain. D'une seconde à l'autre, on passe des réserves du musée serbe de Novi Sad à un parc naturel californien sans oublier la place de l'hôtel de ville de Tel-Aviv, où va se dérouler le chapitre le plus bouleversant de cette tragédie moderne.

Creusant une réflexion originale autour de la question de la filiation, le dramaturge se retrouve à traiter de l'actualité la plus brûlante, en l'espèce le conflit israélo-palestinien, et pousse le spectateur à s'interroger sur la manière dont s'échafaudent les récits historiques. La dimension politique de ce texte ne fera sûrement pas l'unanimité. Son intérêt réside précisément dans la volonté qu'il affiche : faire débat.

Neandertal texte et mise en scène de David Geselson, avec Adeline Guillot, Marina Keltchewsky, Laure Mathis, Elios Noël, Jan Hammenecker et David Geselson mais aussi, en alternance, Peter de Graef et Marine Dillard, au Théâtre Gérard-Philippe (Saint-Denis), jusqu'au 11 mars. Puis en tournée.

Clôture de l'amour (suite)

Victoria Quesnel et Joseph Drouet incarnent deux comédiens dont le couple traverse une importante zone de turbulences.
 ©  Pauline Rousille
Victoria Quesnel et Joseph Drouet incarnent deux comédiens dont le couple traverse une importante zone de turbulences. © Pauline Rousille
Comment se termine une grande passion amoureuse ? Pascal Rambert semble obsédé par cette question. Depuis Clôture de l'amour (créé en 2011 et bientôt repris à Paris), le dramaturge ne cesse de revenir à ce sujet. Que ces histoires finissent mal, c'est pour l'auteur, une évidence. Le fracas des disputes n'est pourtant pas une fatalité. Dans Ranger, long monologue offert à Jacques Weber l'an dernier, c'est ainsi la mort qui mettait un point final à une longue idylle.

Avec Finlandia, adapté aujourd'hui en français (la pièce a été créée à Madrid il y a deux ans), Pascal Rambert poursuit son exploration de la rupture en enfermant un couple de comédiens dans une chambre d'hôtel à Helsinki. Tout se passe au milieu de la nuit. L'histoire commence quand Joseph débarque après 40 heures de route de Madrid pour avoir une explication avec Victoria, qui a emmené leur petite fille sur le tournage d'un long-métrage chinois dans lequel elle joue le premier rôle.

Les deux acteurs vont s'écharper une heure trente durant. Exposant les griefs que peuvent nourrir l'un envers l'autre un homme et une femme, que le destin a inexorablement éloignés, le texte de Pascal Rambert donne l'occasion à Victoria Quesnel et Joseph Drouet d'exprimer tout leur talent. Et le public sort rincé de cette violente confrontation. Ce miracle a un nom : la catharsis.

Finlandia de Pascal Rambert, avec Victoria Quesnel et Joseph Drouet… aux Bouffes du Nord (Paris 10e), jusqu'au 10 mars.

La sororité au galop

Avec <em>Cavalières</em>, Isabelle Lafon embarque les spectateurs dans une pièce labyrinthique qui convoque la pensée féministe de la philosophe américaine Donna Haraway.
 ©  Laurent Scheegans
Avec Cavalières, Isabelle Lafon embarque les spectateurs dans une pièce labyrinthique qui convoque la pensée féministe de la philosophe américaine Donna Haraway. © Laurent Scheegans
Quatre femmes décident de cohabiter dans un grand appartement. À l'origine de cette colocation, Denise travaille comme entraîneure de chevaux sur les champs de courses. Son emploi du temps est infernal. Présente dès l'aube dans les écuries, elle ne parvient pas à s'occuper seule de sa fille adoptive : la petite Madeleine. Autour d'elle, Saskia, récemment débarquée de Copenhague, la jeune Nora, qui a fui Lyon, et la jeune Jeanne, qui se cherche une vocation, vont l'épauler. Et ces quatre femmes vont ainsi former, au fil des mois, une drôle de famille.

Comment se forgent les relations entre les êtres que tout sépare ? Quelles conditions doit-on poser pour pouvoir envisager une coexistence paisible, entre étrangers, sous le même toit ? Quel avenir ce groupe de femmes offre-t-il à cet enfant qui vit à leur côté ? Ce spectacle aborde une multitude de questions.

Derrière les métaphores équestres se niche aussi une jolie réflexion sur le théâtre. Écrite au plateau par les quatre comédiennes, cette pièce permet à chacune d'entre elles, à tour de rôle, de lâcher la bride pour s'élancer dans un solo improvisé. Comme ces grandes cavalcades que constituent, au Maroc, les « tbouridas » plus connues sous le nom de fantasias.

Cavalières d'Isabelle Lafon, avec Sarah Brannens, Karyll Elgrichi, Johanna Korthals Altes et Isabelle Lafon au théâtre de la Colline (Paris, 20e), jusqu'au 31 mars.

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